Quel bilan pour l'année de la lecture, désignée “grande cause nationale“ ? (Salon du livre et de la presse jeunesse)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le lundi 05 décembre 2022.
“On est profondément convaincus de l'urgence de lire, pas par conservatisme, on est inquiets de l'addiction aux écrans des jeunes, du temps qu'ils prennent dans leurs vies“, déclae ce lundi 5 décembre Régine Hatchondo lors d'un débat organisé au dernier jour du Salon du livre et de la presse jeunesse (SLPJ).
Invitée du Salon du livre et de la presse jeunesse à faire part d'un premier bilan de l'année 2021-2022 dont la lecture avait été déclarée grande cause nationale par Emmanuel Macron (voir ici), la directrice du Centre national du livre (CNL) porte un discours dur envers la consommation d'écrans et notamment de téléphones portables. Elle estime que pour développer le goût de la lecture, il faudrait interdire les écrans jusqu'à 12 ans et que les portables des jeunes soient déposés dans des casiers à l'entrée de leur établissement. Est évoqué le décrochage en matière de lecture “très patent à l'âge de 12 ans“, comme vu lors du dernier rapport (voir ToutEduc ici) mais pas seulement car, à “l'âge des rebellions“, il touche aussi la danse, la musique, le théâtre.. et surtout, les écrans “ne créent pas la même concentration que le livre papier, ils ne développent pas les mêmes qualités“, considère-t-elle encore.
En revanche, la directrice du CNL est fière de la campagne de communication “Je lis comme je veux“, qui a été un succès, notamment grâce... aux réseaux sociaux et à des influenceurs. Il faut donc “aller chercher les jeunes où ils sont“, notamment par le développement de clubs de lecture virtuels (communautés) pour intéresser “une surface très large de gens différents“.
Régine Hatchondo a souligné l'importance des projets de terrain que sont “lire à voix haute“, “partir en livre“, ou les “bibliothèques sans frontières“. Autre point, si le CNL ne pourra pas évaluer les élèves, car c'est l'EN qui va demander quel est leur taux de satisfaction, les auteurs qui ont pu proposer des Masterclasses dans les établissements scolaires sont à 100 % satisfaits du dispositif. 450 projets ont été réalisés pour des élèves de collège (dès la 4ème) alors que 700 ont été proposés. D'ailleurs, “si une Masterclasse marche c'est parce qu'elle a été préparée“ notamment du fait que les enseignants savent le faire, de même pour les vacances apprenantes, où 50 masterclasses ont eu lieu : “la clef de la réussite c'est de former les personnels“.
Les projets présentés par les auteurs concernaient principalement des sujets qui traversent la société aujourd'hui (développement durable, égalité H/F, discrimination, SF et fantasy), et selon ceux-ci, “rapidement les enfants posent des questions sur leur métier“.
La présidente du CNL assure que tous ces dispositifs seront pérennisés, et que si tout n'est pas parfait, l'institution se trouve “à l'endroit où il faut dans le soutien de la filière“ et touche bien les cibles souhaitées. Cependant, le budget est de 2,3 millions d'euros de budget par an et selon elle, il faudrait 10 millions d'euros par an sur 5 ans pour étendre complètement son action.
A noter que la semaine dernière, l'institut d’études de marché GFK (voir ici) estimait à 65,1 millions le nombre de livres jeunesse (illustrés, romans, BD jeunesse, hors BD de genre et mangas) vendus entre janvier et octobre 2022, ce qui représente 1 livre sur 4 vendus neufs en France. Si cela représente 930 000 exemplaires supplémentaires par rapport à 2019, ce chiffre s'avère pourtant bien en baisse de 13 % sur un an. Le chiffre d'affaire du secteur est de 601,3 millions d’euros, en recul de 9 % sur la période. Les ventes se composent de livres jeunesse illustrés (albums, documentaires...) avec 55 % des ventes, suivi du roman jeunesse (27 %) et de la BD jeunesse (18 %).
Le Salon du livre et de la presse jeunesse, 38ème édition, a vu cette année défiler près de 180 000 visiteurs qui ont pu rencontrer 1 600 auteur.rices et illustrateurs.rices pour 450 maisons d'éditions.
Les lauréats de l'édition 2022
Pépite d'or : Marine Schneider pour Hekla et Laki (Albin Michel Jeunesse, 2022)
Pépite du livre illustré : Pierre Alexis avec Règlobus (La Partie, 2022)
Pépite fiction juniors : Philippe Lechermeier et Maldoror, vol. 1. Les enfants de la légende (Flammarion Jeunesse, 2022)
Pépite fiction ados : Stéphanie Leclerc pour Grand passage (Syros, 2022)
Pépite bande dessinée : Mathieu Burniat (dessin) et Geoffroy Monde (scénario) avec Furieuse (Dargaud, 2022)