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Les algorithmes peuvent aller à l'encontre de l'éducatif, estime le CESE

Paru dans Scolaire le jeudi 15 avril 2021.

Le numérique est devenu incontournable : “Entre 2005 et 2019, la proportion d’utilisateurs et d’utilisatrices d’internet est passée de 52 % à 88 % et “en 2019, près de 80 % de la population française se connecte quotidiennement à internet“, constate le CESE qui a publié le 25 mars dernier un rapport sur “l'école à l'ère du numérique“.

Cette prépondérance du numérique cache de lourdes inégalités : en fonction du diplôme par exemple, 90 % des titulaires du bac ont accès à internet à domicile, contre 85 % des personnes ayant un BEPC (diplôme national du brevet) et 60 % de celles n’ayant aucun diplôme. De plus, “l’équipement qui permet les usages numériques révèle une forte disparité selon l’âge mais également selon le niveau de revenus. En 2018, 79 % des hauts revenus sont multi-équipés d’un smartphone et d’un ordinateur contre 51 % des bas revenus“, souligne le rapport.

Pourtant, la pandémie l'a amplement révélé, le numérique joue un rôle important pour assurer la continuité pédagogique. Ainsi, les inégalités d'accès et d'équipement entraînent des inégalités d'apprentissage dont découlent des fractures sociales et territoriales qui sont autant de freins à l'utilisation du numérique éducatif.

En outre, le rapport note une faible impulsion de l'Etat à déployer usage du numérique éducatif : “le numérique a, depuis plusieurs années, impulsé des changements au sein du système éducatif (gestion administrative, vie scolaire, l’orientation), mais la pédagogie et les apprentissages restent à la traîne.“ Le rapport précise: “des outils et contenus numériques sont actuellement à la disposition des enseignantes et des enseignants, des élèves et des familles, mais leur usage n'est pas toujours clarifié ni leur accès facilité.“

Et d'expliciter : “On a parfois l’impression que l’Éducation nationale et certaines collectivités territoriales les mettent en place sans réflexion véritable sur leurs usages, leurs contenus, leur accès, leur fiabilité, leur adéquation aux besoins des utilisateurs et des utilisatrices et aux objectifs pédagogiques, sur le temps nécessaire de travail pour une utilisation efficace.“

Il ajoute, “la pérennité des outils numériques doit être questionnée au regard de la rapidité des évolutions technologiques et de leur obsolescence. De même garantir leur maintenance et leur sécurité informatiques doit être une priorité afin de ne pas mettre en difficulté la communauté éducative.“ Pourtant, nuance-t-il, si “la crise sanitaire et les confinements ont exacerbé les difficultés rencontrées dans l’utilisation des outils numériques", ils se sont aussi révélés "comme une formidable opportunité pour le développement du numérique éducatif public". Car même si “l’Éducation nationale était assez peu préparée (problèmes d’équipement, de formation à l’EAD...) à la fermeture des lieux d’enseignement et à la mise en place d’une ‘continuité pédagogique“, une forte réactivité et la mobilisation des enseignant.e.s a permis majoritairement à l’école de fonctionner à distance : “9 parents sur 10 ont considéré lors du premier confinement que la « continuité pédagogique » a été assurée.“

Par ailleurs, l’adaptation de “l’enseignement présentiel à la distance forcée a permis de faire prendre conscience de l’importance du présentiel, que toutes les fonctions pédagogiques ne sont pas réalisables de façon efficace à distance et que cela nécessite préparation à la fois des enseignantes et des enseignants mais également des élèves. Apprendre demeure un acte social et collectif où les interactions sont primordiales que ce soit en présentiel ou en distanciel."

Et le constat est désormais connu : “La crise sanitaire pendant laquelle l’enseignement scolaire et supérieur ont basculé dans un distanciel forcé a provoqué ‘la mise à distance‘ de l’école, voire le décrochage, d’un certain nombre d’élèves ou d’étudiantes et d’étudiants“, dit le rapport, qui poursuit : “un élève à distance doit être bien préparé psychologiquement pour être précis et concentré. A distance, il est régulièrement stimulé par des événements extérieurs qui le perturbent. Les élèves devant les écrans sont tentés par le multitâche et donc moins concentrés pour l’apprentissage.“

Le déficit de formation des professeurs est également mis en avant dans le rapport qui souligne que “cette crise et les deux périodes de confinement ont exacerbé ce besoin d’autant que beaucoup d'enseignantes et d'enseignants ont indiqué que leur maîtrise des outils numériques résultait de compétences acquises entre pairs et de façon informelle et bien souvent hors de l'Éducation nationale“. D'autant plus que, selon la note : “le développement d’une culture et des compétences numériques pour tous et toutes doit permettre l’émancipation du jeune dans sa formation de citoyen et sa préparation à l’entrée dans le monde professionnel."

Un espoir, donc, avec “de nouvelles possibilités pour apprendre et enseigner, (…) notamment pour ouvrir des perspectives pour des apprentissages plus interactifs, plus inclusifs et engageants pour les élèves“. Mais attention, précise la note, “sans acte pédagogique, les outils numériques ne suffisent pas à améliorer mécaniquement les apprentissages ou les savoirs. Un apprentissage favorable avec le numérique doit répondre à des choix pédagogiques. (..) Tous les outils numériques n’ont pas que des effets bénéfiques sur les apprentissages, voire dans certains cas engendrent des effets négatifs.

Internet comporte de nombreux dangers, car il est “structuré sur des algorithmes qui n’ont pas vocation à concourir à l’éducation des utilisateurs et des utilisatrices. Les algorithmes les incitent à consommer et les enferment dans leurs propres choix plutôt que de les ouvrir à d’autres horizons ou à forger leur esprit critique, ce qui est la mission de l’école. Faire passer de l’information au savoir et à la prise de conscience, c’est la mission de l’enseignante ou enseignant.“

Ainsi, ajoute le rapport, “le développement des outils numériques et en particulier de l'intelligence artificielle pose le problème éthique de la délégation de la décision ou de l’orientation des réponses à des algorithmes qui ne sont pas neutres. Les algorithmes, source de progrès, introduisent des biais et peuvent aboutir s’ils ne sont pas maitrisés, à des finalités peu compatibles avec les valeurs et les missions de l’école. La CNIL pointe ce risque alors que l’usage du numérique devient exponentiel à l’école et dans la vie quotidienne. Cette double prise de conscience est donc indispensable au moment où l’État doit faire des choix politiques stratégiques en matière d’éducation, pour garantir les droits fondamentaux des personnes.“

L’année 2020 et le basculement forcé en distanciel ont montré que la solution du tout distanciel ayant recours aux outils et contenus numériques ne constitue pas une modalité d’enseignement satisfaisante.

En revanche, satisfecit pour le CNED qui “a su faire évoluer les modalités de l’enseignement à distance (EAD) en tirant profit des opportunités du numérique mais aussi pour répondre aux besoins pédagogiques spécifiques des élèves“ et pour le service public Canopé dont la transformation numérique “s’est avérée cruciale pour maintenir une ‘continuité pédagogique‘ pendant la crise sanitaire“. Celle-ci “doit être poursuivie en s’appuyant sur une R&D stratégique sur les usages du numérique éducatif pour accompagner les mutations du système éducatif et répondre aux besoins des acteurs de l’éducation“.

Le rapport du CESE ici (PDF)

 

 

 

 

 

 

 

 

Rôle des réseaux sociaux dans les récentes rixes entre lycéens, cyberattaques supposées contre les ENT et le CNED lors de l'enseignement à distance.. dans les débats sociétaux actuels, le numérique et l'école sont en lien permanent et leurs enjeux, souvent, se croisent.

Le CESE a publié le 25 mars dernier un rapport intitulé “l'école à l'ère du numérique“ rédigé par Marie-Pierre Gariel, dressant un constat et proposant des préconisations sur le numérique éducatif.

Car le numérique est devenu en une génération incontournable : “Entre 2005 et 2019, la proportion d’utilisateurs et d’utilisatrices d’internet est passée de 52 % à 88 %." Ainsi, “en 2019, près de 80 % de la population française se connecte quotidiennement à internet“.

Mais cette prépondérance cache de lourdes inégalités : en fonction du diplôme par exemple, 90 % titulaires du bac ont accès à internet à domicile, contre 85 % des personnes ayant un BEPC (diplôme national du brevet) et 60 % de celles n’ayant aucun diplôme. De plus, “l’équipement qui permet les usages numériques révèle une forte disparité selon l’âge mais également selon le niveau de revenus. En 2018, 79 % des hauts revenus sont multi-équipés d’un smartphone et d’un ordinateur contre 51 % des bas revenus“, souligne le rapport.

Pourtant, la pandémie l'a amplement révélé, le numérique joue un rôle important pour assurer la continuité pédagogique. Ainsi, les inégalités d'accès et d'équipement entraînent des inégalités d'apprentissage dont découlent des fractures sociales et territoriales qui sont autant de freins à l'utilisation du numérique éducatif.

 

En outre, le rapport note une faible impulsion de l'Etat à déployer usage du numérique éducatif : “le numérique a, depuis plusieurs années, impulsé des changements au sein du système éducatif (gestion administrative, vie scolaire, l’orientation), mais la pédagogie et les apprentissages restent à la traîne.“ Le rapport précise: “des outils et contenus numériques sont actuellement à la disposition des enseignantes et des enseignants, des élèves et des familles, mais leur usage n'est pas toujours clarifié ni leur accès facilité.“

Et d'excpliciter : “On a parfois l’impression que l’Éducation nationale et certaines collectivités territoriales les mettent en place sans réflexion véritable sur leurs usages, leurs contenus, leur accès, leur fiabilité, leur adéquation aux besoins des utilisateurs et des utilisatrices et aux objectifs pédagogiques, sur le temps nécessaire de travail pour une utilisation efficace.“

Il ajoute, “la pérennité des outils numériques doit être questionnée au regard de la rapidité des évolutions technologiques et de leur obsolescence. De même garantir leur maintenance et leur sécurité informatiques doit être une priorité afin de ne pas mettre en difficulté la communauté éducative.“ Pourtant, nuance-t-il, si “la crise sanitaire et les confinements ont exacerbé les difficultés rencontrées dans l’utilisation des outils numériques", ils se sont aussi révélés "comme une formidable opportunité pour le développement du numérique éducatif public". Car même si “l’Éducation nationale était assez peu préparée (problèmes d’équipement, de formation à l’EAD...) à la fermeture des lieux d’enseignement et à la mise en place d’une ‘continuité pédagogique“, une forte réactivité et la mobilisation des enseignant.e.s a permis majoritairement à l’école de fonctionner à distance : “9 parents sur 10 ont considéré lors du premier confinement que la « continuité pédagogique » a été assurée.“

Par ailleurs, l’adaptation de “l’enseignement présentiel à la distance forcée a permis de faire prendre conscience de l’importance du présentiel, que toutes les fonctions pédagogiques ne sont pas réalisables de façon efficace à distance et que cela nécessite préparation à la fois des enseignantes et des enseignants mais également des élèves. Apprendre demeure un acte social et collectif où les interactions sont primordiales que ce soit en présentiel ou en distanciel."

Et le constat est désormais connu : “La crise sanitaire pendant laquelle l’enseignement scolaire et supérieur ont basculé dans un distanciel forcé a provoqué ‘la mise à distance‘ de l’école, voire le décrochage, d’un certain nombre d’élèves ou d’étudiantes et d’étudiants“, dit le rapport, qui poursuit : “un élève à distance doit être bien préparé psychologiquement pour être précis et concentré. A distance, il est régulièrement stimulé par des événements extérieurs qui le perturbent. Les élèves devant les écrans sont tentés par le multitâche et donc moins concentrés pour l’apprentissage.“

Le déficit de formation des professeurs est également mis en avant dans le rapport qui souligne que “cette crise et les deux périodes de confinement ont exacerbé ce besoin d’autant que beaucoup d'enseignantes et d'enseignants ont indiqué que leur maîtrise des outils numériques résultait de compétences acquises entre pairs et de façon informelle et bien souvent hors de l'Éducation nationale“. D'autant plus que, selon la note : “le développement d’une culture et des compétences numériques pour tous et toutes doit permettre l’émancipation du jeune dans sa formation de citoyen et sa préparation à l’entrée dans le monde professionnel."

Un espoir, donc, avec “de nouvelles possibilités pour apprendre et enseigner, (…) notamment pour ouvrir des perspectives pour des apprentissages plus interactifs, plus inclusifs et engageants pour les élèves“. Mais attention, précise la note, “sans acte pédagogique, les outils numériques ne suffisent pas à améliorer mécaniquement les apprentissages ou les savoirs. Un apprentissage favorable avec le numérique doit répondre à des choix pédagogiques. (..) Tous les outils numériques n’ont pas que des effets bénéfiques sur les apprentissages, voire dans certains cas engendrent des effets négatifs.

Internet comporte de nombreux dangers, car il est “structuré sur des algorithmes qui n’ont pas vocation à concourir à l’éducation des utilisateurs et des utilisatrices. Les algorithmes les incitent à consommer et les enferment dans leurs propres choix plutôt que de les ouvrir à d’autres horizons ou à forger leur esprit critique, ce qui est la mission de l’école. Faire passer de l’information au savoir et à la prise de conscience, c’est la mission de l’enseignante ou enseignant.“

Ainsi, ajoute le rapport, “le développement des outils numériques et en particulier de l'intelligence artificielle pose le problème éthique de la délégation de la décision ou de l’orientation des réponses à des algorithmes qui ne sont pas neutres. Les algorithmes, source de progrès, introduisent des biais et peuvent aboutir s’ils ne sont pas maitrisés, à des finalités peu compatibles avec les valeurs et les missions de l’école. La CNIL pointe ce risque alors que l’usage du numérique devient exponentiel à l’école et dans la vie quotidienne. Cette double prise de conscience est donc indispensable au moment où l’État doit faire des choix politiques stratégiques en matière d’éducation, pour garantir les droits fondamentaux des personnes.“

L’année 2020 et le basculement forcé en distanciel ont montré que la solution du tout distanciel ayant recours aux outils et contenus numériques ne constitue pas une modalité d’enseignement satisfaisante.

En revanche, satisfecit pour le CNED qui “a su faire évoluer les modalités de l’enseignement à distance (EAD) en tirant profit des opportunités du numérique mais aussi pour répondre aux besoins pédagogiques spécifiques des élèves“ et pour le service public Canopé dont la transformation numérique “s’est avérée cruciale pour maintenir une ‘continuité pédagogique‘ pendant la crise sanitaire“. Celle-ci “doit être poursuivie en s’appuyant sur une R&D stratégique sur les usages du numérique éducatif pour accompagner les mutations du système éducatif et répondre aux besoins des acteurs de l’éducation“.

Le rapport du CESE ici

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