Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Pour résister au privé, les écoles bilingues publiques se multiplient à Paris

Paru dans Scolaire le jeudi 02 février 2023.

- “Close your eyes. What's missing on the board ? Eva ?“

- “It's a dress.“

- “Good job, it's a dress, you can stick the paper wherever you like.“

Nous sommes à l'école polyvalente Bernard Buffet, mercredi 1er février au matin. Les 20 élèves de CM2 de Mme Mouysset, enseignante “fléchée anglais“, doivent deviner quel objet a été retiré par cette dernière. S'ensuivent une chanson des Beatles, un bingo, tout un tas de petites séquences qui leur font travailler une matière qui s'est fortement ancrée dans les apprentissages depuis maintenant trois ans.

Dans cet établissement du 17ème arrondissement en effet, les 10 classes du 1er degré, qui vont de la petite section (PS) au CM2, sont toutes bilingues. Entre 4 et 6 heures par semaine, soit environ un tiers des cours, sont assurées totalement en Anglais, mais l'enseignement se veut aussi transversal le reste du temps.

D'ailleurs, le projet, qui a été initié par deux enseignantes bilingues dès 2019, pour voir le jour à la rentrée 2020, se retrouve sur tous les murs de l'école. Une signalétique affiche même des “Speed Limit“ pour les élèves qui seraient trop pressés de filer en récréation.

- “What the weather like today ?“ 

- “Cloudy !“

A quelques pas de là, en grande section de maternelle, tous les jours le rituel de Mme Mola, enseignante également “fléchée anglais“ et ambassadrice du numérique, consiste à demander aux élèves de décrire le temps qu'il fait, avant d'embrayer sur une chanson, la reconnaissance de nombres ainsi que des apprentissages interactifs mélangeant l'anglais et le français.

Arrivée à l'école au début du projet, la professeure des écoles constate que les enfants, engagés dans le bilinguisme dès la petite section, sont “très réceptifs“, et “bien plus à l'aise“ en comparaison de ceux qui n'avaient pu y accéder qu'en CE2. Une qualité orale reconnue par tous les interlocuteurs présents ce jour-là, que la maîtresse confirme : “Pour eux, c'est une matière comme une autre“.

Un constat également partagé par Géraldine Rouah-Zangrilli, adjointe à la mairie du 17ème arrondissement en charge de l’Education, selon qui les élèves et les étudiants se voient aujourd'hui demander la maîtrise d'un anglais courant, tant écrit que parlé. C'est pourquoi “les parents sont très contents“, estime-t-elle, tandis que “d'autres aimeraient profiter de cette attractivité“.

D'ailleurs, le directeur de l'école, Christophe Droal, qui a été recruté en 2021 via un poste à profil fléché sur ce projet, ne dit pas autre chose : “Je reçois trois ou quatre mails de familles par semaine pour avoir des informations ou s'inscrire“, quand d'autres “vont dans le privé et reviennent chez nous“.

Signe de cet engouement, il y a désormais une trentaine d'écoles bilingues publiques sur Paris, contre 20 à leur lancement en 2018. Ce dispositif, plus connu sous le nom de EMILE (ou CLIL en anglais), est né il y a une trentaine d'années en Europe. “En Suède quelle que soit l'école tout le monde parle anglais“ indique le recteur de l'académie de Paris en visite dans l'établissement ce jour-ci, soulignant justement l' “importance d'être compétitif“ face au secteur privé, surtout que “le parisien va au plus offrant“.

Alors qu'est évoquée la baisse démographique avec le directeur de l'école, Cristophe Kerrero trouverait “dommage de fermer une classe ici“, mais le fait d'avoir moins d'élèves, s'il oblige à une réflexion sur la mise en place d'un schéma précis entre écoles et projets (par exemple, l'école Cesbron à proximité serait en train de monter un projet lié au numérique), cela permettrait néanmoins de “faire de la dentelle qualitative“, et ainsi de suivre les demandes des familles.

Interrogé par ToutEduc, il considère que l'enjeu est d'ailleurs “de commencer le plus tôt possible et d'assurer la continuité“ de cet apprentissage, car s'il reste nécessaire de maîtriser le français, “le latin d'aujourd'hui c'est l'anglais“ assure-t-il. Et dans une école où il y a de la mixité sociale (l'IPS est de 107,1 ndlr), selon lui par rapport aux établissements privés, “on ne constate pas tellement de différence dans l'aisance de la langue“. Au final, ça plus des petits effectifs (14 en GS, 20 au CM2, ndlr), “c'est un atout dont on se sert pour attirer tous les enfants“.

A noter qu'un centre bilingue d'immersion en anglais est évoqué pour la rentrée prochaine à Paris, à l'endroit d'un établissement qui devrait fermer en raison de la baisse démographique. Tous les élèves de la capitale pourraient y aller à tour de rôle. Le lieu abriterait également un centre de formation pour les professeurs (dans le cadre de l'EAFC, ndlr) chez qui, constate le recteur, “on a besoin d'élever le niveau de langue“.

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →