Education : la France n'est plus le mauvais élève de l'OCDE
Paru dans Scolaire le mardi 09 septembre 2014.
L'OCDE publie ses "regards annuels sur l'éducation", qui incluent cette année les données de PISA sur le niveau des élèves de 15 ans, de TALIS sur les enseignants du niveau collège et de PIAAC sur les compétences des adultes. Leur croisement donne "une vision plus positive du système français" qui a permis d'améliorer considérablement en 40 ans le niveau de sa population active. Seuls 20 % des 55-64 ans sont diplômés du supérieur, contre 43 % des 25-34 ans (39 % en moyenne OCDE). Si la Corée fait largement mieux (plus de 50 points d'écart), la Pologne et le Japon un peu mieux (entre 25 et 30 points), l'Irlande et le Luxembourg sont à peu près au même niveau. L'OCDE ajoute que 40 % des 25-34 ans ont un niveau de formation plus élevé que leurs parents, ce qui témoigne d'une belle "mobilité ascendante"... mais ce satisfecit est assorti d'un sérieux bémol : un jeune dont les parents n'ont pas au moins le baccalauréat ont six fois moins de chances de faire mieux que ceux dont les parents sont bacheliers. Comme la formation continue n'est pas un des points forts d'un pays où l'accès à l'emploi est fortement lié au diplôme, de même que le niveau en "litteratie", la nécessité de mettre l'accent sur les moins qualifiés s'impose. L'éducation prioritaire est "la priorité des priorités" et il n'est pas certain que les avantages consentis aux enseignants en REP+ soient suffisants pour attirer les meilleurs. Au Brésil, ceux qui sont dans les établissements les plus difficiles voient leur salaire augmenté de 60 % !
Eric Charbonnier, qui a extrait du recueil statistique les éléments significatifs pour la note sur la France, relève d'ailleurs que les salaires effectifs des enseignants tendent à se rapprocher des salaires des autres actifs diplômés de l'enseignement supérieur quand ils travaillent au lycée, alors qu'il est inférieur (72 %) pour ceux qui sont dans le premier degré. La différence est plus forte encore en Finlande (65 % pour les enseignants en pré-primaire contre 109 % au niveau lycée). Il s'agit là des salaires effectifs, incluant le fait que dans le second degré, les enseignants touchent davantage de primes, et que, dans les lycées français, les enseignants sont parfois des agrégés et sont plus âgés que dans les collèges. Or, à considérer les salaires statutaires, les salaires des enseignants sont, même après 15 ans de carrière, inférieurs à ceux de la moyenne OCDE. Ils sont supérieurs en fin de carrière (50 000 équivalents $ contre 45 000 en pré-primaire, 53 000 / 51 000 en lycée). A noter qu'entre 2000 et 2012, "le salaire des enseignants a augmenté en valeur réelle, dans tous les pays dont les données sont disponibles, sauf en France, en Grèce et au Japon". Alors que dans de nombreux pays, on assiste à une hausse des salaires jusqu'en 2009, et à une baisse depuis, la baisse est continue en France.
Pour l'OCDE, la réforme de la formation des enseignants, même s'il est trop tôt pour juger de la réussite des ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) va dans le bon sens, et il est dommage que les polémiques sur la réforme des rythmes scolaires, qui va elle aussi dans le bon sens, occupent à ce point l'espace médiatique. "C'est la formation des enseignants qui fait la différence" (voir aussi ToutEduc ici et ici).
L'édition 2014 des "Regards sur l'éducation" est téléchargeable sur le site de l'OCDE ici.