Les vacances d'été sont-elles responsables d'une baisse de niveau des élèves défavorisés ? (DEPP)
Paru dans Scolaire le lundi 17 avril 2023.
Les vacances d'été entre CP et CE1 sont-elles responsables de l'augmentation des écarts de performance en français et mathématiques entre élèves hors éducation prioritaire et en éducation prioritaire ? C'est à cette question que tente de répondre la DEPP. Le service statistique de l'Education nationale a suivi un panel de 21 600 élèves évalués en début de CP (septembre 2020) ; à mi-CP (janvier 2021), à la veille des vacances d’été (juin 2021) et en début de CE1 (septembre 2021). La DEPP rappelle que "les écarts de performances entre les élèves selon leur secteur de scolarisation (hors éducation prioritaire ou en REP et REP+, ndlr) ont tendance à se réduire entre septembre et janvier", mais "qu’à la rentrée de CE1, ces écarts entre secteurs sont à la hausse par rapport à mi-CP, effaçant une partie des gains observés en début d’année de CP".
C'est ainsi qu'en mathématiques, pour prendre par exemple, le domaine "associer un nombre à une position", l'écart de performance qui était de 15 points à la rentrée en CP, passe à 10 points à la mi-CP, à 9,5, à la fin de l'année puis revient à près de 15 points à la rentrée en CE1 (+ 50 % environ). Toutefois, si dans tous les domaines de mathématiques, les écarts s'accroissent durant l'été, c'est assez faiblement en addition (+1 point, + 16 % environ). Or pour l'ensemble des élèves pris sans distinction, les proportions d’élèves présentant une maîtrise satisfaisante en juin et en septembre pour chaque domaine des mathématiques sont en légère baisse ou stable, en augmentation lorsqu'il s'agit de résoudre des problèmes, augmentation importante pour les élèves de REP + comparés à des élèves hors EP (+ 4 points, + 6 pour associer un nombre à une position). La DEPP est prudente dans ses conclusions, les résultats observés en mathématiques "semblent indiquer un accroissement des inégalités scolaires à l’issue des vacances, notamment en défaveur des élèves accueillis en REP+".
En français, dans plusieurs domaines, entre janvier et juin de l'année de CP, les écarts diminuent sensiblement, de 13 points à près de 8 pour "comprendre des phrases lues seul" mais beaucoup moins pour les autres domaines (de 0,3 point à 2 points). Si on considère les proportions d’élèves présentant une maîtrise satisfaisante en juin et en septembre pour chaque domaine du français, on constate une légère augmentation du niveau dans presque tous les domaines. Les écarts de performances entre la fin de l'année et la rentrée, selon que les élèves sont en EP ou pas, sont faibles sauf pour la lecture à voix haute (de mots ou de phrases) ou pour écrire des mots seuls. Il diminue (très légèrement) pour "comprendre un texte lu seul". Les tendances sont les mêmes, un peu plus accentuées, entre élèves de REP+ et élèves hors EP.
Pour la DEPP, en français, les écarts de performances entre les élèves accueillis dans le public hors EP et ceux accueillis en EP sont comparables entre juin et septembre 2021 dans les quatre domaines de la compréhension (orale comme écrite). Ils se réduisent même légèrement en compréhension de phrases lues par l’enseignant (...). Lorsqu’on limite la comparaison aux élèves de REP+, la variation des écarts pendant les vacances n’est pas plus prononcée que celle observée entre l’ensemble des élèves accueillis en éducation prioritaire (REP et REP+) et ceux accueillis dans le public hors éducation prioritaire."
La DEPP note encore que, "en fin de CP, on observe un écart de performance en faveur des garçons dans tous les domaines des mathématiques, sauf en calcul mental. Ces écarts tendent à légèrement s’accentuer pendant les vacances (...). En français en revanche, ce sont les filles qui affichent de meilleures performances, l’écart étant presque constant entre juin et septembre."
A noter que la DEPP en revanche ne commente pas la baisse de l'intensité de la réduction des écarts, très importante en mathématiques (sans objet en français) entre le 1er et le 2nd semestre de CP.
La note de la DEPP "Alors que l’année de CP permet de réduire les écarts de performances entre secteurs de scolarisation, les vacances scolaires les accentuent", ici