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Pacte pour les lycées professionnels : Si les syndicats le refusent, certains enseignants évoquent la possibilité de l'accepter

Paru dans Scolaire le vendredi 12 mai 2023.

Le pacte pour les lycées professionnels "dégrade les conditions de travail, augmente les inégalités et renforce le pouvoir de la hiérarchie", estime Sud Éducation qui, le 10 mai, a quitté la réunion organisée par le ministère sur ce dispositif qui devrait contribuer à l'augmentation des revenus des PLP : 7500 euros annuels conditionnés à des tâches supplémentaires. Toutes les organisations syndicales s'y opposent (voir notamment ToutEduc ici). Mais qu'en est-il sur le terrain ? ToutEduc a recueilli les propos de plusieurs professeurs de lycée professionnel qui associent dans leurs réponses pacte et évolution de la carte des formations et donc le risque, pour certains d'entre eux, de devoir envisager une reconversion, y compris dans le 1er degré ou au collège. 

Christophe, enseignant de Lettres-Histoire à Marseille estime que le pacte joue le rôle d'un "contre-feu par rapport à la gronde contre les retraites". Il ajoute : "Les profs, dont les filières sont menacées, vont certainement accepter ce pacte pour éviter de retourner aux crayons et aux dessins, ou au collège." Nathalie, enseignante de vente à Lyon, confirme : "Je suis à six ans de la retraite. Je signerai le pacte, c'est sûr." Sa collègue, Rachida, enseignante en accueil renchérit : "Je n'ai aucunement envie d'aller ailleurs. J'ai fait des pieds et des mains pour revenir chez moi, avec ma famille. J'ai assez galéré. Je prends !"

D'autres enseignants, comme Marie, enseignante en esthétique à Paris, considèrent que la proposition est alléchante : "Je m'arrangerai avec mon proviseur. Organiser des activités et autres remplacements, je connais. Quelques heures sup' sont toujours les bienvenues. Avec le pacte, je ne quémanderai plus..." Mais les proviseurs, comme Didier le dit, "n'en savent pas davantage, aucune réunion n'ayant été organisée avec les rectorats, à (s)a connaissance." Farid, enseignant en chaudronnerie à Clermont-Ferrand, est plutôt enthousiaste à l'idée "d'avoir plus de sous". Il commente : "J'ai lu le papier de Claude Lelièvre dans le Café péda. Le SMIC a été augmenté de 66 % depuis 1980. Alors que notre rémunération a baissé de 15 %. Sans commentaire."

Tous ne sont pas pour autant prêts à signer un pacte. Pour Lila, enseignante en Arts appliqués à Roanne, "la mise en place du pacte donne l’impression que le gouvernement et l’Éducation nationale nous préparent, nous, jeune génération de profs, à accepter cette réforme, comme si celle-ci était normale, voire une belle opportunité." Julien, son collègue, abonde : "En effet, lorsque l’on écoute nos pairs plus expérimentés, et qui se battent depuis des années pour conserver de bonnes conditions d’apprentissage pour les élèves et des conditions de travail acceptables pour les collègues, nous comprenons rapidement que la seule valorisation possible de nos efforts se joue dans la rémunération salariale. Exit la mise en place de moyens supplémentaires pour pouvoir encadrer nos élèves de manière plus différenciée, plus individualisée."

Quant à Sarah, enseignante en PSE (prévention santé environnement) à Nantes, elle s'interroge : "Si accepter le pacte signifie la libéralisation de l’école publique (et républicaine ?), et peut-être sa fin proche et programmée, cela demeure, néanmoins, pour l’instant la seule valorisation financière que nous pouvions espérer. Il ne tient qu’à nous de mettre de côté de maigres économies, à l’image des travailleurs libéraux et indépendants qui financent, eux-mêmes, tout ou partie de leur retraite… Triste réalité, espoir vain d’une revalorisation de nos métiers, pourtant essentiels à former les citoyens de demain, censés sortir de leur déterminisme. Mais pour quelle société allons-nous préparer nos élèves ? Serions-nous complices de la mauvaise réponse ?"

Propos recueillis par Rabah Aït-Oufella

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