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Les 15 scénarios très contrastés du CSP pour faire évoluer la formation initiale et le recrutement des professeurs des 1er et 2nd degrés

Paru dans Scolaire le mardi 14 mars 2023.

Dans une note consacrée à la formation initiale et au recrutement des professeurs des premier et second degrés publiée début mars, le Conseil Supérieur des programmes propose 15 scénarios afin d' “imaginer les évolutions nécessaires de la formation initiale et du recrutement des enseignants“.

Il indique que “d'ici à 2030, les besoins en recrutement d’enseignants représentent un renouvellement de 31 % de l’effectif du corps enseignant, soit 328 000 postes à pourvoir“, difficulté à laquelle s'ajoute la faible attractivité du métier qui “se manifeste par une baisse tendancielle des inscriptions aux concours, particulièrement sensible dans certaines académies pour le premier degré et dans certaines disciplines pour le second degré".

Cette baisse “est d’autant plus préoccupante qu’elle ne permet plus de garantir la qualité de tous les lauréats des concours, même si, dans le premier degré comme dans certaines disciplines du second degré, tous les postes ouverts ne sont pas pourvus.“

Sont également constatés une augmentation “concomitante“ des candidatures à des emplois de contractuels qui “s’explique notamment par des stratégies de contournement des règles d’affectation nationale dans le second degré et la pression des besoins exprimés dans les académies“, ou encore l’augmentation du nombre de reconversions au titre d’une deuxième carrière qui “modifie le profil des nouveaux recrutés et suppose des efforts importants au titre de la formation initiale et continuée de ces types de personnels".

C'est pourquoi le CSP, alors que “depuis trente-trois ans, le chantier de la formation des enseignants a fait l’objet de réformes successives, bien souvent sans laisser le temps à une évaluation sérieuse des résultats escomptés ou réalisés“, souhaite imaginer les évolutions nécessaires de la profession au regard des “compétences attendues d’un professeur en 2023“.

Huit scénarios concernent le 1er degré et sept le second, dont l'objectif est “la multiplicité des modalités de recrutement compatibles avec le statut des professeurs comme fonctionnaires de l’État“, assure le CSP. Est précisé que ceux-ci “mettent l'accent sur des parcours de formation de cinq années, validés par un master, (...) clairement identifiés dans la majorité des cas, et autant que possible financièrement sécurisés, au moins à partir du M1 et quelquefois dès la licence".

De plus, priorité est donnée “à la logique des parcours de formation sur celle des modalités de recrutement : les concours, ou autres modalités de recrutement, ne sont sans doute plus des finalités en soi. Adaptés et conformes aux parcours de formation, et non l’inverse comme c’est bien souvent encore le cas, ils devraient servir essentiellement à valider leur qualité.“

Premier degré

Dans le 1er scénario, l’organisation actuelle serait aménagée avec “un renforcement des parcours débutant au niveau de la licence, de manière à aboutir à un continuum de formation, instauré de la L1 au M2“. Malgré tout, le CSP constate qu'un tel scenario pâtirait d'une faiblesse de visibilité des voies d’accès au métier d’enseignant dans Parcoursup, mais aussi d'études “longues et peu sécurisées“ avec un recrutement conditionné par la réussite à un concours placé en fin de M2, contrairement à d’autres formations à la sélection plus précoce, avec une “multiplicité des objectifs de l’année de M2“ (préparation au concours, rédaction du mémoire, auxquelles s’ajoutent les stages pour les étudiants de master MEEF, et une charge “particulièrement lourde pour les contractuels alternants qui ont la responsabilité d’une classe pour une durée de huit heures hebdomadaires“).

Le 2ème scénario propose un retour à la configuration antérieure à la réforme de 2019, tandis que le 3ème évoque “une seule voie de formation et un recrutement à la fin de la première année de licence“. Ce dernier “se caractérise par l’instauration d’une formation spécifique au métier de professeur des écoles et un pré- recrutement précoce“, avec la création d’une filière “Professorat des écoles“ dans les INSPÉ, accessible à la fin de la L1 et se poursuivant jusqu’en M2 (master MEEF premier degré), mais aussi des épreuves de pré-recrutement, organisées par académie, placées en fin de première année de licence, “ouvrant au statut rémunéré d’élève professeur des écoles avec un engagement de servir l’État pendant dix ans“.

Malgré la professionnalisation progressive et l'accompagnement financier des étudiants dès la L2 qui permettrait d’assurer l’ouverture sociale du métier du professorat des écoles, le CSP souligne la succession de deux paliers dans le recrutement (fin de la L1 et fin du M2) qui risquent d’être perçus comme la succession de deux concours, ainsi que le coût pour l’État des quatre années de la formation d’élèves-professeurs fonctionnaires.

Le scénario 4 imagine “deux voies de formation et deux concours de recrutement externes différents“, avec soit un parcours spécifique au professorat dans le premier degré, d’une durée de cinq ans, avec les épreuves théoriques du CRPE placées à la fin de la L3 et les épreuves pratiques à la fin du M2, soit un concours de recrutement en fin de M2, sur le modèle du CRPE actuel destiné aux étudiants titulaires d’un M2 qui n’ont pas suivi de parcours spécifique menant au professorat des écoles, avec stage d’un an pour les lauréats, en alternance avant titularisation puis formation continue.

Dans les scénarios 5 et 6, si les modalités d'accession divergent, n'existerait qu'un seul concours de recrutement, comportant uniquement des épreuves orales et placé à la fin de M2. Le CSP signale comme inconvénient le “degré d’acceptabilité de la disparition des traditionnelles épreuves des concours de recrutement d’enseignants“.

Un recrutement local sur liste d’aptitude est ensuite proposé dans le 7ème scénario. Ici les titulaires d’un master MEEF mention 1er degré “sont automatiquement inscrits, pour une durée maximale de cinq ans, après l’obtention du master, sur une liste d’aptitude (nationale ou académique) à l’exercice du métier de professeur des écoles“, tandis que les titulaires d’un autre master peuvent prétendre à l’inscription sur la liste d’aptitude sur présentation d’un dossier justificatif d’activités en milieu scolaire. A l’ouverture d’un poste dans une école, chaque inscrit sur la liste peut postuler, et une commission de recrutement, coprésidée par l’IEN de la circonscription et le directeur de l’école, où siègent des enseignants titulaires d’autres écoles de l’académie, retient un candidat après examen de son dossier et entretien de motivation et d’évaluation de ses compétences disciplinaires et professionnelles. Celui-ci “devient professeur stagiaire et peut être titularisé au terme d’une année d’exercice, après avis d’une commission de titularisation, sur décision du recteur d’académie“. Un des inconvénients serait le “risque d’aggravation des inégalités territoriales et sociologiques“, souligne le CSP.

Le dernier scénario (numéro 8) consiste à définir deux profils de spécialisation pour les enseignants du premier degré, un professeur des écoles spécialisé “en mathématiques et en sciences“ et un autre “en français, en histoire-géographie et en arts“. Seulement il y aurait, “compte tenu du vivier actuel des candidats à l’exercice du métier d’enseignant, (un) risque de disproportion entre les profils orientés vers les humanités et ceux orientés vers les mathématiques et les sciences“.

Second degré

Les scénarios pour le second degré ressemblent à ceux évoqués pour les professeurs de écoles, mais adaptés au enseignants certifiés. Un premier scénario consiste à aménager l'organisation actuelle, y ajoutant un “élargissement“ de l’offre de découverte du métier d’enseignant du second degré dès la L2. Mais un des défauts de ce système est le “coût supporté par les étudiants et leur famille pour financer cinq années d’études avant le recrutement (hors dispositifs AED en pré-professionnalisation et contrats alternants)“.

Le deuxième scénario prévoit de revenir à la configuration antérieure à la réforme de 2019, le troisième établit deux voies de formation distinctes, dont une spécifique à l’enseignement d’une discipline, et le quatrième deux voies de formation distinctes, dont l’une porte sur deux disciplines, et comportant trois épreuves écrites d’admissibilité à la fin du M1 (deux dans la discipline majeure, une dans la discipline mineure) puis des épreuves orales d’admission à la fin du M2.

Comme dans le 1er degré, le scénario 5 comporterait un seul concours de recrutement, placé à la fin du M2, avec admissibilité sur dossier, et le 6 un parcours spécifique aboutissant à un concours de recrutement placé à la fin du M2 et comportant uniquement des épreuves orales. Le scénario 7 instituerait un recrutement local sur liste d’aptitude.

L'avis du CSP ici

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