La réforme du collège, le numérique... Najat Vallaud-Belkacem lève les coins du voile devant les députés
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 18 septembre 2014.
"La rentrée s'est bien passée" et la ministre de l'Education nationale entend bien "poursuivre la mise en oeuvre de la loi de refondation", mais Najat Vallaud-Belkacem veut aussi "travailler sur la relation des parents à l'école", un "levier de réussite des élèves". Elle l'a dit hier, 17 septembre, aux députés de la Commission des affaires culturelles qui l'auditionnaient.
Sans surprise, la ministre a listé les thèmes de la refondation, la priorité au primaire, la rénovation du socle et des programmes, l'évaluation des élèves qui doit être "plus encourageante que décourageante", et la réforme à venir du collège. Elle a également insisté sur les nouveautés de la rentrée, notamment la "cidéisation" de 7 400 "accompagnants des élèves en situation de handicap" et la création de 30 unités, une par académie, d'accueil d'enfants autistes en maternelle, mais elle a aussi évoqué sa "sensibilité particulière" qui la pousse à s'intéresser donc aux relations parents-école, mais aussi au numérique et aux relations entre l'école et le monde professionnel. Elle souhaite notamment que "l'Ecole s'intéresse à ce que deviennent les élèves" au sortir d'un établissement, et qu'elle permette à tous les élèves de faire l'expérience du monde professionnel, avec une meilleure organisation de l'offre de stages, le développement de l'apprentissage, une plus grande "valorisation de l'enseignement professionnel", et un travail sur les diplômes pour qu'ils correspondent mieux à "ce dont les entreprises ont besoin".
Najat Vallaud-Belkacem a dévoilé les axes de la réforme du collège. Celui-ci doit rester "unique", mais sa "physionomie sera transformée". A côté d'un "tronc commun" seront développés des "modules d'enseignement complémentaires", destinés à "répondre aux besoins" des élèves. A cette réorganisation s'ajouteront la nouvelle définition du socle, de nouveaux programmes, le PIODMEP (parcours d'information, d'orientation et de découverte du monde économique et professionnel) et les "parcours d'éducation artistiques et culturels" pour lesquels elle a demandé au CSP (Conseil supérieur des programmes) de lui proposer à l'automne un référentiel, lequel sera complété par "un protocole" et "un guide".
Voici d'autres échos de cette audition :
Rythmes : Najat Vallaud-Belkacem a confirmé que le fonds d'amorçage serait "prolongé" sur l'année 2015-2016, "et après, nous verrons", en fonction de l'intérêt des enfants. Les établissements privés n'y sont éligibles que si les nouveaux rythmes y sont mis en oeuvre. A ce sujet, la ministre est confiante, "la plupart va suivre", d'une part parce que la réforme fait la preuve de son efficacité en termes d'apprentissage, d'autre part parce que l'organisation municipale des centres de loisirs sera le plus souvent modifiée en fonction des écoles publiques.
La réforme fera l'objet d'une évaluation "transparente", comme "sur tous les sujets".
Direction d'école : Après avoir rappelé les "progrès déjà obtenus" par les directeurs d'école, la ministre a précisé que la décharge pour la rentrée scolaire serait portée l'an prochain à 10 journées, fractionnables sur l'année.
Notation- Evaluation : Le ministère a déjà reçu 800 candidatures pour le jury de la conférence de consensus sur l'évaluation des élèves.
Education prioritaire : N. Vallaud-Belkacem "n'oublie pas" qu'elle a été ministre de la Ville, et elle sera "très sensible" à la convergence des indicateurs qui ont présidé à l'établissement de la carte des quartiers en difficulté et de ceux qui permettront l'établissement de la carte des REP (réseaux d'éducation prioritaire). "Les recteurs sont associés à la signature des contrats de ville", rappelle-t-elle.
SEGPA : Interrogée sur le devenir des SEGPA (sections d'enseignement général et professionnel adapté), la ministre assure les députés de sa volonté de les "conforter", mais aussi de favoriser l'orientation de leurs élèves vers les CAP et les baccalauréats professionnels.
Collégiens : N. Vallaud-Belkacem évoque la vie collégienne, et son désir de donner aux élèves "davantage de marges de manoeuvre" pour participer à la vie associative.
Numérique. Si elle laisse au président de la République la primeur des annonces concernant le "plan informatique", la ministre indique que l'initiative prise cette année par son prédécesseur pour introduire le codage dans les activités périscolaires représente une solution transitoire en attendant que le CSP (Conseil superieur des programmes) l'intègre dans les nouveaux programmes. Par ailleurs, "9 000 établissements sont déjà reliés au très haut débit" et le ministère travaille avec les éditeurs scolaires sur les manuels numérisés.
Sport scolaire : L'année scolaire 2015-2016, qui verra sur le territoire hexagonal l'eurobasket et l'euro foot, pourrait être "l'année du sport européen à l'école".
Apprentissage : La découverte de l'apprentissage doit être intégrée aux PIODMEP (parcours d'information, d'orientation et de découverte du monde économique et professionnel), à APB (admission post-bac) et la formation des enseignants doit leur permettre de mieux le valoriser auprès de leurs élèves.
Recrutement des enseignants : Le dispositif des EAP (emplois d'avenir professeurs) "n'est pas assez connu". L'objectif est fixé à 10 000.
Illettrisme : Pour lutter contre l'illettrisme des parents, la ministre voudrait voir se développer des actions éducatives familiales.
Décrochage : Le décret instaurant un "droit au retour en formation" pour les 18-25 ans est en cours de rédaction. Ceux-ci seront sous statut scolaire, mais pas dans les salles de classe avec des élèves beaucoup plus jeunes.
Bourses au mérite : C'est le seul sujet sur lequel la ministre se départit de son sourire. Elle est "très agacée" par les polémiques, alors que les quelque 7 000 étudiants concernés "ne sortent pas des radars" et bénéficient de l'augmentation des bourses sur critères sociaux.