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Mixité sociale : “des moyens de pression“ sur le privé. Formation des PE : le concours à bac+3 ? (Pap Ndiaye au Sénat)

Paru dans Scolaire le jeudi 02 mars 2023.

“Il nous faudra passer des bonnes intentions à des solutions pragmatiques, compréhensibles et acceptables par tous“ estimait Pap Ndiaye mercredi 1er mars au Sénat lors d'un débat organisé autour de la mixité sociale.

Le ministre de l'éducation nationale indique qu'il “n'existe pas de modèle clef en main“ et que les diverses expériences menées (comme le programme mixité à Toulouse, ou la réforme d'Affelnet à Paris, ndlr) “n'ont pas vocation à être mécaniquement dupliquées sans adaptations quel que soit le territoire, ses ressources ou ses particularités“.

Ce que souhaite le ministre, c'est proposer différents leviers, tels que les secteurs “multi-collèges“, les “binômes de collège“ ou encore une “offre de formation attractive implantée dans les établissements défavorisés“, comme il avait pu le dire récemment (voir ToutEduc ici). Est précisé que 16 sections internationales supplémentaires seront ouvertes dans des établissements défavorisés à la rentrée 2023, mais le ministre l'avoue, il “aimerai(t) faire plus“.

Pour ce qui concerne le milieu rural, Pap Ndiaye a été interpellé par le sénateur Pierre-Jean Verzelen, et selon le ministre les résultats scolaires de ces élèves sont “corrects voire bons“, comme c'est la cas par exemple en Mayenne. En revanche, il pointe un “manque d'ambition, des difficultés à les projeter dans des études post-bac qui impliquent un éloignement de la région d'origine“. Il serait dès lors possible d'envisager des projets communs ou des échanges pédagogiques qui permettent “un rapprochement entre établissements scolaires moyennement éloignés par des modes de transport appropriés".

Sont également soulignées les “cordées de la réussite“ dont l'objectif est de 200 000 élèves (en 2022-23), et la refonte de la carte de l'éducation prioritaire qui implique les territoires ruraux et qui est annoncée pour septembre 2024. A ce titre, le ministre explique qu'un travail avec Olivier Klein (ministre délégué chargé de la Ville et du Logement) est en cours dans la perspective de cette refonte, et que les changements auront lieu surtout pour les établissements situés en REP, ceux des REP+ étant “très immobiles“, les quartiers défavorisés n'ayant que peu évolué depuis 10 ans.

Au sujet des établissements privés sous contrat, le ministre se “réjoui(t) de la bonne volonté du secrétariat général de l'enseignement catholique“ mais également de la part d'autres confessions pour établir un protocole d'accord visant à davantage de mixité sociale (le taux de boursiers y est actuellement inférieur à 10 %). Ses annonces sur le sujet, prévues initialement pour le 15 mars, seraient repoussées au 20.

Pap Ndiaye souhaite éviter deux écueils dans sa démarche “contractualisée“ avec ces établissements privés, ne rien leur demander en échange du financement (qui est de 73 %), ou à l'inverse “faire passer l'enseignement privé sous les fourches caudines du public“. Il voit ainsi un espace entre ces deux pôles qui consiste à agir en “modulant une part variable de notre subvention aux établissements privés sous contrat“.

La “concertation“ est donc le mode préconisé par le ministre qui signale cependant que “la publication des IPS a joué son rôle“, et que le gouvernement possède “des moyens de pression“ pour atteindre les objectifs qu'il souhaite désormais fixer.

Il indique à ce titre que les moyens d'enseignement, l'allocation de postes lorsque des demandes sont faites par le privé sous contrat, peuvent aussi être un facteur de pression sur les établissements de manière à ce qu'ils s'engagent dans des politiques résolues de mixité sociale et scolaire. Et de préciser que la mixité doit bien être sociale “et“ scolaire, elle ne doit donc pas seulement reposer sur un pourcentage “afin que le privé ne se contente pas d'aller chercher dans le public les meilleurs élèves boursiers, en privant les établissements publics de leurs têtes de classe.“ Cela revient à considérer le taux d'élèves en situation de handicap, ainsi que des élèves “aux niveaux répartis sur l'ensemble du spectre“.

Par ailleurs, “il y a la question de la restauration scolaire qui pose un certain nombre de problèmes, mais nous pouvons avancer avec l'aide des collectivités“, considère Pap Ndiaye. Le ministre de l'Education plaide justement pour que les collectivités locales se saisissent du sujet de la mixité sociale à l'école, notamment à travers des leviers à actionner “selon les territoires et les réalités locales“. Il est ainsi question de “proposer une palette que les recteurs et rectrices avec les collectivités seront en charge d'utiliser souplement, voire d'en inventer, afin de tenir des objectifs que nous leur fixerons avec un progressivité annuelle“. Celles-ci pourront alors appliquer des bonus-malus en fonction des résultats.

Interrogé par la sénatrice Béatrice Gosselin sur la question des inégalités à la maternelle, Pap Ndiaye considère que les dédoublements des GS, CP et CE1 ont montré des “progrès intéressants, surtout en REP+“ mais qu'ils ont été entravés par la crise sanitaire. Il se dit par ailleurs favorable en éducation prioritaire à l'ouverture de très petite section (TPS), à la scolarisation des enfants avant 3 ans qui donne de bons résultats notamment en ce qui concerne l'acquisition du vocabulaire.

Il a enfin été question de la formation des enseignants, dont la formation au métier est “objectivement trop courte“ pour le ministre. Il souhaite pousser l'idée de recruter des professeurs des écoles à bac + 3, le concours étant suivi de deux années de formation professionnelle. La question du professorat des écoles serait repensée “dans sa dimension d'ascenseur social, parce que l'accès à bac+3 est socialement plus juste que l'accès à bac + 5“, considère-t-il.

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