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"Est-ce la panique au jardin d'enfants?" Une question posée par le dossier de l'IFE sur les 0-6 ans

Paru dans Petite enfance, Scolaire le vendredi 02 mai 2014.

Les structures d'accueil de la petite enfance, de 0 à 6 ans, sont-elles en train d'évoluer, un peu partout dans le monde, "de l'éducation à la scolarisation" ? C'est la question que pose Marie Gaussel dans un dossier de veille de l'IFE (Institut français de l'éducation): faut-il laisser l'enfant "grandir en respectant ses rythmes et ses envies ou au contraire le préparer au mieux à son futur métier d'élève" ?

La question se pose différemment selon les modèles choisis. Les pays scandinaves, la Lettonie et la Slovénie ont opté pour des centres qui accueillent "des enfants de moins d'un an jusqu'à six ans", alors que d'autres ont préféré juxtaposer des structures distinctes pour les 0-3 ans et pour les 3-6 ans (ou des 2-6 ans), avec des tutelles distinctes, Santé, Famille, voire Affaires culturelles d'un côté, Education nationale de l'autre. Les pays nordiques privilégient traditionnellement une approche globale "qui permet de prendre en compte le bien-être de l'enfant, sa santé, son environnement familial et social", alors que la France et les pays anglophones ont favorisé "une approche plus scolaire". Et pour les tout-petits, depuis un décret de 2000 en France, les structures d'accueil doivent afficher "un projet éducatif" dont le texte ne précise "ni le contenu, ni les moyens à mettre en oeuvre".

Quels effets ?

Mais quel que soit le modèle, se pose la question des effets de la préscolarisation sur la réussite scolaire ultérieure, voire sur la vie toute entière des individus. Une étude australienne a montré que la scolarisation précoce contribue à la compétence à se constituer un capital social, "à court et long terme". L'auteure examine aussi attentivement toutes les thèses en présence en matière de synaptogénèse, de littératie, d'habiletés phonologiques, de numératie, d'activité cognitive des bébés, d'éveil de la curiosité intellectuelle et scientifique... Elle pose les termes du débat entre les approches qui privilégient l'affectif, et les "enseignements explicites"... Elle évalue aussi l'importance pour l'enfant de l'instauration d'une "base affective stable", et donc de la qualification des personnels et des taux d'encadrement :"plus le taux est élevé, meilleurs sont les résultats des élèves aux tests cognitifs en mathématiques et en langue", d'autant que "ce sont les relations précoces avec l'environnement humain qui favorisent, ou non, la satisfaction d'apprendre et le plaisir à penser".

Mais alors que de nombreuses recherches montrent l'importance "du jeu et de l'exploration", en France, "l'approche plus didactique qui caractérise l'évolution des structures préscolaires diminue l'importance du jeu. L'accent est mis sur les compétences langagières et cognitives plutôt que sociales et affectives."

Une remise en cause de l'école maternelle

"Dans ce contexte, il est aujourd'hui difficile de convenir avec certitude des effets positifs ou négatifs de tel ou tel mode de garde sur le bien-être de l'enfant et sur son développement (...)". Mais on assiste actuellement "à une remise en cause de l'école maternelle". En Suède, "de nouvelles réformes (...) sont mises en place afin de mieux prendre en compte les considérations internationales, leur soif d'évaluation et la demande sociale de préparation à l'école obligatoire" et ce pays "se rapproche de la tradition plus 'scolaire' que l'on trouve par exemple en France et au Royaume-Uni, et qui met principalement l'accent sur les trois savoirs de base, lire, écrire et compter."

Et l'auteure de s'interroger, "est-ce la panique au jardin d'enfants?" quand, "dans un grand nombre d'établissements, les enseignants doivent se plier à un curriculum prescriptif lié à des tests standardisés qui laissent peu de place à toute autre activité". Assisterait-on à "une académisation des activités du kindergarten" et à la mise en place "de procédures d'évaluation qui étaient jusque-là réservées à l'école élémentaire", "de plus en plus oppressantes pour les enseignants" ?

Le dossier de Marie Gaussel, "Petite enfance : de l'éducation à la scolarisation" est téléchargeable sur le site de l'IFE ici.

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