Les professeurs des écoles sont fatigués et surchargés (enquête SGEN-CFDT)
Paru dans Scolaire le jeudi 22 mai 2014.
95% des professeurs des écoles déclarent ressentir une fatigue au travail. 40% d’entre eux disent subir une "fatigue nerveuse". C’est le résultat d’une enquête sur les conditions de travail dans le premier degré, menée par le SGEN-CFDT et dévoilée ce 22 mai. Réalisée d’avril à septembre 2013, puis du 22 janvier à aujourd’hui, elle a recueilli 12 000 réponses. "La fatigue n’est pas liée à la durée du travail mais à la qualité de vie au travail", commente Frédéric Sève, secrétaire général du SGEN. 93% des enseignants considèrent leur quantité de travail comme importante ou très importante. "Les collègues ne font pas de pause déjeuner, ils mangent sur un coin de table. (…) Tout cela participe à cette intensité au travail qui pour moi, directeur d’école, fait écho à l’intensité imposée aux élèves avec le passage aux quatre jours d’école", affirme Adrien Ettwiller, secrétaire fédéral. 49% des enseignants interrogés déclarent utiliser la pause de midi pour travailler seuls. D’autres animent l’aide personnalisée ou participent à une réunion. Ce qui est source de "souffrance et de mal-être" pour le syndicat. "Seuls 27% parviennent à manger tranquillement".
Les propositions des enseignants concernant l’organisation du temps scolaire ont-elles été prises en compte par les collectivités locales ? 36% des enseignants interrogés répondent "partiellement" et 29% "pas du tout". La majorité avoue ne pas être au courant des PEDT, projets éducatifs territoriaux. Pour le syndicat, la hiérarchie intermédiaire n’a pas joué le rôle facilitateur qu’on attendait d’elle. "Le dialogue entre l’administration et les collectivités ne passe pas par la case école."
Les professeurs des écoles trouvent de "petits boulots" en raison de la stagnation des salaires
En cas de "problème d’ordre professionnel", 64% des répondants disent que "le soutien des collègues est suffisant pour trouver une solution", 16% déclarent "se débrouiller seuls". "C’est insuffisant et terrifiant", commente Frédéric Sève. Ainsi, "l’administration est peu perçue comme une ressource en cas de problème".
L’enquête pointe également une volonté d’évolution chez les enseignants. Plus d’un personnel sur deux souhaite avoir la possibilité d'évoluer vers d’autres fonctions, dans l’Education nationale ou hors de l’institution. Or, "le dispositif dit de ‘seconde carrière’ est en panne, il est temps de le rouvrir".
Les enseignants demandent la réduction des effectifs des classes et "des moyens humains supplémentaires". En outre, l’augmentation des salaires est revendiquée par 65% des personnels. 74% disent avoir réduit leurs dépenses en raison de la stagnation des salaires. Selon le syndicat, pour pouvoir compter sur un complément de revenu, de plus en plus d’enseignants trouvent de "petit boulots" en dehors de l’éducation, par exemple dans la restauration.
La majorité des personnels BIATSS déclare subir un stress au travail
Le syndicat dévoile également une enquête concernant les personnels BIATSS, personnels de bibliothèque, administratifs, techniques sociaux et de santé et les ITA, ingénieurs, techniciens et personnels administratifs. Ces personels qui "font tourner le ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche", déclarent en majorité subir un stress au travail "Dans n’importe quelle entreprise de tels chiffres seraient vécus comme une alarme sociale majeure", analyse Frédéric Sève.
En outre, 70% d'entre eux ne jugent pas leur entretien annuel comme étant une source d’amélioration de leur situation professionnelle. "Il y a des attentes d’évolution de carrière et de rémunération, ce n’est pas ce que les chefs de service sont capables d’apporter. Il y a un divorce entre les attentes des personnels et les réponses que l’administration est capable d’apporter", explique Frédéric Sève.
La synthèse des deux enquêtes, à consulter en ligne (ici).