Rythmes éducatifs : première évaluation à Paris
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 05 septembre 2014.
La réforme des rythmes éducatifs amène "une plus grande intégration du périscolaire au sein des écoles" en même temps que "des fractures au sein de la communauté éducative", constate à Paris la mission d'évaluation conduite par ICC avec le cabinet Veres et l'INJEP. Selon le rapport, "les acteurs sont encore en phase de co-construction de postures éducatives". Les enseignants "se reconnaissent dans les positions de leurs syndicats, majoritairement opposés à la réforme", mais "nombreux sont ceux qui témoignent d'une vraie volonté de voir l'offre s'améliorer et du souci de s'engager dans une démarche constructive". De nouveaux acteurs émergent. C'est ainsi que la CAF travaille avec l'Education nationale : "c'est nouveau pour nous", dit-elle. Elle n'intervient pas "que comme financeur", elle est "co-élaboratrice d'une politique".
En ce qui concerne les parents des enfants de maternelle, "l'inquiétude a été et demeure vive" même s'il faut "dédramatiser les discours alarmistes" et si "les enfants semblent prendre du plaisir aux ateliers". En élémentaire, "les retours positifs des enfants ont pu rassurer les plus inquiets", même si certains parents sont hostiles au fait de laisser les enfants choisir leurs ateliers et se plaignent d'être "contournés dans leur rôle éducatif". Les animateurs se sentent compétents pour gérer les groupes d'enfants, mais moins compétents techniquement sur les activités et ils ont besoin "de développer de nouveaux savoir-faire pour proposer des choses différentes du centre de loisirs". Les ASEM (agents spécialisés des écoles maternelles) évoquent "une situation de tension nerveuse assez forte" et une identité professionnelle "floue". La coopération entre animateurs et enseignants est plus étroite en maternelle qu'en élémentaire.
D'ailleurs, "le passage de relais" entre enseignants et animateurs "s'effectue différemment" selon les écoles, parfois les animateurs viennent chercher les enfants en classe, ailleurs, les enseignants descendent les enfants dans la cour où les animateurs les répartissent en groupes. Et si "les conditions de mise en oeuvre peuvent être plus favorables dans les quartiers favorisés (...), c'est en définitive à l'ensemble de la population parisienne que bénéficie l'offre d'ateliers périscolaires, mais davantage encore aux populations des quartiers les plus denses de Paris, les plus mixtes socialement et les plus défavorisés."
Les auteurs de l'étude font plusieurs recommandations : "clarification des rôles", "adaptation pour les maternelles", "lutte contre les inégalités d'accès au développement culturel, artistique et sportif"... et surtout "passer d'une logique de rythmes" et de "juxtaposition des temps de l'enfant" à une phase "d'intégration" et de "construction" d'un parcours périscolaire pour chaque enfant.
"Mission d'évaluation de l'aménagement des rythmes éducatifs à Paris". Contact ICC (Inter consultants chercheurs) 01 45 83 50 54