Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Un autre lycée est possible, affirme le SNES

Paru dans Scolaire le vendredi 07 avril 2023.

Après avoir lancé un appel "pour un collège démocratisant" (ici), le SNES prépare un appel "pour un autre lycée". Réuni en colloque ce 7 avril, le syndicat FSU des enseignements de second degré tire le bilan de la "réforme Blanquer" du lycée d'enseignement général et technologique dont les défauts sont tels qu' "ils n'en finissent pas (au ministère) de réformer leur réforme".

Invitée à s'exprimer pour la voie professionnelle, Sigrid Gérardin, co-secrétaire générale du SNUEP-FSU, estime que Carole Grandjean n'a pas renoncé à son projet de réforme et que la ministre déléguée essaie de continuer d'avancer sur un allongement de la durée des stages. Elle prépare un "nouvel outil de pilotage" de la carte des formations pour une adéquation avec les besoins en main d'oeuvre des territoires. L'information sur les métiers à partir de la 5ème préparerait "le tri social le plus tôt possible", toujours selon la responsable syndicale qui dénonce aussi de possibles adaptations locales des grilles horaires et qui pense qu'une "réorganisation du bac est dans les tuyaux". Elle voit dans la constitution d'un ministère qui réunit voie professionnelle, apprentissage et formation continue, un projet de société marqué par le renoncement à lutter contre le déterminisme social. La réforme barrerait notamment la route des BTS aux bacheliers pro.

Une réforme et une logique comptable

En ce qui concerne le lycée général et technologique, la réforme a surtout permis des économies, fait valoir l'organisation syndicale. Le nombre des enseignant.e.s a diminué de 3,7 % entre 2018, avant la réforme et la rentrée 2021, alors que le nombre des élèves est resté stable. Si le domaine des services a gagné 10 % d'enseignants supplémentaires, le domaine de la production en a perdu 20 %, l'éducation musicale 13 %, les mathématiques 11 %... Le nombre des groupes à effectifs réduits a été réduit de 17 %, la part des classes comptant 30 élèves ou plus est passée de 50 à 69 %. La réforme n'a pas réellement donné plus de liberté aux élèves puisque, en terminale générale, 9 sur 10 d'entre eux ont choisi "une des quinze doublettes les plus fréquentes", et ce sont pratiquement deux fois plus souvent des élèves très favorisés que défavorisés. La réforme a aussi renforcé les inégalités de genre...

Au-delà, le SNES est sévère avec "le projet de continuum bac -3 / bac + 3" (ou CB3) qui supposait de réformer le lycée et le baccalauréat. Pour France Stratégie, ce dernier "deviendrait une certification intermédiaire, validé par contrôle continu avec la possibilité de maintenir des épreuves finales sur un nombre limité de matières". S'il reconnaît que certaines des problématiques mises en avant par "les promoteurs du CB3" sont "intéressantes ou du moins traitent d'enjeux pertinents", le syndicat du 2nd degré estime que "les évidences" sur lesquelles ils se fondent sont "pour le moins discutables", notamment lorsqu'il s'agit de quantifier l'échec en licence. Et surtout, il lui reproche de se traduire par une volonté d'orienter les élèves pour les "mettre à leur place" plutôt que de les aider à réussir là où ils sont.

Parcoursup : trouver autre chose

L'organisation syndicale est également sévère avec Parcoursup. Tristan Poullaouec, sociologue (Nantes), invité par le SNES, en a évoqué les effets pervers. Il note par exemple, que la part des bacheliers littéraires a diminué dans les UFR LLSHS (Lettres, Langues, Sciences humaines et des sociétés). Il dénonce "un nouveau régime de sélection scolaire" et la généralisation de la sélection, mais il constate aussi que "jamais la France n'a autant délivré de diplômes", mais que, dans le même temps, "jamais les savoirs n'ont été aussi inégalement transmis". Nathalie Lebrun (SNESUP) rappelle qu'avec APB, dont elle ne demande pas le retour, 70 % des lycéens avaient une réponse à leurs voeux "début juin", contre quelque 40 % aujourd'hui. Le calendrier actuel, avec les épreuves de spécialité au mois de mars, serait, pour l'essentiel, le fait de la non-hiérarchisation des voeux. Parmi les "mandats" du SNES adoptés l'année dernière à Montpellier figure l' "abandon de Parcoursup, de la sélection à l’entrée à l’université", mais prévient Tristan Poullaouec, "la suppression de Parcoursup ne suffira pas". Il faudra proposer autre chose.

Il reste donc au syndicat à "repenser le lycée", à proposer "une organisation cohérente, préoccupée d'abord de la qualité des apprentissages, des contenus (...), qui permette de lutter contre les inégalités sociales, de genre et géographiques".

A court terme

Dans son appel (ici), le SNES revendique, à court terme, "une organisation transitoire des enseignements et du baccalauréat qui limite les dégâts des réformes Blanquer", ce qui supposerait de "conserver les trois spécialités en Terminale", de "supprimer le contrôle continu et (de) regrouper l’ensemble des épreuves nationales du bac en juin", d'aménager les programmes et le "Grand oral", de "reconstituer la classe comme collectif de travail", de "déconnecter le calendrier des épreuves de bac de celui de Parcoursup" et de "supprimer tous les éléments qui font de Parcoursup une plateforme de tri social (...)."

Mais à moyen terme, c'est "toute l’architecture du lycée" qu'il faut repenser pour "permettre à tous et toutes de poursuivre leur scolarité dans une des trois voies du lycée" tout en donnant à tous et toutes "l’accès à une culture commune générale, technologique et professionnelle". Le SNES ne demande pas le retour aux séries du "lycée Darcos - Chatel", mais "des séries rénovées".

Il faut aussi "mieux articuler les contenus du collège et ceux du lycée" avec un tronc commun et des options. La place des enseignements technologiques doit être renforcée. Le SNES estime encore que "les lycéennes et lycéens doivent pouvoir trouver et organiser dans tous les lycées des espaces de liberté, d’émancipation et d’échanges entre elles et eux".

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →