Comment faire progresser la qualité de vie au travail des enseignants, thème du colloque d' "Aide aux profs"
Paru dans Scolaire le mercredi 18 juin 2014.
L'association "Aide aux profs" organisait ce 18 juin son premier colloque sur le thème "Souffrir d'enseigner : 
peut-on l'éviter ?", mais une formule de Josette Théophile, qui a été directrice des ressources humaines au ministère de l'Education nationale résume le propos de la matinée : "comment faire progresser le système éducatif dans le sens de la QVT, la qualité de vie au travail ?". Et si elle pointe de nombreux obstacles, notamment "un encadrement non responsabilisé", elle a aussi des raisons d'espérer. Les résultats des évaluations PISA amènent à une prise de conscience, il faut réduire l'échec scolaire, et certains font le lien avec une amélioration de la gestion des ressources humaines, laquelle suppose que chaque enseignant ait un interlocuteur identifié à proximité, et donc que soit mis en place un management de proximité. Cela suppose aussi que "l'Etat joue son rôle d'employeur" en matière de médecine de prévention, et qu'on fasse disparaître les concours internes pour faciliter de vrais parcours professionnels entre les niveaux d'enseignement et entre les fonctions d'enseignement, de direction, d'inspection...
Laurence Bergugnat (ESPE de Bordeaux) a travaillé sur le "burn out" des enseignants et le diagnostic est formel, certains sont en état d'épuisement émotionnel dès la fin de leur formation, d'où des attitudes défensives qui interdisent toute remise en cause en même temps qu'elles provoquent une perte du sentiment de compétences pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs élèves. Ils en sous-évaluent les performances, tout en reproduisant les stéréotypes de genre, et leur niveau baisse. Autre constat, on ne s'en sort pas seul, et les stratégies de repérage et de soutien aux enseignants en difficulté sont contre-productives. Il est en revanche possible de former les enseignants à l'analyse des pratiques. Mais vu les restrictions budgétaires qui interdisent de rémunérer des intervenants pour réguler ces groupes (sur le modèle de Balint, ndlr), il faut les former en outre à développer des groupes d'entraide en autonomie, sans intervenants. Une expérience est en cours tandis que l'étude sur "les déterminants et les conséquences de l’épuisement professionnel des enseignants débutants" est en ligne sur le site du CNDP-Canopé (ici). 
José-Mario Horenstein, co-auteur avec Rémi Boyer de "Souffrir d'enseigner, faut-il rester ou partir" et ancien médecin psychiatre de la MGEN montre pour sa part, après avoir exposé les mécanismes de l'empathie, à quel point le "burn out est contagieux", les discours cyniques sur les élèves dans une salle des profs pouvant provoquer des réactions mimétiques. Mais il montre aussi qu'on peut, à l'inverse, "aider les jeunes à avoir de l'empathie". Et Georges Fotinos, auteur de plusieurs études sur le climat scolaire qui montrent à quel point les enseignants peuvent éprouver un sentiment 
d'insécurité. Il peut concerner jusqu'à 50 % de ceux qui travaillent dans des lycées professionnels dont un tiers des enseignants pensent à quitter leur travail. Il montre aussi que les enseignants font parfois leur propre malheur, par exemple en insistant pour grouper tous leurs cours sur deux journées et demi, épuisantes, et pour conserver une monovalence qui les expose à la routine et à la monotonie. Ils devraient au contraire accepter la bivalence et accepter de voir des activités éducatives inscrites dans leur temps de service. Georges Fotinos propose la création d'un "observatoire national de la santé des enseignants".
Le site d'Aide aux profs (appelé à devenir "Après profs") ici