Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Pap Ndiaye annonce au sénat un "acte 2" de l'école inclusive et une “série de propositions“ pour le collège

Paru dans Scolaire le mercredi 09 novembre 2022.

“Trop longtemps leur dévouement n'a pas été rétribué à sa juste valeur“, estime Pap Ndiaye, parlant des enseignants. Le ministre de l'Education nationale était interrogé, hier 8 novembre, par les sénateurs de la commission des affaires culturelles et de l'éducation à propos du projet de loi de finances 2023.

Il indique d'ailleurs, à propos de l'augmentation prévue des rémunérations dans le cadre du "pacte", qu'elle pourrait représenter 300 M€ pour la période septembre - décembre 2023. L'évolution en 2024 dépendra du "rythme d'adhésion au pacte". Les missions qui pourraient être rémunérées dans ce cadre sont notamment des formations "hors temps d'enseignement", la "mise en œuvre de projets pédagogiques", le "suivi individualisé des élèves", l'aide à l'orientation et les remplacements de courte durée. Ces missions feront l'objet de discussions avec les syndicats "jusqu'au 15 novembre" et seront reprises après les élections professionnelles, mais le ministre n'est pas optimiste : “je ne sais pas si nous parviendrons à un accord“ d'ici fin février. Mais, souligne-t-il, parmi les nouvelles missions proposées, "il y en a que les enseignants remplissent déjà".

Le ministre estime que "la place symbolique des enseignants dans la société française doit être revalorisée". Il souligne que "les enseignants n'ont jamais été bien payés", même si leur rémunération était "plus élevée il y a 30 ans qu'aujourd'hui". Mais, ajoute-t-il, "les historiens de l'éducation insistent sur le fait que les rémunérations dans l'entre-deux-guerres étaient modestes, avec même des difficultés de vie pour les enseignants du 1er degré", difficultés qui ""étaient compensées par une place sociale, symbolique, politique qui était tout à fait importante". Le sentiment de déclassement va donc "au-delà des simples questions financières". Quant aux difficultés de recrutement, très inégales selon les disciplines, elles ne sont pas nécessairement dues à une concurrence sur le marché du travail, comme en témoignent de façon contre-intuitive les lettres classiques et l'allemand, celles qui sont le plus en tension.

Le ministre prolonge l'analyse en évoquant "la manière dont les jeunes se projettent dans le métier". Celui-ci "a été conçu pour des carrières longues jusqu'à la retraite" alors qu'aujourd'hui les jeunes "envisagent l'enseignement pour une période plus brève, une dizaine d'année avant de pouvoir faire autre chose", il faut qu'ils aient "des portes de sortie". Il faut aussi "des portes d'entrée pour les personnes qui entrent après une 1ère carrière professionnelle".

Il évoque aussi les inégalités territoriales liées au coût de la vie dans certaines académies, ou la difficulté de se loger pour les jeunes enseignants : "La question du logement est une question sur laquelle nous nous penchons très sérieusement", des tentatives ont été faites, comme la réservation de logements dans le parc locatif public "mais c'est très couteux" et le succès mitigé dans des quartiers qui ne sont pas attractifs pour les néo-titulaires. Une réflexion interministérielle sur une offre de logement mutualisée avec la Santé et l'Intérieur a été lancée.

Mais se pose aussi la question des affectations et mutations : "Quand on est nommé loin de chez soi, il est raisonnable d'avoir une perspective de retour chez soi. Aujourd'hui c'est extrêmement flou pour des enseignants qui ont parfois l'impression d'être coincés dans un département ou une académie qui ne correspond pas à leur choix de vie.“

Pédagogie

La distribution des crédits du fonds d'innovation pédagogique se heurte à des obstacles juridiques, du fait que les écoles n'ont pas de personnalité financière, ce qui oblige à passer par des établissements du 2nd degré. Il serait "intéressant de colorer de manière non rigide" la formation des futurs enseignants de maternelle, avec "des dimensions affectives et psychologiques" dans les INSPE. Interrogé sur les RASED (réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté) il indique une hausse du nombre des postes ces dernières années, mais n'a pas "d'état des lieux sur la situation" et considère qu'il "est temps de faire un point dessus", de même qu'il "va être temps de faire un premier point pour voir où on en est" des 30 minutes d'activités physiques quotidiennes et de voir "quels sont les types d'activités physiques qui sont proposés".

Il faut faire un bilan des TER, territoires éducatifs ruraux, "ils sont un peu comme les cités éducatives, qui fonctionnent bien", et l'objectif est le même, "créer des constellations écoles collège lycée avec éventuellement du post bac", rapprocher scolaire, périscolaire et extrascolaire.

Quant au collège, il constitue "un sujet de préoccupation majeure" : "à l'entrée en 6ème à peu près 20 % des élèves sont en difficulté voire en grande difficulté, les évaluations qui ont eu lieu au mois septembre et dont nous allons publier les résultats le montrent, en particulier en français et en mathématiques." Le ministre ajoute : "nous allons faire une série de propositions allant dans le sens de la mixité scolaire, d'un meilleur équilibre entre établissements favorisés et moins favorisés".

Le ministre a l'ambition de retoucher la carte de l'Education prioritaire, qui date de 2015, sur des données qui remontent à 2011: "Je peux vous dire que nous allons mener à bien ce chantier qui est un chantier délicat, puisque les collectivités peuvent ne pas être toujours coopératives, les parents d'élèves et les enseignants non plus (...). Il faut pouvoir sortir des établissements et en faire rentrer d'autres.“

En ce qui concerne les langues régionales, "la position du ministère est que les familles doivent avoir un choix raisonnable d'un point de vue pratique entre des écoles offrant un enseignement par exemple en langue basque, si elles le souhaitent, et des écoles offrant un enseignement en langue française (...). Ma philosophie générale c'est celle d'une ouverture raisonnable à propos des langues régionales".

Le ministre note une baisse de nombre des filles dans les enseignements de mathématiques au lycée, - 28 %, mais constate aussi une baisse de 22 % du côté des garçons, ce qui l'amène à relativiser l'écart, même s'il reconnaît qu' "il y a là un sujet" et annonce des “propositions assez volontaristes“ qui seront présentées lors des assises de mathématiques, la semaine prochaine.

En ce qui concerne les décrocheurs, “il faut reconnaître que nous n'avons pas encore tous les outils du côté de l'EN puisque c'est en dehors que ces jeunes se situent, pour le repérage et pour le rattrapage de ces jeunes en situation difficile“.

Un "acte 2" de l'école inclusive

“Il faut reconnaître que l'école inclusive est une démarche extrêmement positive (...) mais il faut reconnaître que tous les enfants ne peuvent pas être en milieu ordinaire. L'éventail des dispositions doit faire de sorte que des enfants présentant des besoins très spécifiques puissent être accueillis en dehors du milieu ordinaire.“ Le ministère fait état d'un accord avec représentants des MDPH sur la nécessité de réfléchir sur ces questions de façon structurelle.

Pap Ndiaye considère en effet qu'une hausse continue des moyens "ne peut pas être la seule réponse aux besoins des élèves à besoins particuliers", d'autant que le ministère ne maîtrise pas "la hausse des notifications" qui dépend des MDPH et qui "est beaucoup plus rapide que celle du nombre d'AESH". Le ministre souligne de fortes différences entre départements et des "situations de saturation" (du fait du nombre d'enfants en situation de handicap) dans certaines classes, les difficultés de recrutement d'AESH dans certains bassins qui "imposent de réfléchir plus globalement à la situation et de construire un 'acte 2 de l'école inclusive' de manière à répondre de manière pertinente et soutenable à la situation de chaque enfant tout en garantissant dans le temps cette école inclusive en particulier d'un point de vue budgétaire. L'objectif de la réforme est clair, que chaque enfant soit correctement accompagné en fonction de ses besoins." Il ajoute : "nous nous mettons en ordre de bataille pour que des propositions concrètes puissent être inscrites à l'ordre du jour de la conférence nationale du handicap qui aura lieu au printemps 2023."

Le ministre estime nécessaire une remise à plat du système qui "se trouve embolisé à la fois du côté des IME où il n'y a plus assez de places, les élèves sont versés dans le milieu ordinaire, les classes ULIS sont elles aussi pleines", tandis que "les notifications des MDPH pleuvent (...). Il faut sortir d'une simple logique de création de postes d'AESH", elle est "nécessaire mais ne permet pas de rattraper la marée."

Interrogé sur les "AESH privées", il "avoue avoir découvert cela dans la presse ces temps-ci" et ajoute : "nous enquêtons sur le sujet, je peux vous dire d'ores et déjà que leur existence n'a absolument pas mon approbation et ma faveur".

La vidéo ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →