La refondation pour les enfants les plus démunis (Jean-Paul Delahaye)
Paru dans Scolaire le jeudi 11 septembre 2014.
Chargé par B. Hamon d'une mission sur la grande pauvreté et la réussite scolaire, mission confirmée par Najat Vallaud-Belkacem, Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l'enseignement scolaire l'a répété inlassablement hier 10 septembre, "donner plus aux enfants les plus démunis, ce n'est pas donner moins aux enfants de Henri-IV". Ce message était l'essentiel de son discours après que Vincent Peillon lui eut remis les insignes d'officier de la Légion d'honneur dans les grands salons de la Sorbonne. Pour lui, la "refondation" a été lancée pour "plus de justice" et donc pour les enfants qui sont victimes de la pauvreté, un sur cinq en France, un sur deux en ZUS. Bien sûr, personne n'est contre, mais à la condition que cela ne perturbe pas le fonctionnement actuel d'une institution qui permet aux enfants de ceux qui ont le pouvoir de réussir...
Il faut donc "dépasser le compassionnel", et "construire la conscience de l'intérêt général", mais Jean-Paul Delahaye est bien conscient de l'ampleur de la tâche quand les classes moyennes fragilisées "se font la guerre" et sont hantées par la peur du déclassement. Il constate pourtant, avec satisfaction, que la Gauche a pu enrayer la chute des fonds sociaux "qui avaient fondu" entre 2002 et 2012.
Vincent Peillon avait rappelé l'itinéraire de cet enfant d'une femme de ménage qui a pu aller à l'internat, tous frais payés, dès la 6ème, puis à l'Ecole normale dès la seconde, et qui a ensuite gravi tous les échelons de l'Education nationale. L'ancien ministre a redit sa conviction que "l'Ecole est fondatrice de la République", que refonder l'une, c'est refonder l'autre, et il rapporte s'en être entretenu avec Najat Vallaud-Belkacem qui va poursuivre dans cette voie. "Il faut faire la réforme du collège", elle est essentiellement pédagogique et elle doit permettre de "sortir les enseignants de leur solitude", de travailler en équipes, a-t-il ajouté. Jean-Paul Delahaye a la conviction d'avoir "servi un très grand ministre de l'Education nationale".