L'Education populaire pour conjuguer le commun et le singulier (entretien Meirieu - Renucci, revue VEN)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 21 mars 2023.
"L'éducation populaire nous permet d'expérimenter ce que nous avons en commun, une commune humanité, une commune naturalité (...), une commune socialité (...)", estime Robin Renucci. Le comédien dialogue avec Philippe Meirieu, président des CEMEA, dans le dernier numéro de VEN (Vers l'Education nouvelle) pour évoquer le rôle de la culture dans les mouvements d'éducation populaire. Le pédagogue abonde, évoquant "la recherche collective du geste juste qui transmet exactement l'émotion que l'on veut faire ressentir". Mais ce collectif, ce commun ne doit pas donner les moyens à quelques uns de créer des rapports de domination.
Le comédien cite Canguilhem dénonçant la normalisation, "un cancer mortel où toutes les cellules deviennent identiques et prolifèrent sans spécificité". Le commun doit au contraire permettre à chacun d' "exister avec ses couleurs, ses résonnances, ses capacités propres", l'oeuvre élaborée collectivement doit permettre "au singulier de se déployer". Derrida, rappelle le pédagogue, distinguait les différences dont nous héritons et "la différAnce que nous pouvons revendiquer, celle qui nous donne la possibilité de différer de ce qui nous a fait" et qui "vise le 'bien devenir' au contraire du 'bien-être', pourtant si à la mode". Robin Renucci raconte l'importance qu'a eue pour lui la possibilité de rêver à l'école avec "de petits personnages fabriqués avec de la pâte à papier et des bouts de ficelle".
A noter également dans ce numéro de VEN une analyse des avantages, mais aussi des questions que pose l'abaissement à 16 ans de la possibilité d'entrer en formation BAFA.
VEN n° 588, trimestriel (34€/an)