Mathématiques : comment favoriser la réussite des filles (rapport d'inspection générale)
Paru dans Scolaire le lundi 13 mars 2023.
"Lutter, en particulier au collège, contre ce manque de confiance en soi et cette anxiété qui touche trop de filles, mais aussi trop de garçons" dès lors qu'il est question de mathématiques, c'est l'objectif d'un rapport d'inspection générale qui "met en avant des gestes professionnels et des pratiques pédagogiques à même de nourrir le sentiment d’efficacité des élèves et (de) réduire leur anxiété vis-à-vis des mathématiques". L'auteur constate en effet, avec PISA 2012 que si "les élèves ne se croient pas capables d’accomplir des tâches spécifiques, ils ne déploieront pas les efforts requis pour les mener à bien, et le manque d’efficacité perçue devient alors une prédiction auto réalisatrice".
Xavier Gauchard constate aussi qu'entre 2003 et 2012, la France est le pays où l’écart de confiance en soi entre les garçons et les filles a le plus augmenté et il donne un exemple particulièrement parlant. Quand filles et garçons sont aussi capables les unes que les autres de résoudre une équation, elles se déclarent moins souvent capables de calculer la consommation de carburant d’un véhicule, une tâche associée "à des rôles traditionnellement dévolus au sexe masculin". Il en conclut que "l'écart de sentiment de réussite entre filles et garçons est très largement supérieur à l’écart du taux de maîtrise des compétences".
La collaboration plutôt que la compétition
Il s'intéresse aussi à "l'indice d’utilisation de stratégies d’activation cognitive par les enseignants" : "Il s’agit de favoriser un environnement rassurant et engageant où chaque élève comprend les objectifs d’apprentissage et sait qu’il peut les atteindre en s’engageant dans le travail demandé".
Autre élément à prendre en compte, "les filles devancent les garçons de façon significative en résolution collaborative de problèmes", quand "l’enjeu est d’apprendre et progresser par les autres". Il invite à ce sujet à "se référer aux nombreux travaux de recherche, notamment ceux de Sylvain Connac (U. de Montpellier) ou de Céline Buchs (U. de Genève).
Il différencie "le but de maîtrise" qui "correspond au désir d’apprendre" et "le but de performance" qui correspond "au désir de se montrer meilleur que les autres" : "Pour une ambiance de travail plus sereine (...), il est important de mettre en avant les buts de maîtrise." On observe en effet "une sous-performance des filles dans la condition d’évaluation axée sur la performance", tandis que les garçons ont des résultats inférieurs à ceux des filles quand il n'y a pas d'évaluation.
Halte aux stéréotypes
Il invite enfin les enseignants à se méfier des stéréotypes: "Les garçons sont plus souvent sollicités (...) pour ‘faire avancer le cours', quand les filles sont généralement interrogées pour rappeler la leçon précédente (...). Les façons de noter, d’interroger, de penser les trajectoires scolaires apparaissent souvent dépendantes du sexe des élèves." Les rencontres avec des femmes travaillant dans des métiers liés aux mathématiques, la physique ou l’informatique, ont "un impact significatif sur l’orientation des filles de terminale S en CPGE scientifique".
Pour sa part, le ministre de l'Education nationale, à l'occasion de la 12ème édition de la "Semaine des mathématiques du 6 au 15 mars", rappelle qu'il "souhaite réconcilier tous les élèves avec les mathématiques" et il évoque des "pratiques collaboratives et ludiques" : "L’édition 2023 propose de construire des actions originales autour des mathématiques".