NeujPro : comment les élus voient les jeunes (J. Dumont)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 25 octobre 2022.
Organisées par le Conseil départemental de l'Allier, les "Rencontres nationales des professionnels et élus de la Jeunesse" dites Neuj'Pro fêtaient cette année, du 19 au 21 octobre leur vingtième anniversaire. Jérôme Dumont, président du conseil départemental de la Meuse, y représentait l'Assemblée des départements de France.
ToutEduc : Que retenez-vous de ces trois jours de rencontres ?
Jerôme Dumont : C'était ma deuxième participation à ces rencontres, qui réunissent les techniciens, les animateurs, les élus, les coordinateurs, les associatifs en charge des politiques jeunesse, mais aussi, il ne faudrait pas les oublier, des jeunes. Et j'ai été frappé par la grande maturité des jeunes qui sont intervenus. Ils sont cash, ils n'hésitent pas...
ToutEduc : Par exemple ?
Jerôme Dumont : Le SNU (service national universel) est un des sujets qui est souvent revenu dans leurs propos, et ils ont dénoncé le projet de le rendre obligatoire, mais aussi le mélange entre des jeunes qui ont des aspirations très différentes, ceux qui y vont avec une vocation militaire et ceux qui n'ont pas de goût pour l'uniforme, et surtout, ils dénoncent les décisions qui viennent d'en haut, qui leur sont imposées sans discussion possible.
ToutEduc : Et vous avez discuté avec eux ?
Jerôme Dumont : Oui, je leur ai demandé ce qui, sinon, rassemblerait la jeunesse aujourd'hui, je ne suis pas sûr de les avoir convaincus.
ToutEduc : Avez-vous le sentiment que ces jeunes sont repartis en ayant retenu eux-mêmes quelque chose de ces rencontres ?
Jerôme Dumont : Oui, je pense notamment à la conférence d'une femme médecin qui leur a expliqué que les cerveaux des adolescents continuaient d'évoluer, qu'ils n'étaient complètement faits qu'à 25 ans... C'est important pour eux de le savoir, pour se projeter dans l'avenir.
ToutEduc : Ils évoluent donc ?
Jerôme Dumont : Oui, chacun d'entre eux, mais aussi collectivement. Et ces journées Neuj'pro sont l'occasion de constater à quel point les centres d'intérêt changent, en deux ou trois ans, donc de nous renouveler nous-mêmes, de faire un état des lieux, c'est l'occasion d'une veille sur les bonnes pratiques, et les mauvaises...
ToutEduc : Quelles sont les mauvaises ?
Jerôme Dumont : Quand on cherche à imposer des politiques. Les jeunes demandent à être associés à leur élaboration. Les bonnes pratiques, à l'inverse, sont collaboratives.
ToutEduc : Vous représentiez les Départements. Un message pour vos homologues ?
Jerôme Dumont : Que l'échelon départemental est le bon échelon pour la définition des politiques jeunesse. Elles doivent être pensées au niveau des territoires, pensez que la population de la Meuse et celle d'une ville comme Villeurbanne sont à peu près équivalentes ! Les moyens à mettre en oeuvre sont très différents...
Propos recueillis par P. Bouchard, relus par J. Dumont