L'éloignement du lycée, un facteur de réussite en voie professionnelle ? (DEPP)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 27 avril 2023.
“Le caractère rural de l’implantation d’un lycée ne présage pas nécessairement d’un éloignement plus important par rapport à un lycée d’une commune urbaine“ estime la DEPP dans une note dédiée à l'éloignement des lycées publiée mercredi 26 avril.
21 variables ont été retenues par le service statistique de l'Education nationale pour étudier l'éloignement des lycées, réparties en quatre grands champs : l'éloignement des élèves scolarisés dans le lycée (durée moyenne pour se rendre au lycée, part de lycéens résidant dans une commune rurale éloignée), celui du lycée par rapport à d’autres lycées (densité en lycées aux alentours, durée du trajet routier au quatrième lycée le plus proche), par rapport à certaines formations (de la voie générale, technologique ou professionnelle, de l’apprentissage ou encore du supérieur), ou envers certains équipements (gare, théâtre).
Elle considère que “si l’indice d’éloignement entretient une relation importante avec la ruralité, il ne peut cependant y être résumé“, avec parmi les 10 % des lycées les plus éloignés, près de deux lycées sur dix qui sont implantés en zone urbaine. “Autrement dit, conclut-elle, le caractère rural de l’implantation d’un lycée ne présage pas nécessairement d’un éloignement plus important par rapport à un lycée d’une commune urbaine.
Alors que les valeurs varient entre 91 pour le lycée le moins éloigné et 196 pour le plus éloigné à la rentrée 2020 (sur une base médiane de 100), est cependant indiqué que “les lycées agricoles, marqués par une implantation à dominante rurale, sont dans l’ensemble parmi les lycées les plus éloignés“. Ils représentent plus de la moitié des 10 % de lycées les plus éloignés, et ce alors que seulement un lycée sur six est un lycée agricole (on en compte 800, pour 3 600 lycées dans le champ de l'EN).
A l'inverse, les lycées qui dispensent des enseignements de la voie générale et technologique (LEGT) représentent un tiers de l’ensemble des lycées, mais plus de la moitié des 10 % des lycées les moins éloignés. Les lycées les moins éloignés sont présents exclusivement dans les grandes villes, très denses, de l’hexagone, comme à Paris, Lyon et Marseille qui concentrent 81 des 100 lycées les moins éloignés. Plus généralement, les lycées peu éloignés se concentrent dans les chefs-lieux de département.
Les lycées les plus éloignés se situent loin des centres urbains, davantage en bordure des limites départementales ou le long de la diagonale allant des Ardennes jusqu’aux Landes. Ils se trouvent également dans les zones de montagnes ou insulaires. L’indice prend ainsi des valeurs particulièrement élevées en Guyane, en Guadeloupe, en Corse, dans les Pyrénées-Orientales et dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Cependant, dans les départements marqués par un fort éloignement moyen, les lycées présentent une forte hétérogénéité du point de vue de l’indice d’éloignement, et s'y côtoient des lycées peu et très éloignés. Ces départements présentent en effet des territoires très ruraux, mais disposent également d’un ou plusieurs centres urbains.
Si l'on se concentre sur les 3 600 lycées qui dépendent de l'Education nationale, il s'avère que les lycées privés sous contrat présentent globalement un éloignement inférieur par rapport aux lycées publics. La DEPP fait également remarquer que les lycées les plus éloignés sont globalement de plus petite taille. En moyenne, les lycées scolarisent 710 élèves contre 397 parmi les 10 % les plus éloignés. De même, la proportion de lycées qui proposent des places d’internat pour les élèves du secondaire augmente avec l’éloignement. Ainsi 65,5 % des lycées les plus éloignés accueillent des internes, contre seulement 15,9 % des lycées les moins éloignés.
La proportion d’élèves scolarisés en voie professionnelle dans les lycées augmente, elle, à mesure que l’éloignement des établissements augmente, avec un effet marqué parmi les 20 % des lycées les moins éloignés, “où la part d’élèves suivant une formation de la voie professionnelle est nettement inférieure à la moyenne de l’ensemble des lycées.“
D'ailleurs, selon les calculs de la DEPP, “le niveau moyen et l’hétérogénéité sociale des élèves a tendance à légèrement diminuer avec l’éloignement“ une baisse portée par la voie GT “où le niveau social des élèves qui y sont scolarisés baisse avec l’éloignement, alors qu’il est relativement stable en voie professionnelle.“
En chiffre, cela donne des lycées moins éloignés “marqués par un IPS moyen un peu plus élevé (108,6) et par une diversité sociale plus importante“, tandis que “les lycées les plus éloignés sont moins favorisés en moyenne (99,1) que les autres lycées (103,6), mais plus homogènes socialement (15,1 contre 18,8).“
Cependant, la note moyenne aux épreuves écrites du diplôme national du brevet (DNB) obtenue par les élèves entrant en seconde GT varie peu selon l’éloignement du lycée et celui-ci “ne fait également apparaître aucune tendance sur la réussite au baccalauréat GT“. En revanche, dans la voie professionnelle, la note moyenne des élèves des lycées les plus éloignés est plus élevée (7,7 sur 20) que celle des moins éloignés (6,9 sur 20) au DNB. Les élèves des lycées les plus éloignés réussissent également légèrement mieux au baccalauréat professionnel que les autres.
A noter que l’ancienneté moyenne des enseignants dans l’établissement est homogène selon l’éloignement, sauf dans les lycées les moins éloignés, où elle est légèrement inférieure à la moyenne. Elle s’établit à 8 ans dans les 10 % de lycées les moins éloignés, contre 8,7 ans en moyenne sur l’ensemble.
La note ici