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Enseignement des mathématiques et des sciences : "des réformes qui ne sont qu'un sparadrap sur une jambe de bois“ (table ronde, Assemblée nationale)

Paru dans Scolaire le mercredi 18 janvier 2023.

C'est une réforme qui “ne sert qu'à répondre aux problèmes du ministère“, estimait mercredi 18 janvier Didier Roux à propos de la décision d'ajouter, en 6ème, une heure par semaine consacrée à la consolidation ou à l'approfondissement du français et des mathématiques.

L'enseignement des mathématiques et des sciences faisait l'objet d'une table ronde à l'Assemblée nationale, durant laquelle le membre de l'Académie des sciences et président de la fondation “La main à la pâte“ a dépeint un système éducatif “bien malade du point de vue de l'organisation“ et même “assez dramatique d'un point de vue management“. Il a évoqué les transformations entreprises en Allemagne, estimant qu'il faut arrêter “de passer son temps à faire des réformes qui ne sont qu'un sparadrap sur une jambe de bois“, c'est à dire “par petits bout, sans cohérence, et sans vision durable“.

A l'école primaire selon lui, la quantité d'heures dévolues au Maths et au Sciences est largement inférieure à ce qui est prévu dans les programmes, et elles ne sont surtout pas réellement faites. De plus, le lien entre mathématiques et sciences n'est pas suffisamment établi, les enseignants cloisonnent leurs enseignements “alors que ces questions passionnent les enfants, ils sont actifs, ils peuvent eux-même y répondre“.

Les questions de l'articulation entre les disciplines scientifiques, leur partage (interdisciplinarité) et leur mise en pratique (manipulation) ont fait l'objet de plusieurs interventions, notamment de la part de Marc-Antoine Selosse (Biogée) ou d'Etienne Ghys de l'Académie des Sciences, suite aux interrogations des députés. Ce dernier considère aussi que le problème crucial se situe à l'école primaire, où les professeurs ont “du mal“, non seulement en calcul mais également en ce qui concerne l'appréhension du monde physique qui nous entoure. Il estime que l'introduction de 2 heures d'enseignement scientifique dans le tronc commun fut une bonne initiative et “une excellente idée sur laquelle il faut travailler“, mais que le temps imparti est insuffisant et qu'il “faut la mettre en place“. Il préconise également qu'elle soit évaluée, et souhaite que les enseignants soient accompagnés par des temps de concertation.

Le collectif Maths et Sciences, qui s'exprimait par la voix de Mélanie Guénais, dresse le constat d'un “système éducatif à bout de souffle“ dans les domaines scientifiques, avec une “dégringolade du niveau des élèves depuis 30 ans“. Sont pointés du doigt les inégalités sociales et de genre alors qu'il y a dans le pays des besoins accrus en compétences scientifiques de haut niveau, mais également un manque de professeurs de mathématiques, nécessaires pour apporter les connaissances requises “pour répondre aux besoins de citoyens éclairés face notamment aux fausses informations“.

Elle invoque plusieurs raisons structurelles défavorables aux sciences et aux filles, comme la sortie des mathématiques du tronc commun ou la perte de la polyvalence scientifique en terminale. Et pour réussir ces transformations, les décideurs doivent changer leur méthode de gouvernance (moins de verticalité), planifier les projets éducatifs (formation continue) et peut-être changer leur représentation des sciences.

En outre, la vice-présidente de la Société mathématique de France indique que les liens entre les inégalités sociales et de genre apparaissent dans les observations sur le système scolaire, mais il existe une difficulté d' “accès aux données“ fournies par le MEN, et même un “dialogue rompu“, ce qui semble problématique du point de vue de la transparence de nos gouvernements.

La formation initiale et continue a plusieurs fois été questionnée. La première “doit être repensée profondément“, et pour la formation continue, “18h par an c'est absolument ridicule“. Est également évoquée l'autonomie des enseignants, mais aussi de l'établissement qui doit être une communauté humaine, “un collectif“. D'ailleurs les spécialistes souhaiteraient que les communautés soient associées au processus de décision, mais surtout, il faut planifier, diront Mélanie Guénais et Marc-Antoine Selosse. Le président de la Fédération des Sciences et Technologies du Vivant, des Sciences de la Terre et de l’Environnement voudrait que les réformes ne soient pas réalisées dans l'urgence, mais avec la “perspective que l'Education nationale soit comme la défense nationale“, pour que puissent se dégager des consensus.

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