Terra Nova souhaite une fusion des corps des professeurs des écoles et des professeurs certifiés pour une " Ecole commune"
Paru dans Scolaire le jeudi 06 mars 2014.
L’école française est devenue "une école oligarchique de masse" et la "rupture cognitive, pédagogique et éducative" que représente le passage de l’école primaire au collège serait à l’origine de l’échec scolaire et des sorties sans diplôme de la formation initiale dont Terra nova chiffre le coût à 24 milliards d’euros par an. Le think tank présentait hier 6 mars, les propositions de son groupe d'experts* "Pour une école commune du cours préparatoire à la troisième, un pas supplémentaire vers la démocratisation".
Au passage, le choix du gouvernement de consacrer près de la moitié des 50 000 postes créés sur le quinquennat au statut de fonctionnaire stagiaire pour les étudiants de master est égratigné et jugé "sans efficacité sur l'amélioration du système éducatif, il réduit considérablement les marges budgétaires, alors que la formation continue, aujourd'hui réduite à peau de chagrin, concerne potentiellement plus de 700 000 enseignants".
6 % de la masse salariale pour la formation continue
Il conviendrait donc de "dégager les marges de manœuvre budgétaires permettant de lancer un vaste plan pluriannuel de formation et d’accompagnement professionnel des professeurs enseignant en école et en collège, et de mobiliser à terme 6% de la masse salariale de ces personnels". Mais il faudrait aussi, "dans la prochaine loi de décentralisation, confier la responsabilité des écoles et du collège à la même collectivité". Autre proposition : donner davantage de pouvoir et de responsabilité aux équipes enseignantes et la possibilité d'élaborer des "plans d’études" pour les élèves intégrant aussi bien les contenus enseignés que l'évaluation des élèves.
Mais "l"Ecole commune" portée par le think tank est peut-être et avant tout le produit d'un constat. "Face à un héritage comparable d’un enseignement primaire de masse centré sur l’acquisition de compétences et de savoirs fondamentaux, suivi d’un enseignement secondaire organisé par disciplines universitaires disjointes, une majorité de pays européens a entrepris avec succès de fusionner ou de rapprocher ses établissements primaires et secondaires inférieurs, et d’instaurer une plus grande continuité dans les contenus et les démarches pédagogiques, avec dans l’ensemble des résultats probants." A la fusion pure et simple, Terra nova préfère la multiplication des réseaux, à l'image du réseau expérimental d'écoles et de collèges de Toulon ou encore de celui de Trappes (collège Gagarine et ses écoles).
L'utilisation de toutes les compétences
En revanche, la fusions des corps de professeur des écoles et de professeur certifié favoriserait la mobilité professionnelle et "l’utilisation de toutes les compétences sur l’ensemble école-collège", et elle permettrait d'éviter la rupture entre le premier et le second degré. Elle aurait aussi l'avantage d' "écarter la crainte du SNES de re-création d'un corps de professeur de collège". Cette fusion pourrait de plus favoriser "l'harmonisation des recrutements, en privilégiant le niveau académique, et le rapprochement des formations", et elle permettrait de "définir les obligations professionnelles par niveau d'enseignement et non par corps". Pour y parvenir, Terra Nova propose une formation pédagogique commune dans les ESPE, des stages de formation continue conjoints ou un travail commun sur le cycle 3 (CM1-CM2-Sixième).
Pour "faire réussir les élèves qui aujourd’hui échouent dans leur scolarité obligatoire et qui sont presque exclusivement, en France, issus des classes sociales défavorisées", le think tank propose également de "favoriser une mixité sociale et scolaire accrue des établissements et des classes" et de "promouvoir une pédagogie de l’hétérogénéité centrée sur le traitement de la difficulté scolaire au sein des classes, la coopération et l’aide mutuelle entre élèves", des préconisations déjà présentes cette fois dans le projet 2012 de Terra nova qui avait pour rrédacteurs François Dubet et Ismaël Ferhat.
*Jean-Pierre Obin, Claire Krepper, Caroline Veltcheff, Gilles Langlois, Roger-François Gauthier, Julien Maraval, Jean-Michel Zakhartchouk
Le site de Terra nova ici