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Laïcité : une adhésion massive dans l'école, moins hors les murs (CNESCO)

Paru dans Scolaire le mercredi 29 janvier 2020.

Neuf élèves sur 10, en troisième comme en terminale, jugent "important qu'à l'école, les élèves soient tolérants entre eux, même s'ils n'ont pas les mêmes croyances", et que les enseignants "respectent tous les élèves, quelles que soient leurs religions et opinions". Ils sont encore 7 ou 8 sur 10 à trouver "important que les élèves puissent s'exprimer sur leurs croyances ou non-croyances en classe, tant qu'ils respectent l'opinion des autres", mais qu'en revanche, les enseignants n'évoquent pas leurs propres croyances. La question des absences pour motifs religieux ou de visibilité des croyances dans l'espace scolaire fait moins consensus. Les deux tiers des élèves jugent "important que les élèves puissent être autorisés à être absents une journée" pour une fête religieuse, et ils sont aussi nombreux à juger "important que la religion des élèves ne soit pas visible dans l'espace scolaire". 

Nathalie Mons, titulaire de la chaire "Evaluation des politiques publiques d'éducation" du CNAM et responsable du CNESCO, le Centre national d'étude des systèmes scolaires, publie ce volet de l'évaluation nationale "Ecole et citoyenneté" lancée par le CNESCO lorsqu'il était Conseil national d'évaluation du système scolaire (voir ToutEduc ici) et conduite auprès de 16 000 élèves, 500 enseignants (en charge de l'enseignement moral et civique) et 350 chefs d'établissement. Il témoigne d'une "forte adhésion aux principes de laïcité" de tous les acteurs, y compris dans l'enseignement privé sous contrat.

Moins d'incidents en REP+ qu'en REP

Cette adhésion est toutefois moins forte lorsqu'il s'agit non plus de l'école mais de la société. Près de 25 % des élèves de troisième et 18 % des élèves de terminale considèrent que "les règles de vie prescrites par la religion sont plus importantes que les lois de la République", ils sont encore un quart à n'être pas convaincus que la neutralité de l'Etat favorise la démocratie...

Et lorsqu'on interroge les enseignants sur les incidents liés au respect de la laïcité, à la remise en cause des enseignements ou le refus de participer à certaines activités scolaires, seuls 1 % d'entre eux dans le public hors éducation prioritaire disent rencontrer des problèmes importants, ils sont 5 % en REP + et 15 % en REP (dont 3 % parlent même de problèmes "très importants"). Le CNESCO n'explique pas ce résultat contre-intuitif, sinon par un accent sur la laïcité qui serait peut-être moins mis dans le projet d'établissement en REP qu'en REP+.

Réfléchir au fonctionnement de la société et d'un Etat démocratique

En effet, la principale variable qui explique l'attitude des élèves vis à vis de la laïcité est la connaissance qu'ils en ont, et donc l'importance qui y est accordée dans l'établissement. Or s'ils connaissent bien, et comprennent les règles qui s'appliquent dans l'établissement, ils ont moins eu l'occasion de réfléchir au fonctionnement de la société et d'un Etat démocratique.

Parmi les autres variables, à noter le faible poids de l'environnement familial (y compris dans les milieux défavorisés), ou de "l'origine migratoire" des élèves, du moins en ce qui concerne les règles qui s'appliquent à l'école. Le fait d'avoir participé à une association ou à un mouvement religieux influe sur les attitudes des collégiens, mais l'effet s'estompe au lycée d'enseignement général et technologique. En revanche, les élèves de LP sont moins sensibles aux questions de laïcité hors les murs de l'établissement. Globalement, les garçons sont à la fois moins tolérants que les filles vis à vis des autres élèves et moins tolérants face à la visibilité des signes religieux.

Pour Nathalie Mons et pour Barbara Fouquet-Chauprade (université de Genève, qui a contribué à l'enquête), "l'école a réussi à inculquer les principes fondamentaux de la laïcité", mais il faudrait introduire une formation aux "compétences sociales" requises pour "vivre dans une société pluraliste". De même, la formation continue des enseignants porte essentiellement sur la loi, et bien peu sur les usages sociaux, ou sur la gestion émotionnelle des conflits, par exemple si un élèves conteste un enseignement.

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