L'enseignement catholique entend contribuer à la refondation du collège
Paru dans Scolaire le jeudi 06 mars 2014.
Le secrétaire général de l'enseignement catholique a présenté hier, 5 mars, à Vincent Peillon l'ouvrage que le SGEC vient de publier, "un souffle nouveau pour le collège", et le ministre de l'Education nationale a paru "intéressé", indique Pascal Balmand à la presse, ce 6 mars. Militant pour une "école inclusive", et considérant que le socle commun constitue un levier de transformation, il estime que si la perception qu'a l'opinion publique du collège est souvent négative, "il faut voir ce qui est positif", et "ne pas redouter l'hétérogénéité" qui est "un gage d'enrichissement" pour tous. Il défend l'école de "tous les talents" et refuse les filières sélectives comme les classes de niveau. Benoit Skouratko, qui a coordonné l'ouvrage, ajoute qu'il faudrait "accuser les pratiques" plutôt que le collège unique.
C'est que le collège apparaît comme "le lieu des apprentissages disciplinaires" plutôt que comme "un lieu de formation" pour des individus qui arrivent avec des acquis très différents, et qui vont connaître en quatre ans une "évolution considérable", passant de l'enfance à l'adolescence, leurs rapports à leur corps, à leurs émotions, à l'autorité, à la loi, étant bousculés. Et le secrétaire général d'insister sur "la dimension éducative cruciale" du collège, ce qui passe par la reconnaissance "des intelligences multiples", de "profils cognitifs différents", et par les pédagogies collaboratives, comme la pédagogie institutionnelle, et par les pédagogies du projet, qui donnent "du sens".
Comment faire ? "La porte du changement s'ouvre de l'intérieur", estime P. Balmand qui "fai[t] confiance aux personnels et aux chefs d'établissement". il veut "libérer les libertés", "encourager la créativité des équipes". Il évoque donc peu les questions d'organisation, qu'il laisse aux initiatives locales, même s'il évoque la possibilité, avec la mise en oeuvre des cycles, de passer dans la classe supérieure dans une discipline et pas dans une autre, ou de revoir, sans attendre une réforme, les rythmes scolaires, avec des séquences de 50 minutes par exemple. Il définit davantage un état d'esprit.
L'ouvrage réunit les contributions de 29 auteurs, et tous ne sont pas liés à l'enseignement catholique. C'est notamment le cas de Michel Develay (Lyon-II), d'Olivier Rey (IFE) et de Jean-Michel Zakhartchouk (CRAP-Cahiers pédagogiques). C'est que, explique P. Balmand, "les chrétiens n'ont aucun monopole" en matière de "valeurs humaines", de reconnaissance des richesses des individus, de "priorité donnée à la personne", même si elles constituent pour eux "une ardente obligation". Bruno Magliulo, inspecteur d'académie honoraire qui a, lui aussi participé à l'ouvrage sans avoir de liens avec le SGEC, estime que tous apportent leur contribution à l'Ecole de la République. A noter qu'il pense que les réflexions en cours au ministère sur le redoublement en fin de 3ème pourraient conduire à la constitution d'un palier d'orientation "3ème-seconde", ce qui amènerait à repousser d'un an l'orientation en lycée professionnel.
"Un souffle nouveau pour le collège, 175 pages, 15 euros.