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L. Frajerman revient sur le maintien de l'unité de la FEN à l'époque des scissions syndicales et de la guerre froide

Paru dans Scolaire le vendredi 07 mars 2014.
Mots clés : Frajerman, FEN, FSU

La question du maintien d'un syndicalisme enseignant unifié au moment où le mouvement ouvrier se scinde en deux confédérations (CGT et CGT-FO) occupe évidemment le centre de l'ouvrage que Laurent Frajerman, chercheur à l'Institut de recherches de la FSU, vient de publier aux éditions Syllepse. Mais s'il couvre la période 1944 à 1958, l'ouvrage porte aussi de nombreuses appréciations sur le syndicalisme enseignant et sur l'ex-courant "unitaire" de la FEN qui peuvent aider à comprendre l'actuelle FSU.

L'auteur propose de nombreuses pistes pour expliquer le "miracle de la préservation de l'unité de la FEN". Il évoque les "moeurs du SNI (syndicat national des instituteurs) (...) [qui] dispose d'une structure unique" et qui "exerce son hégémonie sur un modèle professionnel uni, en confortant l'unité du corps par son action homogénéisante" mais il évoque aussi, et peut-être surtout, l'action des "frères ennemis", les majoritaires souvent socialisants et les minoritaires "unitaires" qui sont sous l'influence du PCF, au moment où fait rage, de 1948 à 1952, le "combat frontal de la FEN-CGT" contre "la citadelle autonome", la FEN. Des "vignettes" et des portraits de certains protagonistes parsèment ce livre et montrent des personnalités qui n'ont jamais franchi le Rubicon; ils étaient, estiment l'auteur, des syndicalistes avant toute autre considération. Il est vrai aussi, et L. Frajerman le rappelle, que la masse des adhérents pouvait tempérer certaines ardeurs partisanes : deux référendums confortent l'unité organique avec droit de tendances.

L'auteur nous conduit ensuite jusqu'en 1958 et la modification des rapports au sein du monde enseignant comme au sein de la FEN du fait de "la massification et de l'unification du système". Mais le général De Gaulle "conteste le partenariat que le syndicalisme enseignant entretient avec le ministère de l'Education nationale depuis les années 1920. Le lobbying parlementaire, dans lequel la FEN excellait, devient également moins important." Et si la FEN assiste en "position impuissante" aux réformes gaulliennes, c'est notamment dû à la "divergence entre les cultures professionnelles des instituteurs et des professeurs" [du second degré]. La FEN "se contente de modérer les antagonismes et de favoriser des compromis ponctuels".

Le courant "unitaire" est le "produit d'une culture militante qui s'est adaptée à une autre culture, le syndicalisme enseignant". Minoritaire, il est " conduit à des expériences diverses pour trouver sa voie... il en résulte une certaine souplesse (...). Il agit comme un courant à vocation majoritaire, apte à diriger les syndicats enseignants sans bouleverser leur fonctionnement." L'historien poursuivra peut-être ce travail jusqu'à la création de la FSU, mais l'ouvrage donne déjà des éléments pour décrypter la suite.

"Les Frères ennemis, la Fédération de l'Education nationale et son courant unitaire sous la 4e République", Laurent Frajerman, éditions Syllepse, 28 euros.

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