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La culture de l'évaluation des établissements entre-t-elle vraiment dans les moeurs ?

Paru dans Scolaire le mercredi 05 avril 2023.

“C'est tout sauf un contrôle“ insiste mercredi 5 avril Christophe Réhel dans sa présentation du bilan national de la campagne 2021-2022 de l'évaluation de l'école par le conseil (CEE) qui en a la charge.

Avec Béatrice Gille, sa présidente, ils sont venus soutenir une démarche peu ancrée dans la culture française, mais qui doit générer un “effet établissement“ pour permettre de le faire progresser en faisant apparaître des axes d'amélioration alors qu' “il y a des habitudes prises qu'on n'interroge plus“. Dans le langage du CEE, il s'agit donc de “développer la capacité collective et originale d'agir d'un établissement“.

Inscrite dans la loi de 2019 "Pour une école de la confiance", l'évaluation des établissements a pris du retard avec la crise sanitaire. Tous doivent désormais l'être en l'espace de 5 ans. Elle concerne aujourd'hui majoritairement le second degré, les écoles n'ayant vu pour le moment que des expérimentations qui ne permettent pas de tirer de bilan. Ainsi, 19 % des EPLE ont été évalués en 2021-22, contre 9,5 % l'année passée, et l'objectif est d'atteindre les 50 % au total à la fin de cette année.

Plus de 4 300 évaluateurs externes ont été “mobilisés“ pour y participer, dans des équipes composées d'au moins 3 personnes d'origines professionnelles diversifiées. Ce sont principalement des inspecteurs (43 %) et des chefs d'établissement (38 %). Pointant la nécessité de diversifier ces équipes, Béatrice Gille souhaite “que plus d'enseignants et de personnels puissent participer“, indique-t-elle alors que seulement 10 % des cadres académiques et 6 % d'enseignants ont été évaluateurs. Elle évoque à terme la présence de parents d'élèves, ce qui nécessiterait une formation et la signature de la charte de déontologie.

Interrogée sur la charge de travail que l'évaluation fait peser aux enseignants, elle souligne l'importance d'“anticiper la programmation“ de l'évaluation dès les réunions de rentrée pour l'ensemble des personnels, et que celle-ci “puisse se faire sur les temps de service des uns et des autres“. Les professeurs ne seraient d'ailleurs pas très enthousiastes à participer aux évaluations, à en croire le témoignage de Gaëlle Clément, principale d'un collège de l'académie de Versailles qui accueille plus de 700 élèves. Celle-ci décrit un très bon climat dans son établissement, des élèves favorisés voire très favorisés, et une forte réussite au brevet. Ainsi tout le monde, parents, CPE, élèves (seulement via un questionnaire) ont participé à l'évaluation de manière positive, sauf une partie des enseignants qui a “montré plus de résistance“. Il était question pour eux d'indicateurs de performance qui n'invitent pas à réinterroger la réussite des élèves (2 % d'échec au DNB), de la perception de la charge de travail, et enfin de la finalité de ces évaluations. Il a donc “fallu entendre ces résistances“, déclare Gaëlle Clément qui évoque une “synergie“ s'opérant après avoir dépassé le stade du ressenti, pour des résultats en termes de communication, de définition des parcours au niveau de la 3ème et de regard concernant l'hétérogénéité en matière d'enseignement et d'évaluation des compétences.

Les autres points évoqués par le CEE dans son bilan montrent une évolution de la démarche des établissements. Cela concerne par exemple la prise en compte de la globalité de l'établissement, notamment la vie de l'élève, le fonctionnement de l'établissement mais semble-t-il, moins l'environnement extérieur. En outre, si le contexte de l'établissement est présent dans tous les rapports, “le profil scolaire apparaît de façon moins systématique“, et le contexte externe est beaucoup moins abordé (environnement économique et culturel). De plus, les choix en termes d'orientations stratégiques apparaissent souvent “en nombre limité“, mais pour Christophe Réhel il s'agit “sans doute de l'exercice le plus difficile“, avec un équilibre à trouver entre des axes trop génériques et une liste d'actions trop précises.

Si a été constaté un “véritable temps de travail qui associe l'ensemble des acteurs“, le spécialiste projet au CEE souligne des “marges de progrès sur les personnels des collectivités“ dont le point de vue n'apparaît pas dans les rapports que le CEE a reçus. Le risque étant de limiter la participation à l'utilisation du questionnaire d'évaluation “comme un questionnaire de satisfaction“.

Le bilan du CEE ici

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