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L'enseignement agricole prend prudemment ses distances avec la réforme de la voie professionnelle

Paru dans Scolaire, Orientation le mercredi 12 avril 2023.

“Chaque année depuis plusieurs années grâce à l'augmentation de l'apprentissage il y a une stabilisation de nos effectifs par voie scolaire“. Invité par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée nationale mercredi 12 avril à répondre aux questions des députés concernant l'enseignement agricole, Benoît Bonaimé a évoqué des effectifs en hausse d'année en année du fait d'une “hausse tendancielle pluriannuelle“ des effectifs d'apprentis, en progression de 40 % sur les 3 dernières années.

Mais le directeur général de l’enseignement et de la recherche au ministère de l’Agriculture, qui qualifie l'appareil de formation de “moderne“, souligne pour la voie scolaire (de la 4ème au BTSA) “une réduction tendancielle très forte“ des effectifs depuis 10 ans, se stabilisant néanmoins ces dernières années, avec une légère hausse de la voie scolaire il y a 2 ans et une légère baisse l'année dernière.

156 000 élèves et et 53 000 apprentis ont été formés à 200 métiers en 2021-22 dans 800 établissements, répartis à 57 % dans l'enseignement privé et 43 % dans 220 lycées agricoles publics.

La part des femmes dans l'enseignement agricole est aujourd'hui de 45 %, fait valoir le DGER, “une donnée qui a tendance à s'équilibrer au fil des années“, pour autant “il reste des stéréotypes liés au genre sur plusieurs de nos formations“, avec des filières de formation qui restent plus masculines, et d'autres plus féminines comme c'est le cas dans les formations vétérinaires. Face à ces “résultats encourageants mais non suffisant en termes d'attractivité et d'équilibre de genre“, une étude sociologique a été sollicitée “pour pouvoir reconstruire l'image“ donnée aux formations et métiers et “travailler profondément“ sur cette question.

“Le modèle de l'enseignement a vraiment à apporter et apporte une plus-value au modèle socio-éducatif français“, estime-t-il, avec la construction d'un parcours et de modalités de formation “qui permettent à chaque apprenant de cheminer en fonction de ses attentes et de ses caractéristiques propres“. Et si l'IPS de l'enseignement agricole est inférieur à celui de l'Education nationale, “pour autant les taux d'insertion à trois ans sont bons voire très bons, 87 % en bac pro et 92 % en BTS“. Le DGER parle ainsi de “pédagogie adaptée“ et des particularités de l'enseignement agricole, notamment près de 60 % d'internes, qui permettent ces résultats. Il évoque encore le “fort développement de la mobilité“ de l'enseignement agricole qui bénéficie de 9 % des financements de l'ensemble du programme Erasmus, alors qu'il représente seulement 3 % des apprenants.

“Il faut mieux expliciter l'ensemble des métiers et formations auxquels nous formons." Interrogé sur l'attractivité de la filière, il a fait part de l'importance de l'orientation et de la communication, faisant valoir que l'enjeu “n'est pas tant de venir nous convaincre de venir nous rejoindre mais plutôt d'expliciter ce que nous faisons, la réalité de nos métiers et de nos formations“. D'où l'idée “d'ouvrir les fermes“, de proposer des stages aux élèves de 5ème, 4ème et 3ème, alors qu'il y a “une forme de méconnaissance du monde agricole dans l'ensemble de la société française“ ainsi qu'un “éloignement dû à la proportion réduite du nombre d'agriculteurs“ qui se répercute sur l'enseignement agricole. Il s'agit alors “d'attirer plus de jeunes du secteur urbain et périurbain dans nos formations“.

D'ailleurs, le BTS agricole, avoue Benoît Bonaimé, “est en difficulté“, avec des problèmes d'effectifs malgré la remontée en puissance de l'apprentissage. La raison à cela étant principalement “le niveau de référence Bachelor (ou licence, ndlr) qui est en train de s'imposer“. Il estime que que ce pourrait être un facteur d'attractivité, “notamment par rapport à la réalité des métiers qui sont ceux de l'agriculture, en particulier de s'imaginer qu'on se donne 3 ans après le bac pour former de futurs agriculteurs“. Le temps de formation (plusieurs fois discuté, par exemple sur l'enseignement à la gestion d'entreprise) étant “déjà très fort, penser qu'on peut rajouter des besoins de compétence dans le même pas de temps nous paraît de moins en moins raisonnable“, ainsi le ministre a demandé que nous travaillions dessus, “pour positionner l'agriculture sur les mêmes niveaux intermédiaires“ que les formations BUT (qui ont remplacé des DUT, ndlr).

Raréfaction de l'eau, enjeux du changement climatique.. ces sujets sont abordés dans les programmes mais le DGER voudrait “aller plus vite et plus loin en termes de formation et d'information sur les questions du changement climatique“, et des propositions seraient à venir pour dépasser le temps règlementaire qui prévoit la rénovation de l'ensemble des diplômes tous les 5 ans.

Concernant la réforme de la voie professionnelle, trois points ont été mis en lumière par Benoît Bonaimé. Il explique d'une part qu'une réforme “assez profonde“ des bacs pros a été entamée et que les équipes pédagogiques sont en train de mettre en place année après année depuis la seconde jusqu'à la terminale afin d'en “améliorer le contenu“. Toutefois, poursuit-il, “Marc Fesneau a écrit à Pap Ndiaye et Olivier Dussopt pour leur dire que quels que soient les travaux en cours sur la réforme du lycée pro, nous étions déjà engagés dans une réforme dite pédagogique, et qu'il faudrait trouver les calendriers pour que nos équipes ne voient pas l'évolution pédagogique se rajouter d'une année sur l'autre, ce qui serait un peu difficile à mettre en œuvre.“

Autre point, le DGER exprime le souhait d'être “partie prenante pour les questions d'allocation“ des périodes de PFMP, à savoir que les rémunérer serait “un bon moyen de donner de l'attrait à ces formations et de donner du sens à des jeunes qui ont vocation à faire des périodes de stage assez prononcées en milieu professionnel. (..) Nous y voyons une plus-value, nous sommes au travail pour être dans le bon wagon et que nos jeunes puissent en bénéficier si telle était la décision du gouvernement.“

Enfin, au sujet de la hausse de la durée de ces périodes de stages, elles sont déjà “assez fournies“ en termes de quantité et de qualité, avec 18 semaines prévues dans l'ensemble des référentiels de formation et des stages collectifs mettant en avant le travail par projet. En revanche, un des sujets de préoccupation est d'avoir à “positionner beaucoup de stages“ quand les jeunes rejoignent l'enseignement agricole. “Vivre cette expérience au plus tôt dans leur parcours et non pas à la fin“ fait partie de l'approche pédagogique, c'est pourquoi la “façon de séquencer les périodes de stage est un sujet de vigilance par rapport à cette réforme.“

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