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“Professionnel pivot des politiques jeunesse“ ou “bouche-trou“, le grand écart des informateurs jeunesse (INJEP)

Paru dans Scolaire le lundi 24 avril 2023.

Dans sa dernière note consacrée aux quelques 2 500 informateurs jeunesse (IRJ) de France, appuyée par une étude de terrain, l'INJEP analyse la “valeur particulière“ que ces derniers accordent aux partenariats avec l'institution scolaire (du secondaire), pourtant nombreux mais “fragiles“, difficiles à construire et à faire perdurer.

Partenariats pour “aller vers“

S’ils s’incarnent dans des formes d’interventions extrêmement variées, poursuit-elle, ces partenariats “ont tous en commun d’être fondés sur une relation interindividuelle construite entre l’informateur.trice jeunesse et un.e professionnel.le de l’établissement (le plus souvent membre de l’équipe de direction ou de la vie scolaire)“.

L'institut nationale de la jeunesse et de l'éducation populaire explique ainsi que, “valorisé.e.s par la confiance que leur octroie dans leurs interventions un système scolaire qui ne les a pas toujours épargné.e.s par le passé, les IRJ se réjouissent non seulement de pouvoir ici toucher un public captif et nombreux, mais aussi de lui apporter des informations jugées précieuses et complémentaires à celles transmises dans les programmes scolaires (comme l’éducation aux enjeux du numérique ou de la citoyenneté locale).“

De quoi souligner le “rôle pivot qu’iels peuvent exercer dans la durée au sein des politiques locales de la jeunesse“, d'abord en construisant un réseau et des capacités à faire vivre des partenariats extrêmement variés, qui font la spécificité de leur rôle par rapport à celui des autres professionnel.le.s de la jeunesse“, et en cherchant ensuite “à incarner une forme de permanence de la coordination des institutions locales de la jeunesse, souvent touchées par un fort turn-over dans leurs équipes.“

L'INJEP explique qu'il existe en réalité “de nombreuses tâches souvent peu visibles“ faisant partie de cette fonction partenariale du métier d’informateur.trice jeunesse. Par exemple, ils participent aux côtés des équipes des missions locales “à de nombreuses initiatives visant à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, apparaissant davantage comme des professionnels susceptibles d’expérimenter des dispositifs pilotes et restant plutôt éloigné.e.s des logiques comptables qui pèsent sur les conseiller.e.s en insertion professionnelle.“

En fonction des types d’interlocuteur.trice.s disponibles sur le territoire, ces nombreux partenariats “modèlent“ en effet le mandat des IRJ, et selon l'institut c'est plus précisément le poids des configurations d’acteurs locaux qui en modèle les contours. Toutes ces actions font partie des “sorties“ qu'empruntent les informateurs jeunesse pour répondre à la nécessité d' “ aller vers“ qu'implique une partie de leur métier, mais qui n'est pas leur seule fonction.

Accueillir, mais sans placer

Sur quatre terrains d’observation (deux points d'information jeunesse, un centre social et une mission locale), l'INJEP a également étudié deux autres tâches des IRJ, qui diffèrent d’un territoire à l’autre. Il y a la tâche la plus commune, accueillir des jeunes, qui se décline sous trois formes, l’accueil numérique, l’accueil et l’accompagnement individuel, et l’accueil collectif de différents groupes. Dans le deuxième cas, “les jeunes sont accueilli.e.s, orienté.e.s et accompagné.e.s par les IRJ selon des modalités variables en fonction de leurs besoins.“ L'INJEP précise en outre que l’accueil d’un.e jeune, “anonyme en principe, devient plus personnalisé lorsqu’il se meut en accompagnement“, toutefois “ce terme reste utilisé avec précautions par les IRJ lorsqu’iels travaillent en collaboration étroite avec les conseiller.e.s en insertion professionnelle des missions locales, ces dernier.e.s réalisant un ‘accompagnement individuel‘ synonyme de suivi nominatif et contrôlé, que les IRJ se défendent quant à elleux d’exercer.“

Servir, mais surtout rendre service

Salarié.e.s de la structure porteuse du label, “la place qu’iels occupent dans l’organigramme et le mandat qui leur est confié par cette structure priment sur le label dans la définition de leurs missions et dans l’organisation de leurs tâches quotidiennes.“ Autrement dit, l’information jeunesse s'articule au projet politique en vigueur là où il est employé. Il s'avère ainsi que “dans les structures municipales, l’information jeunesse participe à la déclinaison des orientations politiques des élus en matière de politique jeunesse“. Dans une première, par exemple, “les IRJ sont d’abord identifiés comme porteurs et pivots de la politique d’insertion professionnelle des jeunes, par contraste avec leurs collègues du service jeunesse, chargé.e.s de l’animation au sens large.“ En revanche, “dans l’autre PIJ municipal, qui constitue à lui seul le service jeunesse de la ville, les IRJ travaillent historiquement davantage la question de la citoyenneté des jeunes, en encadrant un conseil municipal des jeunes.“

Dans les autres structures, les deux professionnel.le.s portent la ‘casquette IJ‘ en plus de leur mission initiale, l’une est chargée d’accueil et d’information dans une mission locale et l’autre, référent jeunesse d’un centre social. Alors que la première voit ses missions définies dans les interstices d’un faisceau de contraintes extérieures (relayer l’information sur les dispositifs dont ses collègues conseillères en insertion professionnelle ne s’occupent pas, adapter son emploi du temps aux besoins de son équipe d’accueil..), le second présente l’information jeunesse comme une méthodologie d’action qui définit le cœur même de son métier d’animateur et de sa position dans le centre social (partir des besoins des jeunes pour les accompagner dans des projets qui, construits avec collègues et partenaires locaux, les conduisent vers une définition autonome de leur trajectoire).

“Supplément d’âme dans une mission locale d’un côté et colonne vertébrale du projet social d’un centre social de l’autre“, ces dernières constitueraient en définitive “deux pôles opposés de la déclinaison de l’IJ dans une structure non municipale“.

La dernière tâche des IRJ consisterait au final à “rendre service“, d'une part à leurs collègues et à leur hiérarchie, “en faisant de la plasticité de leur mandat un atout leur permettant de se rendre indispensables et ainsi, de pérenniser leur position dans la structure“, et d'autre part rendre un service public d’information des jeunes “en s’accommodant des orientations et de l’organisation interne de leur structure pour diffuser aux jeunes qu’iels rencontrent des informations sur des sujets et sous des formes variées“.

Sociologie

“Premier poste pérenne dans des trajectoires souvent heurtées ou précaires, constate l'INJEP, le métier d’information jeunesse est, dans les structures observées, l’antichambre de postes d’encadrement dans lesquels les connaissances généralistes et plus encore les compétences polyvalentes des IRJ sont un atout central pour progresser dans la hiérarchie.“

Ainsi, “le travail des informateur·trice·s jeunesse requiert à la fois des connaissances généralistes et des compétences polyvalentes“, une double transversalité qui “favorise une grande plasticité de leur mandat par rapport aux orientations politiques des structures qui les portent, aux configurations d’acteurs qui les entourent, et aux personnalités mêmes de celleux qui occupent ces postes.“

Lorsque l’informateur.trice jeunesse peut être un.e professionnel.le pivot des politiques jeunesse, aussi à l’aise dans l’accueil de guichet que dans le conseil aux élu.e.s et capable d’orienter les jeunes dans les configurations institutionnelles locales, iel est un professionnel·le dont l’adaptation à sa structure et à son territoire lui permet de se rendre indispensable. Mais lorsque cette adaptabilité est utilisée pour faire de l’IRJ un bouche-trou des missions manquantes dans sa structure ou le support d’une politique de jeunesse sous-dotée, la difficulté du métier se double d’une impossibilité d’en valoriser les tâches.

A noter que le réseau information jeunesse compte aujourd’hui près de 1 300 structures, portées par des municipalités dans sept cas sur dix. Environ trois millions de jeunes sont accueillis chaque année dans ces lieux ouverts, dont 37 % sont âgés de 12 à 19 ans.

Le rapport d'étude de l'INJEP ici

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