Santé mentale et situation sur le marché du travail, les alertes de l'OCDE et de l'ONS
Paru dans Scolaire le dimanche 11 septembre 2022.
En France, la situation sur les marchés du travail a continué de s’améliorer en 2022, et "des mesures gouvernementales exceptionnelles ciblées sur les jeunes (réforme de l’apprentissage et soutien aux plus vulnérables)" ont permis que la leur se soit nettement améliorée, estime l'OCDE qui vient de pubier ses perspectives pour l'emploi. L'organisation internationale constate qu'en France, "des problèmes structurels" restent posés : le taux de chômage des jeunes "est élevé, et supérieur à la moyenne de l’OCDE". Elle ajoute que "les programmes d’apprentissage profitent principalement aux personnes hautement qualifiées" et elle estime qu'il faudrait davantage cibler les programmes d’apprentissage sur les personnes peu qualifiées, mais aussi renforcer le soutien aux lycées professionnels.
Simple coïncidence, l'Observatoire national du suicide publie au même moment son 5ème rapport, qui fait une large part à la situation des enfants et des jeunes. Il note "une hausse des symptômes d’anxiété, de dépression et des problèmes de sommeil", mais constate une diminution paradoxale du nombre des décès par suicide, du moins pendant la première phase de la pandémie. Parmi les explications possibles, l'ONS évoque des parents qui, télétravail ou chômage oblige, "ont, dans certains cas, été plus disponibles pour leurs enfants et pour leurs adolescents". La situation varie toutefois avec l'âge, les décès par suicide sont considérés "comme peu fréquents parmi les enfants âgés de moins de 14 ans, mais il existe de fortes présomptions que leur occurrence soit nettement sous-estimée", nombre de ces décès étant attribués à des "accidents domestiques" ou à des "morts accidentelles". Elle varie également avec le genre : "la forte augmentation des appels aux centres antipoison pour tentative de suicide en 2021 repose essentiellement sur la hausse importante des appels concernant les jeunes femmes âgées de 12 à 24 ans."
Et elle a évolué avec la pandémie, en France comme au niveau mondial. La diminution du nombre des actes suicidaires ou d'auto-mutilation, "qui est intervenue durant les tout premiers mois de la crise sanitaire a laissé place, à partir du deuxième semestre de l’année 2020, à une augmentation durable particulièrement préoccupante (...). En France, une étude menée à partir des données de surveillance recueillies à l’hôpital Robert-Debré à Paris a montré une diminution de 36 % des admissions pour tentative de suicide chez les moins de 15 ans durant la phase aiguë de la pandémie (...). En Californie, les taux d’incidence des passages aux urgences liés au suicide chez les enfants âgés de 5 à 17 ans étaient significativement plus faibles de mars à mai 2020 par rapport à la même période en 2019." Mais on a assisté à "une augmentation prononcée des comportements suicidaires à partir de l’été 2020 (...) dans la plupart des pays à revenu élevé (...). En Espagne (...), si le taux de tentatives de suicide est resté pratiquement inchangé parmi les garçons, il a fortement augmenté chez les adolescentes, en particulier de septembre 2020 à mars 2021 (...). Aux États-Unis, une nette augmentation du taux d’incidence des visites aux urgences liées au suicide chez les filles âgées de 5 à 17 ans a été observée de juin à décembre 2020, alors que ce taux a diminué chez les garçons (...)." En Chine, une étude fait état d'un doubement des tentatives de suicide ches les 9-15 ans.
Le site de l'OCDE ici, le site de l'ONS ici
n