Quelles sont les logiques professionnelles des enseignants (appel à communications)
Paru dans Scolaire le lundi 28 février 2022.
L'INSPE de Nantes et le Centre nantais de sociologie organisent le 3 juin une journée scientifique sur le thème "Carrières atypiques et logiques d’engagement professionnel chez les enseignants", en faisant le pari que "l’examen des marges permet en creux de saisir certaines logiques professionnelles centrales" ainsi que les "transformations structurelles qui pèsent sur ce groupe professionnel". L'appel à communications (clos ce 28 février) est l'occasion d'évoquer ces logiques en partant d'un constat : malgré leur unification du fait d'un rapprochement des statuts des enseignants du primaire et du secondaire et "le traitement centralisé et massifié des personnels par le ministère de l’Education nationale", il faut parler des métiers de l'enseignement au pluriel. "Le groupe professionnel des enseignants reste aujourd’hui sujet à une forte différenciation."
Les motivations sont pourtant "assez homogènes" : le choix de devenir enseignant "s’établit majoritairement avant le baccalauréat", mais pour le premier degré, interviennent surtout l’âge des élèves, la polyvalence et "la relation psycho-affective avec les enfants", tandis que ceux qui optent pour le second degré le font pour une discipline, pour l’âge des publics et pour le contenu des programmes. Quant aux statuts, ils "divergent du privé au public, selon les niveaux d’enseignement et au sein d’un même niveau. Le nombre d’heures d’enseignement exigées diffère aussi, tout comme les rémunérations."
Les conditions d’exercice sont également "très diverses" et "depuis les années 1980, les injonctions institutionnelles tendent à diversifier les tâches des enseignants dans et au-delà du cadre de la classe" puisqu'ils doivent mettre en œuvre des pédagogies spécifiques, évaluer par compétences, travailler en interdisciplinarité, se soucier de l'orientation des élèves, travailler en équipe, nouer des partenariats extérieurs, entretenir des relations plus étroites avec les parents... "Les pratiques enseignantes sont de fait encadrées par un univers de normes et d’injonctions très codifié et normé, mais elles sont aussi soumises à des variations, à de fortes incertitudes, marquées par l’existence de routines incertaines." La multiplicité des contraintes "ne lève pas l’indétermination constitutive du métier et renforce parfois le malaise enseignant et le sentiment de déprofessionnalisation" tandis que les perspectives de mobilité professionnelle sont limitées.
C'est pourquoi certains choisissent "d’exercer d’autres missions ou activités sans quitter leur corps d’origine, à l’hôpital, dans les prisons, "dans les marges internes de l’institution scolaire comme l’enseignement spécialisé ou les dispositifs relais". D'autres "se mettent à disposition dans des associations ou dans d’autres ministères" et d'autres encore "investissent de nouvelles disciplines" à moins qu'ils ne "valorisent des pédagogies dites nouvelles" pour "être prof autrement".
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