Archives » Recherches et publications

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

L'enseignement des disciplines du champ des Sciences humaines et sociales (SES, H-G, philosophie) questionné (dossier de l'IFÉ)

Paru dans Scolaire le jeudi 25 juin 2020.

"Enseigner conjointement l’économie, la sociologie et la science politique ne renvoie à aucune tradition universitaire : les SES illustrent bien l’autonomie partielle du champ scolaire vis-à-vis de l’enseignement supérieur et de la recherche." Et pour ce qui est de la philosophie, "les compétences développées doivent-elles être pensées comme transversales (un moyen pour une autre fin) ou comme disciplinaires (ayant leur fin en soi) ?" Ce constat et cette interrogation parcourent le dernier dossier de veille de l'IFÉ qui porte sur le statut des enseignements scolaires correspondant aux disciplines universitaires regroupées sous le sigle SHS (sciences humaines et sociale).

Premier constat, ce que les élèves acquièrent ne correspond pas nécessairement aux enseignements. "Même si l’acquisition d’une culture juridique a été l’un des objectifs de la rénovation des programmes d’éducation civique à la fin des années 1990, le droit n’est pas une discipline scolaire en France, à l’exception de l’enseignement de spécialité 'Droit et grands enjeux du monde contemporain' proposé en Terminale littéraire en 2012. Mais une 'conscience du droit' comme principe et comme institution et différents types de rapports subjectifs à la légalité se construisent au travers par exemple de l’interprétation et de l’expérience de la règlementation scolaire."

Autre constat, les disciplines scolaires évoluent, "la géographie scolaire est une construction historique : ses ancrages et ses visées ont évolué au cours des deux derniers siècles (...). L’association de l’histoire et de la géographie dans l’enseignement ne repose pas sur un fondement scientifique. C’est une construction historique, spécifique à la France, dont les motifs doivent être recherchés hors de ces deux disciplines." En ce qui concerne l'histoire, jusqu'en 1945, la construction des programmes est une "affaire de spécialistes", inspecteurs généraux et SPHG (Société des professeurs d’histoire-géographie). Depuis, le champ historiographique s'est complexifié pour intégrer "le fait religieux comme objet de culture, le tournant patrimonial, l’Europe et les mémoires des génocides, le fait colonial et l’esclavage". Les enseignants sont confrontés, par exemple sur le sujet de la Shoah aux "manifestations de saturation des élèves", voire à des "représentations stéréotypées antisémites", ce qui les amène à "recourir de façon plus fréquente à l’émotion (rencontre avec des témoins, films de fiction, récits de parcours individuels)" quand il est difficile de "répondre avec des savoirs précis et rigoureux".

La philosophie fait également l'objet d'une analyse poussée. Elle est perçue comme une discipline scolaire alors que, "dans la société, les questionnements éthiques et métaphysiques donnent lieu à de nouvelles pratiques philosophiques (...) (universités populaires, cafés et cinés philos) et se sont établis dans le marché de l’édition : bestsellers, magazines grand public, etc.". Sa situation varie aussi selon les pays, elle est "absente de l’enseignement secondaire aux États-Unis", "dogmatique" dans l’ex-URSS, "éducation à la délibération" en Belgique francophone, "ou proche de l’histoire des idées en Italie", alors qu'en France, il s'agit d'apprendre à penser ... en s’appuyant sur des auteur. Elle n'est pas enseignée en lycée professionnel, le programme est immense." Parmi ceux et celles qui en attendent beaucoup, certains "s’en détachent à proportion de la déception suscitée par les mauvais résultats et l’absence de progrès dans une philosophie scolaire qui peut être considérée comme autre chose que la vraie philosophie". D'où des quiproquo, "l’élève croit qu’on lui demande des opinions là où le professeur attend dans la dissertation une méthode, un rituel très normé (...), produisant paradoxalement une standardisation des dissertations" et l’élève s’en sort avec du "prêt-à-penser" issu de la littérature parascolaire.

Ce qui renvoie, même si l'autrice, Claire Ravez, n'emploie pas ces termes, à la question de l'utilité de ces enseignements au-delà d'eux-mêmes. En quoi sont-ils des "éducations à ..." ? C'est ainsi que "l’enseignement des guerres en classe d’histoire donne un accès assez direct aux thématiques d’éducation du futur citoyen à propos du devoir de défense, mais il le fait sur le plan historique qui mène tout aussi directement à la mise en cause de ce devoir (...). L’enseignant doit à la fois transmettre des valeurs et promouvoir un regard historique critique sur l’usage de ces mêmes valeurs dans des situations du passé."

Dossier de veille de l'IFE-ENS de Lyon n° 135, juin 2020, "Enseigner les sciences humaines et sociales : entre savoirs et société. Dossier de veille de l’IFÉ (ici)

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →