Affectation au lycée: "Le bonus boursier mis en place à Paris contribue fortement à la mixité sociale" (Ecole d’économie de Paris)
Paru dans Scolaire le mercredi 02 juillet 2014.
L’académie de Paris a réduit l’impact du lieu de résidence des familles dans les procédures d’affectation après la 3e en proposant à chaque lycéen le choix entre 11 ou 17 lycées contre 1 ou 2 à Versailles et Créteil. Et "Paris se distingue des autres académies franciliennes par l’adoption d’une politique de discrimination positive en faveur des élèves les plus défavorisés socialement, à travers l’instauration de bonus spécifiques pour les élèves boursiers". C’est ce qui ressort d’une étude présentée ce mercredi 2 juillet, devant le conseil régional d'Ile-de-France et portant sur l’impact des procédures de sectorisation et d’affectation sur la mixité sociale et scolaire dans les lycées d’Ile-de-France. Cette étude a été réalisée par l’Institut des politiques publiques (IPP) de l’Ecole d’économie de Paris.
"Le bonus boursier mis en place à Paris contribue fortement à la mixité sociale." Les changements introduits par la procédure d’affectation parisienne ont pour conséquence (pour la période de 2002 à 2012) la diminution d’un tiers de la segmentation sociale des lycées généraux et technologiques publics à Paris. La mesure permet également de réduire l’écart entre le niveau moyen des lycées fréquentés par les boursiers et les non boursiers. Selon ce rapport, les procédures d’affectation comme Affelnet constituent des leviers puissants pour agir sur la mixité sociale et scolaire dans les lycées publics.
Absence de politique visant à la mixité au sein des établissements
Un deuxième rapport portant sur "la mixité sociale et scolaire en Île-de-France : le rôle des établissements", également réalisé par l'IPP, affirme qu’en moyenne, "les déséquilibres qui émanent directement du hasard permettent d’expliquer 84% de la ségrégation sociale et 72% de la ségrégation scolaire". "L’intensité de la ségrégation entre classes d’un même établissement s’explique davantage par l’absence de politique visant à la mixité au sein des établissements que par l’existence de politique implicitement ségrégative de la part des chefs d’établissements." Après le hasard des affectations, la deuxième source de ségrégation est "le résultat du regroupement dans les mêmes classes d’élèves ayant choisi les mêmes langues vivantes ou les mêmes options". Parmi les 16 % de ségrégation sociale qui ne sont pas expliqués par le hasard, 62 % sont expliqués par la distribution des options dans les classes.
Le rapport pointe des établissements qui recourent à une ségrégation active: cela concerne 21 % des collèges et 13 % des lycées. "Les établissements à forte fréquence de ségrégation active se situent dans des villes généralement plus riches et plus denses que la moyenne". Ce phénomène est constaté dans des établissements publics qui subissent une forte concurrence du privé.
Renforcer le rôle du chef d’établissement
La troisième étude porte sur les facteurs de réussite scolaire et a été réalisée par le cabinet Sémaphores. Le rapport formule des préconisations ;
- Créer les conditions d’un renforcement du "leadership" du chef d’établissement et de l’investissement de l’ensemble des acteurs
- Œuvrer à une plus grande reconnaissance de la disponibilité et de la mobilisation des équipes
- Contribuer à renforcer l’existence ou à construire une fierté d’appartenance au lycée
- Financer des projets qui contribuent à la croyance dans la possibilité de la réussite de tous
- Contribuer à désenclaver les lycées les moins bien desservis en termes de transport
- Veiller aux équilibres des populations entre les lycées de proximité et dans les lycées
- Agir sur les moyens matériels et humains de la réussite en consolidant l’administration du réseau et la maintenance du système d’information