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Redéfinir les finalités de la voie professionnelle (rapport de l'IGAENR)

Paru dans Scolaire, Orientation le lundi 24 mars 2014.

"La voie professionnelle s’affirme incontestablement comme une voie de la réussite pour beaucoup de ses élèves", mais ne tend-elle pas à devenir "pour beaucoup de jeunes une voie d’attente, qui retarde le moment de l’insertion professionnelle" ?

L'Education nationale publie le rapport de son inspection générale (IGAENR) sur "les parcours des élèves de la voie professionnelle" et les points d'interrogation y sont nombreux, même si l'inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche souhaite qu'on apaise "les inquiétudes suscitées par les mutations en cours sur les finalités de la voie professionnelle". La renforcent d'ailleurs "l'hétérogénéité de la population scolaire" qu'accueillent les lycées professionnels ainsi que la diversité des objectifs poursuivis : "faire accéder à une première qualification, amener au baccalauréat professionnel, préparer à une poursuite d’études réussie dans l’enseignement supérieur".

Les auteurs sont plus sévères encore quand ils écrivent que "les parcours plus longs d’élèves plus nombreux sont le signe d’un premier défi relevé", mais que cet allongement des parcours pourrait faire de la voie professionnelle "une voie de rétention". Il y a bien eu "normalisation", "amélioration de la qualité de la formation", "augmentation des exigences", mais tout cela n'a pas "effacé" le risque du décrochage et de l’échec à l’examen.

Baisse importante du taux de réussite

En ce qui concerne la réforme qui a ramené à 3 ans le cursus menant au bac pro, les inspecteurs font une série de constats plutôt positifs. "Les sorties précoces sans diplôme au cours du nouveau cycle du bac professionnel tendent à diminuer", on assiste à un "relèvement des ambitions", "la logique de parcours plus personnalisés, plus réversibles, se met en place progressivement"... Mais "l’augmentation du nombre de bacheliers ne doit pas masquer la baisse importante du taux de réussite à l’examen par rapport à la période antérieure à la réforme". Quant aux élèves qui préparent au CAP, leur parcours "reste très fragile". A noter que 60 % des élèves de 3ème SEGPA poursuivent leur scolarité en CAP. La "somme" des élèves qui quittent l'enseignement professionnel sans diplôme reste "importante", "de l'ordre de 100 000", une estimation dont l'inspection reconnaît qu'elle n'est pas solide.

Le rapport s'interroge sur ces sorties : En ce qui concerne le cursus bac pro, "en fin de seconde comme en fin de première, un élève sur dix quitte la formation, soit un ordre de grandeur de sortants de plus de 35 000 jeunes en 2013". Mais "l’interprétation de ces chiffres reste délicate", puisque toutes ces sorties ne peuvent être qualifiées de décrochage. Elles peuvent "correspondre à des poursuites d’études par apprentissage" ou "d’autres secteurs ministériels (agriculture, santé, intérieur, etc.) ou encore à une entrée dans la vie active". Il s'interroge aussi sur les BEP ou CAP que passent les élèves en première pro : "en 2012 , 78 % des élèves candidats au BEP et 88% des élèves candidats au CAP sous forme de certification intermédiaire ont obtenu le diplôme. Mais ceux qui sortent à ce niveau ont-ils obtenu cette certification ? On peut s’interroger. Et en outre, pour ceux qui l’ont obtenue, à quoi leur sert-elle ? Il conviendrait que le ministère se dote d’outils permettant d’analyser ces questions."

Et que signifie l'échec au bac pro qui a concerné "presque 40 000 jeunes" en 2013 ? "On ne peut pas se contenter d’une explication par l’augmentation du nombre de candidats. Y a-t-il un décalage entre les acquis des élèves dans le nouveau cursus et les critères d’évaluation ?" Comment "se rapprocher progressivement du taux de réussite antérieur à la réforme pour que la mise en place du nouveau cursus ne soit pas synonyme d’échec pour de nombreux jeunes". En ce qui concerne l'apprentissage, on voit que "le baccalauréat professionnel en trois ans ne décolle pas" et que "le BP [brevet professionnel] confirme sa place".

Une logique nouvelle

Le rapport propose plusieurs pistes d'amélioration. Il demande qu'on explicite et qu'on accompagne mieux "la logique nouvelle de construction des parcours" qu'induit la réforme. "Elle provoque en effet des tensions auxquelles il faut apporter des réponses pour que les acteurs et notamment les enseignants puissent y faire face". Les parcours des élèves doivent être moins linéaires, plus individualisés. L'inspection propose aussi de favoriser le parcours CAP-bac pro avec un passage en première professionnelle, mais avec un suivi. "Il serait en effet regrettable de découvrir au bout de deux ou trois ans que ces élèves ont rencontré des difficultés majeures d’adaptation qui les ont mis en échec".

Elle préconise aussi de "favoriser la complémentarité et les parcours mixtes avec l’apprentissage" et de mieux connaître les objectifs que se fixent les CFA pour les formations au baccalauréat professionnel en trois ans. Il faudrait encore "concevoir les passages entre voie professionnelle et voie technologique selon une véritable logique de parcours" et "accompagner et sécuriser les parcours des bacheliers professionnels accueillis dans des formations autres que les STS", un point qui occupe une bonne part du rapport et que nous n'avons pas traité ici. Au total, le rapport propose de réaffirmer que "la finalité de la voie professionnelle reste l’insertion professionnelle à partir de la construction d’un projet qui peut amener certains jeunes à poursuivre leur formation dans le supérieur".

Le rapport "Les parcours des élèves de la voie professionnelle, Évolutions des parcours depuis la mise en œuvre de la rénovation de la voie professionnelle et nouveaux enjeux" est téléchargeable ici

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