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Les pratiques collaboratives “ne cessent d’être préconisées (...), sans pour autant trouver véritablement leur place“ (IGESR)

Paru dans Scolaire le jeudi 26 janvier 2023.

En France, depuis plus d'un siècle, les pratiques collaboratives “ne cessent d’être préconisées, expérimentées, mises en œuvre, remises en question, discutées, sans pour autant trouver véritablement leur place“ constate l'IGESR dans un rapport publié mercredi 25 janvier. Dans son étude “des modalités de travail entre élèves et de la collaboration entre les différents acteurs du système scolaire“, qui ont pour but l’amélioration de la qualité des apprentissages, l'inspection générale de l'Education nationale indique que celles-ci sont “moins pratiquées“, et surtout “moins bien ancrées en France que dans d’autres pays européens, en particulier dans le second degré“.

Ainsi, “66 % des enseignants à l’école échangent fréquemment avec des collègues pour réfléchir à l’amélioration de leurs pratiques pédagogiques contre 53 % au collège, et 41 % élaborent fréquemment des contenus et des activités pédagogiques avec d’autres enseignants contre 29 % au collège“. D'autres données indiquent que dans les écoles françaises, un enseignant sur deux déclare avoir “souvent“ ou “toujours“ recours au travail des élèves en petits groupes, tandis que c'est le cas pour 57 % de leurs homologues Danois, et pour 68 % chez les Anglais.

“C’est un gigantesque fourre-tout !“

Comme l'exprime ce chercheur interrogé par la mission, il peut être difficile de s’y retrouver parmi le foisonnement des pratiques collaboratives qui existent. Il y a les travaux en binômes, en groupes, en îlots, des activités ludiques, des jeux sérieux, du co-enseignement, etc.. Mais “il ne suffit pas de se mettre par deux, de regrouper les élèves en îlot ou encore de faire des travaux de groupes pour que naisse spontanément une coopération“. Et l'inspection générale de l'Education nationale d'évoquer une certaine “prudence“ qui est “de mise dans les pratiques de classe, notamment lors de la mise en œuvre d’activités de groupe visant uniquement la réalisation du meilleur ‘produit final‘ (comme, par exemple, la rédaction d’un article) et mettant ainsi de facto des groupes d’élèves en compétition“. En effet, les élèves, en l’absence d’un cadrage visant explicitement l’apprentissage de chacun, se répartissent les tâches de la manière qu’ils jugent la plus efficace“ pour le réaliser, en somme une “dérive productiviste“ qui laisserait certains élèves sur le bord du chemin et nuirait à l’apprentissage de chacun.

La mission d'inspection générale détaille dans son rapport les différentes types de pratiques collaboratives, ainsi que leurs apports dans différents domaines. Il s'agit, pour les enseignants ou pour les élèves, des formations entre pairs de type “constellations“ émanant du Plan Mathématiques Villani-Torossian, de l'autonomie, de l'effet miroir, de l'espace-temps dans la classe.. qui, estime-t-elle malgré leurs qualités, “nécessitent un temps de concertation pour leur conception, leur mise en œuvre et leur régulation“, un temps collectif “indispensable au bon fonctionnement“, qui “contribue au développement professionnel“ et qu'il est “nécessaire“ d' institutionnaliser dans les emplois du temps.

Pilotage

Car “coopérer ne s’improvise pas“ considère l'IGESR qui présente le cadre institutionnel et les initiatives locales mises en places par les différents acteurs. Par exemple, dans les réseaux d’éducation prioritaire (REP), les pratiques collaboratives au sein des équipes pédagogiques sont décrites comme “particulièrement courantes“. On y retrouve des structures similaires aux “circonscriptions apprenantes“ (échange de pratiques et partage d’expérience entre enseignants sur des pédagogies novatrices pour apprendre à “être passeur“) qui impliquent la collaboration interdegrés. Seulement “force est de constater que, dans le second degré, le travail en bassins regroupant plusieurs établissements se concentre souvent plutôt sur des questions de pilotage, de mise en œuvre structurelle des réformes que sur la question des apprentissages“. Raison pour laquelle le pilotage doit pour la mission être bien défini et facilement identifiable, au sein de l’école ou de l’établissement, mais aussi au niveau académique, afin que les équipes sachent où trouver l’appui nécessaire.

Lubie pédagogique

Est enfin évoquée l'importance de “la communication sur le bien-fondé de ces pratiques pédagogiques“, la mission estimant qu'il faut “en faire connaître les effets bénéfiques sur le bien-être à l’école et sur les apprentissages“. Surtout, il faut “faire comprendre, notamment aux parents mais aussi aux enseignants les plus éloignés de ces démarches, que, loin de se résumer à une 'lubie pédagogique' réservée à quelques-uns, loin de faire perdre du temps aux professeurs comme aux élèves, les pratiques collaboratives reposent sur des méthodes éprouvées et performantes“.

Le rapport ici

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