Rapport " Quelle France dans 10 ans": diviser le nombre de décrocheurs par trois, investir dans l'accueil du jeune enfant
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le mercredi 25 juin 2014.
Diviser le nombre de décrocheurs par trois, diviser par deux l’illettrisme, investir dans la socialisation et l’accueil du jeune enfant : un rapport remis mercredi 25 juin au président François Hollande et au Premier ministre Manuel Valls dessine les enjeux de "la France dans 10 ans". Ce rapport de 230 pages agrémentées d’indicateurs chiffrés est "une analyse des enjeux essentiels auxquels la société française doit répondre et de leurs implications". Il a été rédigé par "France Stratégie" et dirigé par l'économiste Jean Pisani-Ferry. Le rapport pointe la "dégradation de nos performances scolaires" depuis 25 ans par rapport aux pays ayant un PIB comparable. Il plaide pour des "arbitrages entre politiques, largement en faveur de la jeunesse, c’est-à-dire des actions pour la petite enfance, l’éducation, et la formation tout au long de la vie".
Le rapport préconise de garantir d’ici dix ans pour tous les enfants de 6 mois à 3 ans l’accès à un mode de garde, collectif ou individuel. Cela permettrait de lutter contre les inégalités liées au milieu d’origine des enfants, qui "se répercutent dans leur développement et peuvent handicaper leur accès aux savoirs de base". Une meilleure information des parents, "à la fois sur les modes de garde disponibles et sur les règles d’attribution des places, compléterait ce dispositif".
Réallocation des dépenses d’éducation en faveur de l’école primaire
La France investit plus de 6 % de son PIB dans l’éducation, les dépenses par élève dans le primaire sont de 17 % inférieures à la moyenne de l’OCDE alors qu’elles lui sont supérieures en ce qui concerne le collège et le lycée. "Une réallocation des dépenses d’éducation en faveur de ce niveau permettrait de lutter contre les inégalités sociales d’apprentissage et favoriserait l’insertion future des élèves sur le marché du travail." Cet effort devrait s’accompagner d’une "amélioration qualitative de la capacité du système scolaire à réduire l’influence de l’origine sociale sur la réussite scolaire". Cela passe par "la formation des enseignants et la valorisation de leur travail, ainsi que par la différenciation et l’expérimentation en matière d’organisation et de pédagogie, afin d’assurer la meilleure adéquation entre les moyens déployés et les besoins du terrain".
Les enseignants expérimentés devront bénéficier d’incitations fortes à intervenir dans les établissements difficiles. Les chefs d’établissement devront se voir confier davantage d’autonomie pour être capables "d’adapter les moyens et les modes d’organisation selon leurs besoins". Il devrait leur être permis de mener des expérimentations dans le champ de la pédagogie.
Moderniser les méthodes du système d’enseignement
Le rapport préconise que la France se fixe comme objectif de diviser par trois la proportion des élèves sortant du primaire sans maîtriser la langue française (chiffré à 20 % aujourd’hui, selon les rapporteurs), et de réduire d’un tiers la proportion des élèves ne maîtrisant pas les principaux éléments scientifiques (29 % aujourd’hui). "Sur la base d’efforts soutenus en matière de préscolarisation et d’enseignement primaire, et par un meilleur emploi des moyens du secondaire, il est possible de diviser par trois le nombre de décrocheurs quittant le système éducatif sans diplôme (ils sont actuellement 140 000 par an)". L’action devra reposer sur "un accroissement de l’efficience et sur une modernisation des méthodes du système d’enseignement".
La rénovation concerne les savoirs : l’école n’enseigne pas le codage informatique. Celui-ci devient essentiel dans beaucoup d’activités alors que les technologies numériques vont dévaloriser l’enseignement magistral. "Il importe au plus haut point que l’école se saisisse de ces innovations et en fasse l’occasion d’une rénovation de ses méthodes dans le sens d’une plus grande promotion des capacités d’apprentissage autonome et de critique des élèves".
L'intégralité du rapport " Quelle France dans 10 ans? " (ici).