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"Réinterroger la place du concours", C. Rilhac et R. Arenas devant la commission des affaires culturelles - AN

Paru dans Scolaire le mercredi 23 novembre 2022.

Même si ce n'est pas "un Big Bang" qu'ils préconisent, Cécile Rilhac (Renaissance) et Rodrigo Arenas (LFI) jugent nécessaire de "réinterroger la place du concours", mais sans remettre en cause le recrutement à bac +5 des "institutrices" et des "instituteurs" (termes qu'ils ont systématiquement préférés à "professeur.e.s des écoles"). Co-rapporteurs de la "mission flash sur le recrutement, la mobilité et l’affectation des enseignants du premier degré", ils en communiquaient ce 23 novembre les conclusions devant la Commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Leurs propos ont été largement approuvés par leurs collègues députés, la présidente, Isabelle Rauch, a salué "un travail remarquable". Et s'ils ont pu avoir des divergences sur certains points, leur accord sur le fond est manifeste.

Ils font 13 propositions (non encore publiées) pour répondre à la crise d'attractivité des métiers de l'enseignement et plus précisément du 1er degré, et si "l'enjeu salarial" est "central", ils estiment que "bien d'autres raisons" expliquent le déficit des candidatures aux concours. Certes, cette année, le report à bac+5 a provoqué une diminution du nombre des candidats, estimée à 25 %, mais le manque d'attractivité est structurel, et impose d'envisager l'ensemble des facteurs qui, outre la rémunération, permettraient d'augmenter le vivier de recrutement.

La question de la première affectation, qui conditionne en grande partie la suite de la carrière et celle des mobilités reviennent à plusieurs reprises. Il n'est "pas question" de remettre en cause le barème, mais de prendre en compte les situations personnelles "impossible à barémer", la "dimension humaine" dans les premières affectations comme dans les mutations; recteurs et DASEN ont un "pouvoir d'appréciation" qu'ils pourraient davantage exercer "à condition que les représentants du personnel soient mis à contribution". Auparavant, dans le cadre des CAPA (commissions administratives paritaires académiques, supprimées depuis, ndlr), les syndicats pouvaient proposer "des réponses personnalisées", et leur présence évitait que s'installe un sentiment de défiance. Techniquement, il faudrait revoir l'algorithme qui provoque une "congestion" du système et interdit notamment les permutations de postes. Il n'est, de plus, pas utilisé de la même façon dans tous les départements et il faudrait "un barème national". Il faudrait aussi supprimer les ineat et exeat (bons d'entrée et de sortie délivrés par les DASEN, ndlr), une disposition "archaïque", "même si l'ancienneté dans le poste reste un point important".

Pouvoir entrer et sortir

Le système doit aussi être plus souple. Il faut pouvoir "sortir de l'enseignement et y rentrer à nouveau". La loi sur la fonction publique permet d'ailleurs des "allers-retours" fait valoir Cécile Rilhac, les acquis d'une expérience acquise hors Education nationale, en France et à l'étranger, doivent être pris en compte.

La formation, et donc le recrutement, le concours, le master MEEF... ont également été au coeur des débats. Rodrigo Arenas fait remarquer que "nous avons les meilleurs ingénieurs du monde" avec des écoles professionnelles qui recrutent aux niveaux bac ou bac+2 et dont les élèves ont ensuite une formation réellement professionnelle. Il faut concevoir les enseignants comme des "ingénieurs pédagogiques".

Les formations en INSPE ne sont-elles pas ou trop généralistes, ou trop "pointues" et disciplinaires. Les INSPE doivent rester "en lien avec les universités", ne serait-ce que pour assurer des possibilités de carrière hors enseignement en cas d'échec ou, plus tard, de reconversion, mais avoir davantage d'indépendance par rapport aux universités et assurer une formation professionnelle "plus complète", qui porte sur tous les âges, de 3 à 11 ans, que couvre le 1er degré comme sur les élèves à besoins particuliers, et qui proposent aux stagiaires des premier et second degrés "des temps communs"...

Les deux co-rapporteurs s'interrogent sur le statut et la rémunération des futurs enseignants. Sans revenir aux anciennes écoles normales, qu'ils ne citent pas, ils évoquent les structures susceptibles de les accueillir durant les années licence, notamment les PPPE (parcours préparatoire au professorat des écoles). Mais si leurs élèves sont rémunérés, doivent-ils être considérés comme des contractuels ? Peuvent-ils, en M1, être considérés comme des "surnuméraires", par exemple pour assurer la suppléance des directeurs d'écoles qui, actuellement, ne peuvent pas mettre à profit les décharges d'enseignement prévues, faute de moyens de remplacement ? et en M2, être à mi-temps, à condition de disposer, en plus d'un maître formateur référent, parfois à plusieurs kilomètres, de la tutelle d'un collègue dans l'école ou le RPI (regroupement pédagogique intercommunal)? Encore faut-il que le tuteur soit rémunéré !

Un cercle vicieux

Cécile Rilhac et Rodrigo Arenas évoquent encore d'autres leviers sur lesquels agir pour améliorer l'attractivité des métiers de l'enseignement, et pour lever les freins, par exemple en tenant compte du coût de la vie dans certains territoires, outre-mer notamment, ou en travaillant avec les collectivités locales sur le logement des instituteurs et institutrices. Il faut briser le cercle vicieux qui fait que lorsqu'il y a moins de personnels, il y a moins de possibilités en termes de mobilité, donc le métier perd de son attractivité, il y a moins de candidats et donc encore moins de personnels...

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