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Scolarisation des éleves allophones : un manque criant de formation des enseignants (Sénat - Cour des comptes)

Paru dans Scolaire le mercredi 15 mars 2023.

“On ne fera rien si on n'a pas des enseignants“ estimait ce matin Nacer Meddah, auditionné par la Commission des finances du Sénat mercredi 15 mars suite au rapport de la Cour des comptes sur la scolarisation des élèves allophones.

Parmi les grandes priorités mises en lumière par le président de la troisième chambre de la Cour des comptes, la formation des enseignants qui ne sont actuellement que 8 % à en France à se sentir “bien préparés“ ou “très bien préparés“ pour enseigner en milieu multiculturel ou plurilingue, contre 26 % en moyenne dans l’ensemble de l’OCDE.

Le rapport ajoute que “la formation continue sur ces questions reste marginale, surtout dans le premier degré“, et que “de nombreux enseignants en UPE2A ne disposent pas d’une certification français langue seconde (FLS)“. Et si plusieurs actions ont été entreprises pour l’accompagnement des enseignants, animées par les centres académiques pour la scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs (Casnav), “leur mise en réseau reste à améliorer“.

C'est pourquoi, ajoute Nacer Meddah, les enseignants doivent être “motivés par des rémunérations, par des formations adaptées“. Cependant comme le note le recteur de Créteil Daniel Auverlot, dans son académie il y a “un pourcentage d'enseignant qui chaque année veulent partir et aller vers d'autres acadamies d'où ils sont originaires en général“, ainsi “la question qui se pose est celle de leur investissement, ils se demandent à quoi ça sert ?“

“Il y a beaucoup de trous dans la raquette." Le phénomène ne serait de plus traité que de manière parcellaire, estime également Nacer Meddah qui évoque un problème d'identification des EANA (élèves allophones nouvellement arrivés). Ont été recensés dans les établissements français 64 564 élèves allophones nouvellement arrivés en 2021, auquels s'ajoutent 20 075 élèves ukrainiens en 2022, cependant il y aurait un manque de “données fiables“, les statistiques seraient selon le rapport “irrégulières, incomplètes“ et contiendraient des “discordances“, notamment au vu des profils “très hétérogènes“ des élèves. Il ajoute que “le ministère ne dispose d’aucun moyen d’identifier le nombre de jeunes allophones n’ayant fait aucune démarche de demande de scolarisation.“ Il a en effet été question de nombreux enfants allophones vivants dans des bidonvilles et non inscrits à l'école : 2 000 à Créteil selon Daniel Guillaume, mais également à Arcueil selon son maire Daniel Breuiller.

La question des dispositifs mis en place a été soulevée par ce dernier, selon qui il existe un consensus scientifique pour dire que la langue de communication peut s'acquérir dans les 6 mois, mais que la langue de scolarisation nécessite 6 à 7 ans. A l'instar de Nacer Meddah, il déplore qu'ils soient “très ponctuels, un an deux ans“ tandis qu'à l'étranger ils s'inscrivent dans la durée.

“Particulièrement sensible“, la question des Outremer (en particulier à Mayotte et en Guyane) a été abordée, mais aussi celle des territoires ruraux, des élèves de moins de 6 ans et des plus de 16 ans, ou encore le “flou“ voire l' “archaïsme“ de la circulaire de 2012, ainsi que les difficulés d'accès et la durée des dispositifs de soutien.

Un autre point majeur souligné par la Cour des comptes est le manque d'indicateurs concernant l'évaluation des élèves allophones. Actuellement, le diplôme d’étude en langue française (DELF) valide des compétences en langue de communication orale et écrite, et les EANA peuvent le passer gratuitement. Il est cependant facultatif et Rachel‑Marie Pradeilles-Duval de la Dgesco indique que le ministère lui préfèrerait un diplôme de compétences en langue (1er niveau référentiel A1) “car il n'y a pas d'échec“, permettant ainsi “de se positionner et de construire la suite, de donner un accompagnement adapté“. Toutefois, poursuit Nacer Meddah qui “veut bien entendre“ les nuances sur les diplômes, “si on veut faire de l'évaluation il faut que ce soit obligatoire“, afin de mesurer les progrès des EANA.

La vidéo ici

Le rapport de la Cour des comptes ici

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