Les enseignants peuvent-ils être tentés par le vote Le Pen ? (C. Lelièvre)
Paru dans Scolaire le vendredi 12 mai 2023.
Les Le Pen, père et fille, se sont souvent adressé aux enseignants, note Claude Lelièvre dans un papier publié hier 11 mai par le site The conversation. L'historien souligne que selon une enquête du CEVIPOF, 22 % des enseignants se disaient prêts, avant la présidentielle de 2022, à voter pour la candidate du RN, ce qui "donne quand même à réfléchir", même s'il est minoritaire, ce vote "fait désormais partie du paysage" alors que "le monde enseignant a longtemps été considéré comme foncièrement réfractaire au vote en faveur des partis d’extrême droite".
En 2007, Jean-Marie Le Pen "n’obtient que 3 % des intentions de vote exprimées chez les enseignants pour le premier tour de la présidentielle" (IFOP), en 2017, Marine Le Pen recueillait 5 % à 7 % des intentions de vote, 10 % en 2022. Le FN et le RN ont à plusieurs reprises parlé de l'école. Pour J-M Le Pen, "la véritable sélection, j’ose le dire, est source de l’égalité véritable (…). Lire, écrire, compter, connaître l’histoire et la géographie de son pays sont des bases essentielles qui aujourd’hui manquent à un élève sur quatre en sortie du primaire." Sa fille ajoute, s'adressant aux enseignants : "Nous n’avons pas su vous parler. Longtemps nous avons commis l’erreur de croire que vous étiez complices de la destruction de l’école. Pour l’immense majorité d’entre vous, c’était une erreur et cette époque est révolue". (Le site de The Conversation ici)
Ajoutons que le "Collectif Racines", qui réunit des "enseignants patriotes" proches de Florian Philippot, propose notamment, parmi 100 propositions, d' "abaisser l’âge de la scolarité obligatoire de 6 à 5 ans", de "faire de la méthode syllabique la seule méthode reconnue comme norme pour l’apprentissage de la lecture", de "valoriser dès le primaire les textes extraits des grandes œuvres littéraires", d'instaurer "un enseignement chronologique de l’histoire, pour l’essentiel celle de la France, faisant toute sa place au roman national", de "substituer aux 'temps d’activités périscolaires' (TAP) des études surveillées", d'organiser une orientation des élèves à la fin de la 5ème "vers la voie professionnelle, notamment par l’entrée en apprentissage à 14 ans échus", l'enseignement du latin en 4ème-3ème étant obligatoire pour les élèves se destinant à des études longues, et poursuivi au lycée, "maintenir le baccalauréat à titre d’examen terminal, anonyme et national, en rompant avec la pratique du contrôle continu", "ramener la préparation du Baccalauréat professionnel à 4 ans", "instaurer le cours magistral à tous les niveaux (...), car il représente la forme correspondant à l’autorité du maître fondée sur le savoir qu’il détient", un "nouvel enseignement, Civisme et Droit, se substituera à celui de la philosophie en terminales technologiques", les cantines scolaires n'ont pas "à prendre en considération (...) les pratiques religieuses des élèves", les syndicats ne doivent pas "influer sur les orientations et pratiques pédagogiques, ni soutenir des positionnements idéologiques", "instaurer la 'tolérance zéro' relativement aux incivilités scolaires", "faire des classes préparatoires, littéraires comme scientifiques, le vivier privilégié des futurs professeurs", "refonder totalement la politique d’éducation prioritaire qui n’a été jusqu’à présent qu’une longue suite d’échecs", "doter le directeur d’école du statut juridique de chef d’établissement"... (ici)