Maternelle, cours moyen, collège, mathématiques : le SE-UNSA dénonce un plan de com'
Paru dans Scolaire le jeudi 12 janvier 2023.
"A part la création des 'conseils académiques des savoirs fondamentaux', il n'y a rien de nouveau dans les notes de service publiées ce matin", estime Jérôme Fournier, chargé des questions pédagogiques au SE. Mais l'annonce de la suppression d'une heure de technologie met le syndicat UNSA des enseignants "très en colère".
ToutEduc : Comment pensez-vous que les enseignants vont réagir à ces annonces ?
Jérôme Fournier : Ils vont y voir un empilement d'injonctions, de directives très techniques qui ne font pas sens, qui ne correspondent pas à ce qu'ils vivent en classe, avec leurs élèves. Ces notes de service sont là pour dire qu'on fait quelque chose, que le ministère réagit aux informations sur la baisse du niveau, notamment en orthographe. Mais nos collègues ont déjà beaucoup fait évoluer leurs pratiques. Ils sont fonctionnaires et répondent aux demandes de l'institution. Sur la dictée par exemple, Najat Vallaud-Belkacem en parlait déjà, Jean-Michel Blanquer a donné des consignes à ce sujet, et les élèves font des dictées tous les jours. Ce n'est pas forcément la dictée telle que se la représente le grand public, ça peut être la dictée du résumé de la leçon d'histoire, elle peut prendre des différentes formes mais elle est corrigée comme une dictée classique.
ToutEduc : Il y a quand même l'injonction à consacrer deux heures chaque jour à la lecture et à l'écriture...
Jérôme Fournier : Bien sûr que nos collègues le font déjà.
ToutEduc : Et cette heure de soutien ou d'approfondissement ? C'est une nouveauté.
Jérôme Fournier : Nous le savions depuis une semaine déjà. Cette heure est prise sur la technologie pour éviter d'avoir à changer la loi qui limite à 26h le nombre d'heures de cours en 6ème. Si on en ajoute une en français et/ou mathématiques, il fallait bien la prendre ailleurs, sur la discipline pour laquelle on a un problème RH, de recrutement d'enseignants.
ToutEduc : Le co-pilote du comité de suivi de la réforme du lycée annonçait lors du salon post-bac qu'une réflexion était en cours pour redonner une identité à cette discipline, et l'inscrire dans une continuité avec les voies technologiques et professionnelles au lycée... (voir ToutEduc ici)
Jérôme Fournier : Le signal donné ne va pas dans ce sens. Oui, la technologie a toute sa place au collège, elle doit contribuer à développer l'appétence pour les sciences... Mais si son enseignement doit être renforcé au cycle 4, où prendra-t-on des heures ? Sur l'Histoire-géographie ? Cette discipline a été malmenée, le programme sans cesse modifié. Je plains mes collègues qui l'enseignent.
ToutEduc : Les initiatives prises dans le cadre des CNR (les Conseils nationaux de la refondation) ne sont-elles pas de nature à leur donner un peu d'air ?
Jérôme Fournier : Il est très difficile d'avoir des informations sur les projets qui émergent, mais il semble bien qu'il y en ait très peu, malgré la très forte pression exercée sur les directeurs.trices d'école ou les principaux/principales de collège. Pour l'essentiel, ce sont des projets qui étaient en sommeil, ou des demandes pour compenser ce dont les élèves manquent, par exemple faire venir des orthophonistes dans l'école, ou des aménagements de locaux, du mobilier, souvent aussi des sorties culturelles... Rien de bien nouveau, sinon qu'ils auront des financements, à condition d'être en phase avec la politique ministérielle.