Comment adapter l'engagement aux jeunes d'aujourd'hui ? (sondage OpinionWay/ Vers le haut)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le jeudi 27 octobre 2022.
“Le désir d'engagement des jeunes n'est pas mort“ estime le thinktank VersLeHaut dans son analyse des résultats du 8ème baromètre Jeunesse & Confiance réalisé par l'institut de sondage Opinionway sur 2 420 jeunes, parents et chefs d'entreprise.
Cependant, celui-ci “s'exprime différemment des pratiques des générations précédentes“. L'expérience de l'engagement s'est faite pour les jeunes principalement à l'école ou l'université (32 %) ou en aidant des proches (26 %), tandis que pour les parents, il s'agissait en priorité d'engagement dans une association (27 %) ou dans la vie professionnelle (26 %).
De plus, “les jeunes sont plus nombreux que leurs parents à avoir occupé des fonctions électives au cours de leur parcours, notamment scolaire“, avec 32 % des jeunes répondants qui ont été élus dans leur classe en tant que délégué pour représenter un groupe, contre 20 % des parents. Cet écart générationnel “permet, considère le thinktank, de voir l'importance que peut revêtir l'expérience de la démocratie scolaire pour l'apprentissage des usages et pratiques démocratiques. D'ailleurs les diplomés de bac+2 et au-delà sont 40% à avoir fait l'expérience de l'engagement dans le cadre scolaire ou universitaire.“ Un engagement qui est encore désigné comme “pour les autres mais aussi pour soi“, parce que l'expérience de l'engagement est “éminemment positive pour ceux qui y ont accès : en termes de développement de soi, mais aussi de compétences valorisables sur le marché du travail.“
De même, il faut considérer, allant bien au-delà de la tranche des 16-25 ans, la baisse d'engagement dans les associations, partis politiques et syndicats, “qui ne peuvent être hermétiques aux discours de désaffection envers les institutions et corps institués“. Mais le sondage fait également valoir que, paradoxalement, “les jeunes interrogés sont plus ouverts à s'engager dans un parti politique ou par un mandat électif que leurs parents“ et qu'ils sont aussi plus nombreux que leurs parents à citer le service civique comme lieu possible d'engagement. A noter la place très importante du sport, “levier visiblement essentiel de l'action de proximité“ qui “semble agir comme un des lieux privilégiés de la représentation des jeunes, mais aussi de leur engagement“.
Pourtant cette “réalité“, poursuit Verslehaut, “ne doit pas masquer les différences“ et “tous les jeunes ne s'engagent pas de la même manière, ni sur les mêmes sujets“. Les causes susceptibles de créer de l'engagement chez les jeunes sont tout d'abord la défense de l'environnement et la transition écologique (39 %), la lutte contre les discriminations (38 %) ou encore la jeunesse (31 %) et la lutte contre les inégalités femmes-hommes (31 %). Chez les parents, il s'agit de la défense de l'environnement et la transition écologique (34 %) suivi de la défense des services publics (30 %).
Par ailleurs, le sentiment que les entreprises font confiance aux jeunes pour leur confier des missions importantes augmente de manière presque continue sur les différents items testés depuis les débuts du baromètre (pour représenter l'entreprise, manager plusieurs personnes, résoudre un problème RH..). Et pour les jeunes interrogés, l'expérience de l'engagement est fortement liée au développement des compétences psychosociales : confiance en soi et travail en équipe. “Or, déclare le thinktank, ce sont à la fois des compétences valorisables dans le monde professionnel et souvent moins mises en avant dans les cadres d'apprentissage classiques - école, université. L'engagement peut donc s'inscrire dans la continuité et la complémentarité des parcours d'apprentissage formel.“
Car, continue-t-il, “à un engagement socialement valorisé, et facile à mettre en avant dans des processus de recrutement, source de distinction, il faut opposer l'engagement invisible de jeunes aidants familiaux, par exemple, qui remplissent un rôle essentiel mais difficile à mettre en lumière“, c'est pourquoi il serait “essentiel de proposer à tous les jeunes des possibilités d'engagement, pleinement inscrites dans leur parcours de formation, à l'école et au-delà“ car c'est un “moyen fort de tenir les promesses de l'école, de répondre aux attentes des enfants et des jeunes, de leurs parents et au-delà de la société tout entière.“
Le baromètre ici