SE-UNSA : des enseignants "dépités" malgré des avancées sur plusieurs dossiers
Paru dans Scolaire le mercredi 27 août 2014.
"Nos collègues sont déçus, dépités. Pourtant, le dialogue social avec le ministère n'a jamais été aussi intense et il permet d'avancer sur plusieurs sujets." C'est sur ce constat paradoxal que Christian Chevalier a ouvert, ce 27 août, la conférence de presse de rentrée du SE. Le secrétaire général du syndicat UNSA des enseignants estime qu'ils "se perçoivent comme mal aimés, sous la coupe d'une hiérarchie envahissante" et il souligne le décalage entre "une profession dynamique", qui aime son métier, et une institution qui n'est pas "en capacité de leur faire confiance". Pour le responsable syndical, "le temps des personnels doit maintenant venir".
Au total, le syndicat a reçu près de 18 000 réponses au long questionnaire, plus de 50 questions, qu'il proposait aux enseignants. Plus des 3/4 estiment qu'ils ont bien fait de choisir ce métier, les deux tiers se sentent épanouis dans leur travail, ils sont même 84 % à être satisfaits du travail fait avec leurs élèves, mais ils sont aussi nombreux à penser que l'opinion publique n'a pas une vision positive de leur métier, et plus nombreux encore à penser qu'elle ne comprend pas leurs contraintes professionnelles. C'est même parfois leur famille qui ne les comprend pas. Ils sont de plus trois sur quatre à estimer que leur hiérarchie ne valorise pas leur métier et ne reconnaît pas leurs contraintes professionnelles. Ils sont d'ailleurs deux sur trois à redouter les inspections. Ils sont souvent en désaccord avec les évolutions, trop rapides, de leur métier, ils pensent "tout le temps" à leur travail, mais, même s'ils sont "bien dans leurs baskets", ils souhaitent quitter un jour l'Education nationale (25 %) et/ou changer de métier à l'intérieur de l'Education nationale (49 %). Le malaise est nettement plus marqué dans le premier degré, et "la réaffirmation de la confiance institutionnelle à l'égard des enseignants [de ce niveau] doit être une priorité."
Interrogés sur les rythmes scolaires, les responsables du SE disent ne pas sentir "la montée d'une fronde" et considèrent que la réforme bénéficie d'une "acceptation collective". Sur le socle, le SE-UNSA reste aussi critique qu'il l'était avant l'été (voir ToutEduc ici) et annonce "on ne lâchera pas le morceau". En revanche, il demande à la nouvelle ministre de l'Education nationale de "ne pas lâcher" sur l'égalité filles-garçons, même si c'est un travail à faire de préférence "sans tambours ni trompettes", donc sans le label des ABCD, mais au quotidien dans les classes. Et surtout, le syndicat demande au ministère la mise en place d'une réelle GRH (gestion des ressources humaines) de proximité, de façon à respecter à la fois les règles de l'équité nécessaire pour une gestion de masse et à prendre en compte les situations individuelles, à reconnaître les compétences acquises, à permettre des parcours de formation qui n'aient rien à voir avec les "animations pédagogiques", considérées comme inutiles.
Plus globalement, le SE demande à Najat Vallaud-Belkacem de la continuité dans l'action pour "aboutir au changement" et du volontarisme.