Méthodes de lecture : deux réactions au "sujet" de France 2 sur la méthode syllabique
Paru dans Scolaire le mercredi 17 septembre 2014.
Lundi 15 septembre, "la science a tranché" en faveur de la méthode syllabique, estime une journaliste du "20 heures" de France 2. Elle donne la parole à l'équipe de Stanislas Dehaene, spécialiste du fonctionnement neurologique et à l'aide de schémas et d'IRM nous montre comment l'activation de certaines zones du cerveau confirme la supériorité du "b - a ba".
Le "collectif racine" (proche de Marine Le Pen) se félicite de cet "éclairage" scientifique qui conforte une méthode qui "se justifie par le seul bon sens : on apprend à lire en partant de la partie - la lettre, le son, la syllabe -, pour accéder à la totalité - le mot, la phrase, le texte." Il rappelle qu'il conçoit "le retour à la méthode syllabique" comme un "élément angulaire d'un grand plan national de redressement de l'Ecole".
A l'inverse, Evelyne Charmeux, spécialiste de l'enseignement de la lecture, estime sur son blog que, "à force de frôler le ridicule, on finit par tomber dedans". Elle estime notamment que la démonstration se retourne puisqu'une petite fille "nous a expliqué, après avoir lu — à haute voix, et fort bien, preuve qu'elle avait lu des yeux bien avant — les prétendues opérations de déchiffrage qu'elle aurait effectuées pour en arriver là" et qu'elle avait donc "tout ce qu'il faut pour échapper aux dangers des aberrations pédagogiques qu'on lui faisait subir". De plus, les séances d'IRM "n'ont démontré que l'évidence : les zones cérébrales qui sont stimulées quand il [un petite garçon, ndlr] déchiffre, sont celles que le déchiffrage, appris auparavant, stimule". Elle rappelle que, pour elle, "déchiffrer des mots isolés est une activité d'identification" et non pas "une activité de lecture" et que "commencer par le déchiffrage des mots est une erreur multiple" qui mettra "en difficulté le futur lecteur", lequel "doit au contraire apprendre à comprendre directement avec les yeux" (le blog d'E. Charmeux, ici).