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“La montée de la pauvreté concerne d’abord les plus jeunes“ (Observatoire des inégalités)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice, Orientation le jeudi 08 décembre 2022.

Une des composantes de la population la plus pauvre “est constituée d’une France très populaire, peu diplômée, avec peu de réseau social, qui souvent n’a pas trouvé la ‘bonne‘ place à l’école et sur le marché du travail“, analysent Anne Brunner et Louis Maurin en préambule de la 3ème édition du rapport sur la pauvreté publié mardi 6 décembre par l'Observatoire des inégalités.

Et si certains, notamment des femmes avec des enfants, “ont subi le choc d’une rupture ou une difficulté de santé, ajoutent les responsables de l'étude, d’autres ont perdu pied très tôt à l’école et ont fini par décrocher d’un système conçu pour la réussite des enfants de catégories favorisées“. Ils constatent en effet que “contrairement à une idée répandue, la pauvreté ne frappe pas au hasard“ et que “la probabilité d’accéder à un ‘bon‘ emploi dépend lourdement du diplôme : l’ampleur des inégalités sociales à l’école est la matrice des écarts en matière de revenus, et du fait que les personnes pauvres sont le plus souvent issues de milieux populaires“.

Ce sont ainsi 80 % des personnes pauvres qui ont au mieux le baccalauréat tandis que les cadres supérieurs ne représentent que 7 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté. Dès lors, “la France est marquée par cette fracture du diplôme, entre le monde de ceux qui ont un titre scolaire et ceux qui n’en n’ont pas ou si peu“. Est calculé que près de 30 % des personnes pauvres n’ont aucun diplôme, et que le taux de pauvreté est deux fois plus élevé pour les non-diplômés (11,1 %) que pour les diplômés d’un bac + 3 ou plus (4,6 %).

L'Observatoire des inégalités indique surtout que la montée de la pauvreté concerne d’abord les plus jeunes. Il y a d'abord les jeunes adultes (18-29 ans), “catégorie d’âge pour laquelle la progression a été la plus forte ces quinze dernières années“ avec une hausse du taux de pauvreté de 8,4 % à 12,3 % entre 2004 et 2019. Est expliqué qu'une grande partie de la dégradation de leur situation a eu lieu au début des années 2000, sachant qu'en 2005 leur taux de pauvreté atteignait déjà 11 %. Ensuite, la dégradation “frappe aussi durement les enfants dont les parents ont de faibles niveaux de vie. Le taux de pauvreté des moins de 18 ans était de 8,7 % en 2004, il atteint 11,5 % en 2019, selon les données de l’Insee. Cette évolution résulte des difficultés des familles fragilisées par les bas salaires et la précarité de l’emploi, qui se répercutent sur les enfants au quotidien. Elle est aussi due à une cause démographique, la progression du nombre de familles monoparentales.“

Au final en 2019, sont comptabilisés parmi le total de 5,2 millions de personnes situées sous le seuil de pauvreté fixé à 50 % du niveau de vie médian, soit 940 euros, près d’un tiers d’enfants et d’adolescents tandis que la moitié des personnes pauvres ont moins de 30 ans. Cette population pauvre et jeune est constituée de jeunes adultes, souvent en difficulté d’insertion sur le marché du travail et des enfants qui subissent la pauvreté de leurs parents. Le taux de pauvreté est maximal entre 18 et 29 ans du fait de l’ampleur du chômage des jeunes, de leurs bas salaires et de la précarité de l’emploi. Cette tranche d’âge est aussi la moins bien couverte par la protection sociale, tout du moins les moins de 25 ans sans ressources, qui restent exclus du droit au RSA.

En outre, sur les 102 756 personnes qui ont dormi dans un hébergement d’urgence en France au cours de la nuit du 22 août 2022, 40 % des personnes hébergées en urgence sont des enfants de moins de 18 ans qui accompagnent leurs parents, très souvent leur mère seule. 41 098 mineurs ont été dénombrés lors de ce recensement, 29 % d'entre eux ont moins de trois ans. “Vivre dans un hôtel social, voire dans un hôtel touristique réservé par le 115, signifie pour ces enfants et adolescents déménager fréquemment, souvent loin de l’école où ils sont inscrits, manquer d’un espace personnel où s’isoler et faire ses devoirs, mais aussi ne pas disposer d’une cuisine et d’une pièce commune pour manger en famille“, déplore l'Observatoire des inégalités. Selon ses calculs, si les familles sans domicile trouvent en proportion plus souvent un accueil de la part du 115 que les adultes seuls, néanmoins “des milliers d’enfants dorment à la rue, faute de places dans les hébergements d’urgence“, comme le montrent les 1 658 enfants qui n’ont pas pu être hébergés ce jour-là, dont 368 ont moins de trois ans, 823 entre 3 et 10 ans et 467 entre 11 et 18 ans.

Le site de l'Observatoire des inégalités ici

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