Socle commun : "il n'y aura pas de consensus en l'état" (Claire Krepper, SE-UNSA)
Paru dans Scolaire le lundi 12 mai 2014.
"Le Monde" s'est procuré un document de travail du Conseil supérieur des programmes sur le "socle commun de connaissances, de compétences et de culture". Cette instance indépendante doit encore se réunir deux fois, les 15 et 22 mai, avant de remettre sa copie au ministre de l'Education nationale. Interrogée par ToutEduc, Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du SNES-FSU, dénonce cette fuite, vue comme une pression sur le ministre. Egalement interrogée par ToutEduc, Claire Krepper, secrétaire nationale du SE-UNSA, déclare : "au vu de ce que nous avons commencé à lire, nous sommes très mécontents", ce "nous" recouvrant l'ensemble des organisations favorables à la logique du socle commun.
Elle dénonce en particulier l'absence de continuité avec le socle tel qu'il avait été défini par Gilles de Robien en 2006. Cela signifie qu'il sera "déconnecté du cadre européen" et des "compétences clé" et qu'il pourra être remis en cause en cas d'alternance en 2017, ce qui en ruinerait l'idée. Cette absence de continuité apparaît également comme un désaveu pour tous ceux qui se sont engagés depuis plusieurs années dans la promotion du socle, malgré ses défauts. Claire Krepper indique que le SE avait interrogé à ce sujet Alain Boissinot, le président du CSP, et que celui-ci avait assuré que ne serait modifié que ce qui serait nécessaire.
De plus, le projet ferait la part belle à la logique disciplinaire et à "la culture commune" que défend le SNES, mais dont "on ne sait toujours pas ce que c'est" sinon "un horizon dont les lignes de fuite seraient les disciplines", ajoute Claire Krepper qui précise le SE est "en train de boucler une proposition constructive" qui sera transmise, vraisemblablement dès demain au CSP. Selon l'entourage d'un autre membre du CSP interrogé par ToutEduc, ce document est pourtant très loin de favoriser une approche strictement disciplinaire des enseignements.
Selon Le Monde, le document de travail prévoit un socle reposant sur 5 domaines (et non plus 7 piliers), "les langages fondamentaux", "apprendre à apprendre", "former la personne et le citoyen", "l'homme et le monde : les sciences et les techniques", "l'activité humaine dans un monde en évolution".
Le premier prévoit que "l'élève est capable de lire, comprendre et exploiter des textes, des documents divers, des images et des sons, des énoncés scientifiques, des données numériques, des tableaux et des graphiques. Il doit savoir écouter les autres, parler et communiquer en s'adaptant à des situations de communication variées." En ce qui concerne "les principales méthodes de travail", elles ne "constituent pas un enseignement en soi", mais elles doivent "faire l'objet d'un enseignement programmé et explicite". Le troisième pilier indique que l'école "a une responsabilité particulière dans la formation de l'élève en tant que personne et que futur citoyen", qu'elle doit développer "l'estime de soi" et permettre à l'élève "d'acquérir des capacités d'esprit critique et de jugement en même temps que le sentiment d'appartenance à une collectivité".
A l'issue de leur scolarité au collège, les élèves "doivent être capables de mobiliser des connaissances scientifiques pour expliquer le fonctionnement d'objets, d'organismes, de phénomènes du monde naturel" et d' "acquérir de nouvelles connaissances (...)". Le cinquième domaine "rassemble les connaissances et compétences qui permettent aux élèves d'acquérir à la fois le sens de la continuité et de la rupture, de l'identité et de l'altérité", donc de disposer des "repères indispensables pour se situer dans l'espace et dans le temps", ce qui passerait par des "activités physiques et artistiques collectives" et par "la création d'oeuvres personnelles".
Le texte complet donné par le Monde ici. La version de 2006 du socle commun ici