La question du genre, une des problèmatiques des "adolescents pas faciles" (colloque de l'AFAR)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 14 mars 2014.
Le transexualisme est-il un trouble, ou une variante de la normale ? C'est la question que pose Jean Chambry à l'issue du colloque organisé ce 14 mars par l'AFAR sur les "adolescents pas faciles". Le pédopsychiatre était interrogé sur la question du genre, qui a été un des thèmes de la journée. Jean Chambry est revenu sur l'histoire de cette question, partie d'une distinction entre le sexe, une réalité biologique, et le genre, une représentation culturelle. La philosophe américaine, Judith Butler, pose, sans y répondre, la question de savoir si la réalité biologique n'a pas pris plus de place qu'elle n'en occupe réellement. Le mouvement "transgenre" va plus loin, en affirmant qu'il n'y a pas de réelle différence biologique. Pour le thérapeute jusqu'à présent, lorsqu'un adolescent était "traversé par ces questions", il s'agissait évidemment d'un symptôme dont il convenait de trouver le sens pour l'aider à en sortir. Mais que faire lorsque l'adolescent consulte pour "s'accepter ainsi" et non pas pour changer? Le médecin doit alors se poser la question de la normalité.
Il intervenait en présence de la productrice du film américain "Boys don't cry", Christine Vachon. Le personnage principal, Teena Brandon, part vivre dans une petite ville du Nebraska où elle veut être reconnue comme un homme. Elle est finalement lynchée après avoir été violée.
Autre pédopsychiatre, Ionna Atger, chef de service à la clinique Dupré (Sceaux), a pu affirmer que "les soins, ça marche". A preuve, un taux de réussite au bac de 90 % contre 15 % au lycée autogéré de Paris, "alors que nous avons les mêmes publics". Elle a insisté sur ces "objets complexes" que sont ces adolescents, et donc la nécessité d'une pensée complexe et d'une approche plurielle.
Thierry Baubet, qui travaille à l'hôpital Avicenne de Bobigny, a pour sa part souligné la difficulté de travailler avec les "mineurs étrangers isolés", mais il préfère parler de "mineurs isolés étrangers".
Les interventions seront sur le site l'AFAR (ici) au mois de mai. Le programme ici