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Quand l’histoire du genre interroge l’enseignement de l’histoire (Michèle Riot-Sarcey - Laurence De Cock)

Paru dans Scolaire le dimanche 14 septembre 2014.

Lorsqu’on interroge la place de la femme dans les manuels scolaires, pose-t-on vraiment la bonne question ? "Le genre est quelque chose qui classifie, qui nous permet de saisir les processus de différenciation entre les hommes et les femmes", rappelle Michèle Riot-Sarcey. L’historienne, auteur de plusieurs ouvrages et articles sur le féminisme et les utopies, est intervenue ce 14 septembre à la Fête de l’Humanité, en compagnie de Laurence De Cock, membre du collectif Aggiornamento et du Comité de vigilance des usages publics de l’histoire. Pour introduire la question – les enjeux de l’enseignement du genre- la première a d’abord rappelé que c’est souvent au moment où les lignes bougent que les résistances les plus vives s’expriment. "On réfléchit depuis les années soixante-dix, aux processus de domination homme-femme (…) Aujourd’hui, la société évolue, on sent que l’égalité hommes-femmes progresse, alors c’est la panique."

Selon Laurence de Cock, l’école est forcément en ligne de mire, "étant conçue au départ comme un espace de reproduction des dominations". De fait, la question de la place des femmes dans les programmes s’est posée tardivement. C’est Ségolène Royal qui l’a introduite en 2000, avec une circulaire de cadrage des programmes, appelant à la vigilance sur l’égalité. Ce qui d’ailleurs n’a pas eu forcément grand effet, remarque l’historienne.

Surtout, l’enjeu est autre. Il ne suffit pas de réintroduire un quota de femmes, voire la place des femmes pour véritablement faire avancer la réflexion sur cette question. "Cela reste une sorte d’excroissance de l’histoire des hommes (…) Il faudrait plutôt réinterroger les relations hommes-femmes dans l’histoire." Contrairement aux Sciences de la vie et de la terre et à l’Education physique et sportive, l’histoire, en tant que discipline n’a pas pris la question à bras le corps. Explication de Laurence De Cock : "Nous n’enseignons pas l’histoire sociale à l’école, nous ne l’enseignons pas du point de vue des acteurs. Elle reste événementielle, verticale." S’intéresser véritablement aux interactions hommes-femmes et plus largement aux interactions sociales impliquerait donc une réécriture des programmes.

Pour l’enseignante, il est pour autant possible, en classe, de réinjecter la dimension sociale de l’histoire. "Cela demande de sortir du cours magistral, et souvent, c’est considéré comme un risque de ne pas pouvoir boucler le programme. Mais les enseignants peuvent prendre la liberté de choisir des ressources ou de mettre en place des dispositifs pédagogiques qui font jouer les relations hommes-femmes."

 

 

Muriel Florin

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