Mixité sociale : les mesures envisagées par Ndiaye inefficaces, estime P. Merle, la réforme du baccalauréat aggrave la situation, ajoute Guy Dreux (Le Monde)
Paru dans Scolaire le lundi 20 mars 2023.
Les mesures proposées par Pap Ndiaye pour davantage de mixité sociale dans les collèges n'auront que des effets marginaux. Les deux cents collèges pour lesquels sont envisagés des secteurs "bicollèges" représentent moins de 4 % des 5 300 collèges publics, fait valoir dans une tribune publiée par Le Monde daté du 21 mars le sociologue Pierre Merle. L'implantation de 16 sections internationales dans des collèges défavorisés ne sera pas moins symbolique et elle "aura l'inconvénient de substituer la ségrégation intra-établissement à la ségrégation interétablissements", sans favoriser "une réelle mixité des classes". Quant à l'augmentation du nombre des boursiers dans l'enseignement privé, elle permettra aux établissements sous contrat de choisir les meilleurs et privera "les établissements défavorisés d'une partie de leurs bons élèves". Le sociologue propose plutôt une allocation de moyens indexée sur l'indice IPS de chacun des élèves et un tirage au sort des boursiers candidats au privé. Il faudrait aussi redécouper les secteurs scolaires et généraliser la "réforme Affelnet, telle qu'elle a été mise en oeuvre avec succès" à Paris.
Guy Dreux, co-auteur de "La nouvelle école capitaliste", propose pour sa part, dans le même numéro du Monde, une analyse des effets sociaux de la réforme du bac. "Pour sélectionner leurs étudiants, les établissements d'enseignement supérieur ne peuvent plus se fier au baccalauréat, ils doivent désormais (...) composer à partir des dossiers de candidature (...). Ce sont donc les lycées eux-mêmes qui endossent la fonction de certification autrefois assurée par un examen national et anonyme". Dès lors les familles "cherchent logiquement dans le privé des systèmes d'assurance". Et l'auteur s'interroge : "Comment s'étonner que les familles qui en ont les moyens, culturels et matériels, cherchent à éviter" des lycées qui "concentrent toutes les difficultés sociales et scolaires" ?