Archives » Actualité

ToutEduc met à la disposition de tous les internautes certains articles récents, les tribunes, et tous les articles publiés depuis plus d'un an...

Education civique et morale : le projet de programme et les questions que le groupe qui l'a élaboré s'est posées

Paru dans Scolaire le vendredi 04 juillet 2014.

Le "projet de programme d’enseignement moral et civique" pour l'école élémentaire et le collège a été adopté par le CSP (Conseil supérieur des programmes) et publié par le ministère. Le document prévoit que l'évaluation de cet enseignement "fera l’objet d’une proposition ultérieure". Selon les informations recueillies par ToutEduc, le groupe d'élaboration du projet a voulu répondre à deux types d'objections, celles du philosophe Ruwen Ogien (CNRS) pour qui la morale doit se limiter au tort fait à autrui, et qui refuse tout modèle de vertu, et celles de ceux pour qui l'Etat n'a pas à intervenir dans ce domaine, puisque "à chaque famille ses valeurs".

Pour les experts de ce groupe, au contraire, l'éducation commence dans la famille et se poursuit à l'Ecole, à charge pour celle-ci de transmettre une "morale commune" qui n'empiète pas sur les valeurs familiales et qui soit fondée sur "une éthique de la discussion" plutôt que sur un corps de doctrine, même si celui-ci ne peut pas être complètement absent. Il leur fallait donc trouver un équilibre entre "un perfectionnisme faible" et un modèle délibératif, d'où le choix de l'expression "culture morale et civique". A noter que l'adjectif "laïque" ne figure pas dans l'énoncé.

Une culture à 4 dimensions

Cette culture, précise le document publié, "comporte quatre dimensions", une dimension sensible, une dimension normative (culture de la règle et du droit), une dimension cognitive (culture du jugement) et une dimension pratique (culture de l’engagement). Elles sont déclinées pour chacun des 3 cycles de l'école élémentaire et du collège (l'école maternelle n'est pas concernée) en compétences, connaissances et exemples pratiques. Par exemple, pour les collégiens, la dimension "sensible" comporte la compétence "être capable d’identifier et de nommer ses émotions et ses sentiments" et la "connaissance et structuration du vocabulaire des sentiments moraux", à partir par exemple de l'analyse avec l'enseignant et le CPE "d’une situation de tension dans une classe".

Dans le document publié, le groupe explique que "la sensibilité est une composante essentielle de la vie morale et civique" puisqu'il n’y a pas "de conscience morale qui ne s’émeuve, ne s’enthousiasme ou ne s’indigne", tandis que "la culture de la règle et du droit vise à faire acquérir le sens des règles au sein de la classe, de l'école ou de l’établissement" et elle "a pour finalité de faire comprendre comment, au sein d'une société démocratique, des valeurs communes trouvent force d'application dans des règles communes", par exemple la constitution de la Ve République. La formation du jugement moral "doit permettre de comprendre et de discuter les choix moraux que chacun rencontre dans sa vie", ce qui suppose de s'initer "à la complexité des problèmes moraux" et de confronter les points de vue. Enfin la "culture de l’engagement" "doit permettre aux élèves [de] devenir acteurs de leurs choix, et [de] participer à la vie sociale de la classe et de l’établissement dont ils sont membres".

Un enseignant ou tous les enseignants ?

Ce projet devrait être complété par des documents d'accompagnement produits par le ministère, et plus précisément la DGESCO. Le groupe d'experts compte bien être associé à leur rédaction. Il estime par ailleurs que "l’enseignement moral et civique doit avoir un horaire spécialement dédié" sans être réduit à "un contenu enseigné à côté des autres". Selon les informations recueillies par ToutEduc, le groupe d'experts laisse à l'administration le soin de trancher la question de l'interdisciplinarité au collège. Si cet enseignement est confié à l'ensemble des professeurs, il y a risque de dilution, et s'il est confié à un enseignant, celui d'Histoire-Géographie par exemple, il y a risque de "disciplinarisation", alors que de nombreuses matières sont concernées, notamment les SVT, l'EPS, le français, mais aussi la vie scolaire... En ce qui concerne l'évaluation, elle est nécessaire, "un enseignement qui n'est pas évalué n'est pas un enseignement", mais elle ne peut avoir une forme traditionnelle et aboutir à des résultats du type "0 en droits en l'Homme". 

Le document publié par le ministère insiste sur la nécessité d'une "formation à l’EMC dans les master MEEF des ESPÉ". Elle doit avoir "un contenu spécifique clairement identifié" et elle implique "une réflexion approfondie sur l’engagement moral du choix d'éduquer et sur les exigences éthiques et déontologiques que ce choix impose aux enseignants". Quant à la formation continue, "elle relève de l’analyse de pratiques" articulée à la connaissance d'éléments théoriques ; des stages non différenciés doivent s'adresser aux "enseignants de tous les degrés et [aux] personnels d’éducation" et "des stages plus spécifiques" aux professeurs principaux. Le groupe ajoute que "toutes les ressources des technologies de l’information et de la communication doivent pouvoir contribuer à la pérennité et à l’efficacité de la formation continue."

Le document ici

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →