La fracture numérique est résolue, mais les jeunes sont souvent inquiets face à l'Internet (Etude CEMEA)
Paru dans Périscolaire, Culture le jeudi 18 septembre 2014.
"La fracture numérique en termes d’équipement et d’accès à l’Internet est résolue", et "l’intensité des pratiques numériques des jeunes représente une chance", mais elle peut constituer "une source de fragilité pour ceux qui (...) comprennent mal la nature publique du web" estime "l’Observatoire des pratiques des jeunes en Basse Normandie" qui publie les données recueillies auprès de jeunes lycéens et apprentis "en amont des interventions des équipes des CEMEA", donc avant que les jeunes aient bénéficié d'une formation. Les questionnaires ont été retournés par plus de 1 600 élèves, un tiers en lycée d'enseignement général et technologique, un tiers en lycée professionnel, un tiers en CFA. Il met donc ""un focus particulier sur les enfants issus des milieux populaires" et sur les garçons, plus nombreux en CFA.
L'étude montre que ces jeunes disposent d'un équipement "considérable", puisque "seuls 3% déclarent ne pas avoir accès à internet à domicile" et ils "utilisent d’abord les outils qui leur appartiennent en propre" : téléphone portable pour les 3/4 d'entre eux et ordinateur personnel pour les deux tiers. Les enfants des milieux populaires disposent plus souvent d'un téléviseur dans leur chambre. A noter que près d'un tiers des élèves de lycées professionnels disposent d'une tablette.
Ils sont 78 % à se connecter tous les jours
Ils sont près de 80 % à se connecter tous les jours (78%), et les filles avouent une dépendance plus forte que les garçons. Mais tous utilisent d'abord l'Internet pour télécharger et écouter de la musique, un peu moins des films et des séries. 78 % des filles (64 % des garçons) vont consulter des profils sur les réseaux sociaux, filles et garçons se renseignent sur des sujets qui les intéressent (48 %) ou pour chercher des stages et du travail (19 %).
"Internet est aussi un espace public qui permet de rencontrer des personnes qu’on ne connaît pas. Les garçons (...) sont deux fois plus nombreux que les filles à aller sur les forums (28 % vs 16 %)". Plus de 4 jeunes sur 10 "déclarent s’être inscrits sur Facebook avant 13 ans, dont 17% à 11 ans ou avant". Facebook vient largement en tête "comme site qui propose de l’information pour les jeunes" et les autres activités des jeunes se concentrent sur Google, Youtube, Facebook, Skype, Twitter. Les filles apparaissent "davantage tournées vers l’entretien de leur image et de leur réseau personnel", elles utilisent davantage les réseaux photographiques alors que les garçons "sont beaucoup plus passionnés par les jeux vidéo".
Cela n'empêche pas un niveau d'inquiétude très élevé. Les deux tiers des filles, un tiers des garçons "redoutent harcèlement, insultes, menaces, moqueries, questions indiscrètes". Près de 20% des filles ont subi des agressions personnelles (8 % des garçons) et "les témoignages déposés manifestent parfois de graves atteintes à la vie privée et à l'image ainsi qu'une exposition à la malveillance". Si 27 % des jeunes disent avoir été choqués, 11 % disent que "ça les a amusés". Parmi les conclusions de l'enquête, l'auteure de la synthèse, Sophie Jehel, estime que "le respect des filles sur le web apparaît comme un enjeu majeur", tout comme "la promotion d’usages responsables, la connaissance de sites variés et de qualité, la compréhension du fonctionnement du web" .
L'étude est téléchargeable ici