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Maternelle, cours moyen, collège, mathématiques : des "notes de service" au coeur des pratiques pédagogiques

Paru dans Scolaire le jeudi 12 janvier 2023.

Sont publiées au BO de ce 12 janvier quatre "notes de service", signées par le DGESCO (directeur général de l'enseignement scolaire) qui induisent des normes en matière de pratiques pédagogiques en maternelle, au cours moyen, en 6ème, pour l'enseignement de la technologie au collège, pour l'enseignement des mathématiques de la maternelle à la classe de terminale. Elles ont été présentées à la presse hier mercredi, ce qui a permis au représentant du ministère de répondre à certaines interrogations. Les directives ministérielles mettent l'accent sur "les savoirs fondamentaux".

En ce qui concerne l'école maternelle, celle-ci est "d'abord l'école de l'épanouissement de l'enfant", mais elle est aussi le lieu où l'élève acquiert les premières bases, où il diversifie son vocabulaire, développe "le sens de l'espace" avec des jeux de construction et des jeux de plateaux. Le ministère ne cache pas que les évaluations de CP ont vocation à "rétroagir" sur la maternelle. Les directeurs et directrices d'écoles maternelles et élémentaires devront d'ailleurs organiser, au moins une fois par an des conseils communs, notamment avec les enseignant.e.s de GS et CP. Le ministère insiste sur la formation continue des enseignants, des formations "en constellation" des plans français et mathématiques étant dédiées à ce cycle 1. A raison de 16 % d'eentre eux chaque année, tous les professeur.e.s de maternelle seront donc formés en 6 ans. Des formations intercatégorielles "enseignants - ATSEM- AESH" seront également favorisées et plus encore si elles sont ouvertes aux professionnels de la petite enfance, de façon à construire "une culture commune". A noter encore un plan de formation des inspecteurs "en charge du dossier maternelle".

Les circulaires ne portent pas spécifiquement sur le cycle 2 (CP-CE1-CE2) pour lequel les orientations données par Jean-Michel Blanquer se trouvent confortées.

Les directives portant sur le cycle 3 (CM1-CM2-6ème) doivent permettre de "consolider les pratiques pédagogiques". Au CM, deux heures chaque jour doivent être consacrées à la lecture et peut-être plus encore à l'écriture. "L'écriture manuscrite fait l'objet d'une pratique quotidienne." Le ministère condamne l'utilisation des photocopies et des "textes à trous", les élèves se limitant à remplir les blancs.

"Nous avons un ministre de l'écriture", estime le représentant du ministère qui insiste par ailleurs sur "un enseignement méthodique des règles de grammaire", lesquelles ne peuvent être "découvertes au détour d'un texte". Interrogé sur les études qui montreraient l'efficacité de la dictée quotidienne et sur cette condamnation de la grammaire par l' "observation réfléchie de la langue"*, le ministère invoque les résultats des évaluations pour justifier la réforme.

En lecture, il s'agit d'améliorer "la fluence", ce terme désignant la capacité à lire un texte d'une façon "qui en reflète la compréhension". Le ministère fait état de progrès déjà engrangés en la matière : "à partir du moment où on a mis l'accent là-dessus", le pourcentage d'élèves de 6ème pouvant lire au moins 120 mots/minute est passé de 50 % en 2020 à 53 % en 2021 et 56 % à la dernière rentrée. Au CM1, les élèves qui n'arrivent pas à 90 mots/minute "doivent bénéficier d'une pratique quotidienne spécifique pendant au moins 4 semaines". Les élèves doivent également travailler la compréhension; le vocabulaire doit faire l'objet d'un "apprentissage dédié". Les élèves doivent également parvenir à "une parfaite compréhension des fractions et des chiffres décimaux", la résolution de problèmes doit également être travaillée, à raison d'une dizaine de problèmes par semaine.

Pour "garantir la maîtrise des savoirs fondamentaux", sera installé dans chaque académie un "conseil académique des savoirs fondamentaux" qui devra établir un diagnostic territorial et examiner l'ensemble des actions pédagogiques existantes avant de déterminer une stratégie qui porte essentiellement sur la formation.

La classe de sixième est marquée par trois nouveautés. L'heure de soutien ou d'approfondissement est obligatoire et concerne tous les élèves, elle est inscrite à l'emploi du temps et est donc effective dès la rentrée. Elle est prise sur les heures de "SVT, sciences physiques, technologie", essentiellement aux dépens de la technologie. Elle est assurée aussi bien par des enseignants du collège que par des professeurs des écoles, éventuellement en co-intervention. Des échanges de service entre les deux niveaux d'enseignement seraient possibles. A priori, l'élève devrait rencontrer à cette occasion des enseignants autres que ceux de sa classe. Le ministère a peu détaillé la partie "approfondissement" sinon pour rappeler qu'il convient de "cultiver l'excellence" alors que les proportions de très bons élèves diminuent. Ceux pour lesquels auront été repérées des "fragilités" dans les "compétences clés" en mathématiques et français travailleront la fluence, ou les chiffres décimaux, ou les formes géométriques... Une session dure un trimestre et l'élève passe à une autre compétence pour laquelle il est en difficulté ou, au contraire, qu'il peut "approfondir".

Sa participation à "devoirs faits" est également obligatoire. Le ministère assure qu' "on a les moyens de maximiser" un dispositif qui concerne actuellement 44 % des élèves de 6ème. Il assure également que les retours qu'il a sont très bons.

Le contenu de la technologie, qui disparaît pratiquement en 6ème, sera "repensé" de façon à donner "une identité forte" à cette discipline enseignée par des professeurs titulaires d'un CAPET "sciences de l'ingénieur". Mais le représentant du ministère ignore dans quelle proportion les heures de technologie sont effectivement assurées par des certifiés dans cette discipline.

Au collège, "pour concourir à l'attractivité des mathématiques, des clubs basés sur des activités ludiques et accessibles, sont fortement encouragés" tandis que le déploiement de laboratoires de mathématiques doit "être poursuivi et accentué". La participation de professeurs des écoles à ces laboratoires "doit être encouragée".

Au lycée, plusieurs dispositions concernent l'enseignement des mathématiques : En seconde, une heure de consolidation et remédiation est prévue pour les élèves en difficulté, et elle doit être "ancrée dans les emplois du temps à des horaires qui y soient favorables". En lycée professionnel, des dispositifs de remédiations devront également être mis en place. La circulaire dédiée aux mathématiques consacre son dernier paragraphe aux professeurs, "clefs de voûte de la réussite des élèves". Toutes les instances de pilotage pédagogique doivent "se doter des outils qui leur permettront d'accompagner les équipes et de suivre les progrès de tous élèves (sic)".

Le ministère estime que cet ensemble cohérent de dispositions, qui s'ajoutent à celles prises précédemment pour le cycle 2, devrait réduire sensiblement et assez rapidement l'échec scolaire dans les années à venir.

Les circulaires ici (maternelle), ici (cycle 3), ici (mathématiques), ici (conseils académiques des savoirs fondamentaux)

* NDLR : L'ORL ou "observation réfléchie de la langue" s'est développée dans les années 80 - 90 après une remise en cause de la pédagogie traditionnelle qu'incarnaient le Bled et le Bescherelle mais aussi de certaines formes inspirées de la linguistique générative notamment. L'ORL a disparu des instructions officielles en 2007.

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